Le chien, le chat et le rat
Author/auteur: NANITELAMIO KANGOU (Congo Brazzaville)
Le chien, le chat et le rat.
Le chien, le chat et le rat étaient des amis.
Ils étaient de vrais amis.
Ils étaient toujours ensemble; jamais on ne pouvait voir l'un sans les autres.
Mais chaque fois qu'il rentrait de son commerce,l'ami rat trouvait ses petits de moins; il en pleurait longtemps et allait en parler à ses amis qui compatissaient eux aussi à sa douleur puis ils allaient tous les trois à la recherche des enfants.
Un matin, alors que l'ami rat se trouvait encore à son commerce, l'ami chien passant son chemin, aperçut soudain dans sa maison l'ami chat.
"Mais que fait-il là?" Se demanda curieusement l'ami chien.
Puis il s'approcha et vit avec surprise que l'ami chat se livrait à un grand festin.
"Espèce de salaud! Tu vas nous le payer!" S'écria furieusement l'ami chien en se jetant sur lui.
Celui-ci sursauta et se retourna puis voyant l'ami chien, prit aussitôt la fuite, pendant que ce dernier se mettait à sa poursuite.
Puis l'ami chien rejoignit les petits qu'il garda jusqu'à l'arrivée de l'ami rat, craignant que l'ami chat, alleché, ne retourne à son festin.
Bientôt l'ami rat arriva puis voyant l'ami chien, dit avec surprise:
" ça fait longtemps que tu es là?
_oui, dit l'ami chien, et tu devrais plutôt me remercier d'être là.
_Ah oui! Et pourquoi?
_Parce que tu n'y trouverais aucun de tes enfants.
_Quoi! Et où seraient-ils passés?
_Dans la gueule de l'ami chat.
_Quoi! Mais c'est impossible!
_Et pourtant; suis-moi."
L'ami chien le conduisit derrière la maison où l'ami chat cachait les ossements de ses enfants qu'il mangeait.
"Quel malheur!" S'écria-t-il en s'éclatant en sanglots.
Mais l'ami rat n'en croyait toujours pas ses yeux.
Il alla alors voir l'ami chat et lui dit:
"Est-ce vrai que tu aurais mangé mes enfants?
_C'est lui qui t'aurait informé, n'est-ce pas? Quel con! Il aurait mieux fait de partager mon régal! Eh bien, il a raison, dit d'un air ironique l'ami chat.
_ Quoi! Toi, mon meilleur ami, mon frère, tu m'as fait une chose pareille?
_ Mais et alors? D'ailleurs toi aussi je te mangerai comme tes enfants, dit l'ami chat en sautant sur lui.
Mais aussitôt l'ami rat s'enfuit puis il se mit à ses trousses.
Et depuis le chien poursuit le chat pour venger les ratons et le chat le rat pour le manger comme ses enfants.
Titre de la nouvelle: L'arrêstation
Chaque soir, j'allais passer mon temps chez Christian, mon voisin et ami.
J'y restais quelquefois même jusqu'à tard dans la soirée, comme nous regardions la télévision et que nos maisons avoisinaient.
Tard une nuit,je rentrai chez moi puis je rencontrai soudain au croisement du chemin une patrouille de police qui convoyait une file de captifs.
Brusquement j'eus peur.
C'était la première fois que j'allais être arrêté, et puis, je n'avais aucune pièce d'identité sur moi; jamais je ne les portais sur moi; pourquoi devais-je les porter sur moi tout le temps? N'étais-je pas natif du pays? Celui-ci était-il en situation de crise? La guerre n'était-elle pas finie depuis?
" Bonsoir, c'est la police, me dit brusquement un agent de police venu à ma rencontre; puis-je voir vos papiers?
_Je ne les ai pas avec moi, lui dis-je, d'ailleurs, je vis non loin d'ici.
_Alors intégrez le rang, me dit-il simplement.
_Mais..., protestai-je.
_Vous parlez trop français, me dit brusquement son collègue qui nous rejoignait,faites ce qu'il dit".
Celui-ci était jeune, petit et mince, il avait l'air soldatesque; il portait un treillis qui lui moulait le corps; il était leur chef et se faisait appeler "sergent".
" Quels cons!" Me dis-je furieusement en rejoignant le rang sur lequel je me penchai pour espérer y reconnaître un ami mais en vain.
Nous étions six; eux aussi.
Deux d'entre eux armés nous suivaient; deux autres nous côtoyaient et les deux derniers, leur chef et l'éclaireur, nous précédaient.
" Tenez-vous par derrière," nous cria le guide.
Puis il ordonna de partir.
Il était jeune, grand et mince et il avait le teint clair; il portait lui aussi un uniforme; il nous reprochait de nous moquer des soldats qu'il trouvait aussi élégants et aussi considérables que nous, surtout à une adolescente qui me suivait, d'être sortie avec un homme qui l'abandonnait entre leurs mains, s'étant enfui; et malgré l'interdiction de son supérieur, il se plaisait à flageller mes amis avec son ceinturon, surtout celui qui parlait leur patois, espérant ainsi être relaché.
Soudain j'eus peur.
N'allaient-ils pas nous traîner dans des seringues contaminées et dans l'urine, comme je connaissais leur mauvaise foi?
Mais je me calmai,croyant qu'ils allaient enfin nous relacher puisque rien ne nous était reproché.
Nous prîmes un chemin silencieux et sombre, jonché d'ordures et de vidanges fécales puis bientôt rencontrâmes soudain un homme jeune, grand et mince, mal vêtu et originaire de l'autre rive du Congo; il portait sur sa tête un grand plat garni de cacahouettes qu'il vendait à la sauvette, sur lequel nos bourreaux se ruèrent aussitôt.
"Prenez le mur puis tournez-vous, nous ordonna brusquement le guide, ce sont leurs affaires et non pas les vôtres."
Puis nous repartîmes puis croisâmes bientôt une coquette jeune femme que le guide plaça devant moi et qu'il me demanda de tenir par derrière.
"Non sinon je t'enfermerai en arrivant au poste, s'opposa le chef, me menaçant; viens avec moi."
Et en contournant la grand-route, nous arrivâmes bientôt au poste de sécurité public qui était un immense complexe qui, avant la guerre, servait de caisse de sécurité sociale, lequel quatre agents armés gardaient, assis à l'entrée, sur la grand-rue.
Nous eûmes accès au vaste hall dévasté, éclairé à la bougie et garni de banquettes sur lesquelles le chef nous demanda de nous asseoir, en s'installant lourdement lui-même à un bureau placé devant nous, ayant ôté son béret; puis ayant ouvert un registre et s'étant emparé d'un papier, il se mit à relever nos identités.
"Quelqu'un aurait-il trois mille cinq cents francs?" Nous demanda-t-il.
Personne n'eut la somme mais certains qui eurent moins le versèrent et partirent.
"Otez vos ceintures et déclarez tout ce que vous portez sur vous", nous demanda-t-il avant de nous faire enfermer.
Mais l'un d'entre nous s'opposa.
Il était jeune, grand et fort et avait le teint éclairé par des usages pharmaceutiques; il était vêtu avec soin et venait de l'autre côté du fleuve Congo; il portait sur lui des amulettes et des papiers d'un soldat du pays, ce qui nous plongea tous dans un grand étonnement.
"Je dis que j'ai combattu pendant la guerre, expliqua-t-il aux policiers, permettez que j'appelle le général Alima qui était mon chef de guerre."
Nous n'étions plus que trois à aller derrière les barreaux constitués d'une petite pièce sentant la cigarette et l'urine sur laquelle,d'ailleurs, je marchai tristement par inadvertance, ouverte sur le hall et garnie de lavabos sur lesquels deux jeunes détenus originaires de l'autre rive du Congo, couchaient.
Soudain leur supérieur apparut et nous dit:"Je pars à l'instant; auriez-vous un dernier mot à dire?"
Personne ne répondit puis il s'en alla avec la coquette.
Puis un permanent arriva bientôt et nous demanda:" Commbien êtes-vous?
_Trois," répondit un ami portant à sa main des gâteaux achetés à son arrêstation, lesquels il lui ravit brusquement; il en avala un et dit en nous demandant de nous souvenir de lui:" Vous êtes libres."
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