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Colossal statue head of pharaoh Ramesses III, from Karnak, temple of Mut. Made of red granite, dynasty 20, circa 1182-1151 B.C. Possibly a usurped work from the time of Tutankhamun or one of his immediate successors. Now residing in the Museum of Fine Arts, Boston (Photo by Keith Schengili-Roberts) |
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Ramsès III (Ramsès Ousermaâtrê-Méryamon : né de Râ, la justice de Rê est puissante, apprécié d'Amon) est le dernier grand souverain du Nouvel Empire. Pendant son règne, qui dure un peu plus de trente ans, le souverain ne cesse pas de lutter contre la corruption qui gangrène le pays ; il doit également repousser les peuples de la mer, des envahisseurs coalisés.
Ramsès III a régné de -1186 à -1154, après un règne que les chroniques (papyrus Harris) indiquent avoir duré 31 ans et 41 jours.
Invasions et œuvre architecturale
L'Égypte fut souvent menacée au cours de la période du règne de Ramsès III par des forces extérieures. D'une part, par les incursions répétées de tribus libyennes, puis à l'Est par les peuples de la mer, dont le pharaon arrêtera par deux fois les vagues dévastatrices. Leur flotte fut anéantie par des forces navales et terrestres à l’entrée d’un bras du Nil. Ce haut fait est relaté sur les murs de son temple de Médinet Habou. Les conflits vont durer pendant presque onze ans, souvent remportés par Ramsès III. Selon plusieurs égyptologues, dont Nicolas Grimal, le souverain mena deux guerres à l'ouest du delta contre des troupes d'une coalition libyenne : les Libous et lesMechouech, en l'an 5/6 et fin de l'an 11.
Ramsès III poursuivit l’œuvre architecturale monumentale de Ramsès II. Preuve de son importante activité, il fit construire son temple funéraire de Médinet Habou et à Karnak un autre temple consacré au dieu Khonsou et à la déesse Mout, mais on trouve aussi des bâtiments, entre autres, à Abydos, Athribis, Héliopolis, Louxor, etc ..., ainsi qu'en Cisjordanie. La plus célèbre construction étant bien sur l'impressionnant temple des millions d'années de Médinet Habou, qui ne fut complètement terminé qu'après le décès du souverain. Il servit à la fois de lieu de culte pour Amon-Rê et pour le pharaon. Là sont enterrés les membres de la cosmogonie hermopolitaine, selon la légende, et ils reçurent un culte jusqu'à l'arrivée des Romains. |
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Ramsès III représenté sur une fresque dans la tombe de son fils Amonherkhépeshef dans la vallée des reines (dp). |
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Fin de règne et tentative de coup d’État
La fin du règne de Ramsès III est marquée par deux événements majeurs : les grèves des artisans de l'« Institution de la Tombe » àDeir el-Médineh accusant l'administration de retards chroniques dans le ravitaillement, charge de l'État en paiement des travaux exclusivement destinés à l'aménagement des sépultures royales, et le déclenchement d'une cabale de palais, la conspiration dite du harem.
Selon Pierre Grandet, ses instigateurs profitèrent vraisemblablement de l'annonce imminente de la mort du roi pour passer à l'acte. Il s'agissait de remplacer l'héritier légitime du trône, le prince Ramsès alors âgé de plus de 45 ans, par l'un de ses demi-frères, Pentaour, soutenu par sa mère, la reine Tiyi qui avait su rallier à sa cause un très grand nombre de hauts fonctionnaires et gradés de l'armée.
L'affaire, ébruitée, finit par attirer l'attention du prince Ramsès qui, l'expérience et les appuis militaires aidant, réussit à faire traduire les principaux instigateurs devant un tribunal d'exception : quarante personnes dont des prêtres accusés d'avoir eu recours à la magie noire pour parvenir à leurs fins. Trois des douze juges mandatés pour procéder à l'examen des actes d'accusation se laissèrent corrompre et vinrent grossir le nombre des prévenus.
Le papyrus judiciaire de Turin qui relate le déroulement du procès et de ses rebondissements dresse plusieurs listes d'accusés. Ceux de la première voient leurs noms transformés pour les vouer à la déchéance éternelle, ils seront exécutés (sans que l'on sache précisément comment, le texte se contentant d'utiliser la formule « leur peine est venue vers eux »). Ceux de la seconde, du fait de leur proximité avec la fonction royale, Pentaour le premier, sont condamnés au suicide par empoisonnement. Les juges corrompus subissent des mutilations, oreilles et nez. L'un d'eux se suicide à la suite de cette peine infamante.
En ce qui concerne la reine Tiyi et les proches de la famille royale, les sources disponibles ne donnent aucune précision quant à leur sort. Il est fort possible que leur position dans la hiérarchie ainsi que leurs fonctions sacerdotales les aient définitivement mis à l'abri de la peine capitale. Ayant réglé la succession de son père défunt et légitimé son accession en présidant aux cérémonies funéraires,Ramsès IV put désormais débuter son propre règne qui dura six années.
Le procès des conjurés est retracé dans le papyrus dit judiciaire de Turin, dont le principal des trois fragments qui le composent est conservé au musée égyptologique de Turin. Il est également corroboré par une série de fragments, les papyri Lee, Rollin, Varzy et Rifaud.
Selon les dernières recherches par IRM sur le corps du défunt, Ramsès III serait mort la gorge tranchée jusqu'aux vertèbres cervicales, laissant penser qu'il est mort assassiné durant la tentative de coup d'État, bien que ce dernier ait finalement échoué. C'est donc son successeur Ramsès IV qui aurait été chargé de veiller à la bonne marche du procès des conjurés. |
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Sarcophage de Ramsès III conservé au musée du Louvre (Sarcophagus box of Ramesses III) dp.
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Sépulture
Ramsès III mourut dans sa 65e année, selon beaucoup de spécialistes, comme Edward Frank Wente, Charles Cornell Van Siclen,Alexander John Peden et Rolf Krauss, le 15e jour du 3e mois de la saison Shemou, et devait être enterré dans son tombeau, KV3 dans la vallée des rois, mais finalement il fut enterré dans le tombeau KV11 prévu au départ pour Sethnakht. Le tombeau fut cartographié pour la première fois en 1737-1738 par Richard Pococke, puis par James Bruce en 1769, puis par James Burton et Robert Hay en 1825. Les premières fouilles seront faites par Giovanni Battista Belzoni en 1816 et 1819. Sa tombe est d'une finesse absolue. Les scènes sont fidèles à l'art égyptien. |
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Bibliographie
- Friedrich Abitz, Ramses III. in den Gräbern seiner Söhne, Orbis Biblicus et Orientalis 72, Universitätsverlag, Freiburg, 1986.
- Paul Barguet, Un complot contre Ramsès III, d'après le papyrus N°1875 de Turin, les papyri Lee I et II, et le papyrus Rollin, Centre culturel de l'Ordre de la Rose-croix, Paris, 1989.
- Eric H.Cline et David O'Connor, Ramesses III: The life and times of Egypt's last hero, University of Michigan Press, Ann Arbor, 2012.
- Pierre Grandet, Ramsès III. Histoire d'un règne, Paris, Pygmalion, 1993
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