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ÉLISEZ LA MEILLEURE NOUVELLE DU MOIS (JUILLET 2007)
ELECT THE BEST NOVEL/SHORT STORY OF THE MONTH
KIES DE BESTE ROMAN OF HET BESTE VERHAAL VAN DE MAAND
 
NOUVELLE/ROMAN 1
(Kort verhaal , nouvelle, short story)
 

Dilemme
Auteur: Fatoumata Kane Ki-zerbo (Sénegal/Burkina Faso)

DILEMME

Nafissa était au milieu de la cour, entourée
par une bonne dizaine de femmes, toutes bien
occupées à nouer savamment les sachets de
beignets que leur coopérative vendait
quotidiennement dans les magasins
d’alimentation de la ville.
Le domicile de Nafissa leur servait de siège et
d’usine ; Tous leurs ustensiles y étaient gardés
dans une dépendance que Nafissa leur louait et
les beignets étaient préparés sur place. Elles ne
gagnaient pas des millions mais leurs revenus
leur permettaient de subvenir utilement à leurs
besoins. De plus, il existait un vrai esprit de
groupe et de solidarité en toutes circonstances.
Elles étaient douze membres, et chacune portait
sa croix à sa façon, mais elles étaient
déterminées à préserver leur gagne-pain.
Chaque jour, ces femmes se retrouvaient en
début d’après-midi au siège et vu la quantité
quotidienne de beignets qu’elles fabriquaient,
elles travaillaient d’arrache pied jusqu’au
crépuscule. L’avantage de cette organisation
était qu’elles disposaient de leur matinée pour
s’occuper de leurs foyers respectifs.
Nafissa était séparée de son époux depuis de
longues années, bientôt huit ans, mais elle
continuait à se faire appeler madame Ngom.
Elle avait trois enfants, deux filles et un garçon
dont elle s’occupait seule. Elle avait loué cette
modeste concession dans un quartier populaire,
deux chambres et un salon plus la dépendance
qu’elle sous louait à la coopérative. La cour
n’était ni dallée ni cimentée mais simplement
tapissée de sable fin. Un grand manguier situé
au milieu de la cour faisait le bonheur de tous.
C’était là que se passait la majeure partie de la
journée.
Nafissa était une brave femme abandonnée
par un homme repu d’elle et qui avait voulu
goûter à d’autres saveurs. Pourtant, tout avait
bien commencé entre Balla et elle. Il l’avait
séduite alors qu’elle était encore en seconde au
lycée, tandis que lui terminait sa licence en
droit. En première, elle s’était retrouvée
enceinte de Balla qui préparait sa maîtrise. Il
avait reconnu la grossesse et la faute fut réparée
par un mariage. Ainsi au moment ou ses
camarades rentraient en terminale, Nafissa
s’était retrouvée mariée et mère d’une petite
fille. Bien qu’elle redoutait quelque chose
d’indéfinissable, une sorte de prémonition, elle
était quand même heureuse d’être mère et se
savait aimée de Balla.
Balla eut un poste au ministère de la justice
mais continua ses études en cours du soir, il
voulait préparer un DEA puis un doctorat en
droit. Nafissa était contente de lui et fière d’être
sa confidente, de partager tous ses projets. Elle
aussi voulait s’inscrire dans une école
professionnelle pour préparer un brevet en
comptabilité. Pleine de tous ces projets, elle se
retrouva à nouveau, enceinte alors que son
aînée n’avait que huit mois. Ils étaient tous les
deux très contrariés mais elle était obligée d’être
brave et de tenir le coup. En effet, elle avait
tenu le coup pendant dix ans, elle s’était
sacrifiée pour son ménage : s’occuper des deux
enfants, de la cuisine, de l’entretien de la
maison. Elle était sur pied du matin au soir, une
cousine était là pour l’aider, il y avait assez de
travail pour deux. Elle pensait qu’il était normal
qu’elle soit une parfaite femme d’intérieur. Les
débuts avaient été difficiles puisque les revenus
de Balla ne suffisaient pas pour joindre les deux
bouts. Qu’à cela ne tienne, elle s’était mise dans
la vente d’eau fraîche. Elle passait une partie de
ses soirées à attacher des sachets d’eau qu’elle
mettait ensuite au réfrigérateur. Le matin, elle
remplissait la glacière et la posait à l’angle de la
rue à côté de la vendeuse de cacahuètes à
l’ombre du grand fromager. Elle arrivait ainsi à
subvenir à certaines petites dépenses.
Petit à petit, Balla s’était détachée d’elle. Elle
sentait qu’ils évoluaient différemment. Balla ne
s’intéressait pas vraiment à sa maisonnée. Il
prétextait toujours trop de travail pour couvrir
ses retours tardifs. Nafissa avait accepté sans se
plaindre. La situation financière de Balla s’était
amélioré au fil des ans, mais aucune
amélioration réelle ne s’était opérée au sein du
foyer. Alors que leur fille aînée venait d’avoir
neuf ans et le garçon sept ans, Nafissa se
retrouva à nouveau, enceinte et ce fut le début
de son calvaire. Balla avait énergiquement
protesté.

Elle l’avait sûrement fait exprès ! Avaient-ils
besoin d’un autre enfant ? Elle voulait le piéger,
comme elle l’avait piégé la première fois, puis la
deuxième fois ! ! ! Quand est-ce qu’elle allait
s’arrêter ? Croyait-elle vraiment qu’il allait
trimer toute sa vie pour l’entretenir ? Pensaitelle
pouvoir rester ainsi toute sa vie sans rien
faire ? Sans rien faire du matin au soir alors que
lui trimait du tout le temps ! Eh bien ! Elle se
trompait, il allait mettre de l’ordre dans tout
cela. Il avait mieux à faire que de pouponner.

D’ailleurs, il en avait marre de vivre avec un
boulet pareil. Il avait un rang de cadre et il avait
une femme qui ne comprenait rien à ses
affaires. ’
Nafissa fut terriblement choquée, mais elle
n’osa pas s’opposer à son mari ni même
protester par rapport aux propos injustes qu’il
venait de tenir. Comment pouvait-il la traiter de
fainéante ? Levée à l’aube, elle s’occupait de lui,
elle lui chauffait l’eau pour le bain, faisait la
table pour son petit déjeuner, lui présentait des
habits propres et bien repassés, cirait ses
chaussures, elle lui évitait tout souci
domestique. Ensuite, elle s’occupait des enfants,
le bain, les habits, le petit déjeuner, elle les
accompagnait à pied à l’école.
Elle revenait superviser le ménage fait par sa
cousine, se chargeait elle-même du ménage de
leur chambre. Elle envoyait sa cousine au
marché mais préparait avec le plus grand soin le
repas, aidait parfois sa cousine à faire la lessive,
car elle s’occupait personnellement du linge de
Balla. A midi, elle allait chercher les enfants à
l’école, supervisait les devoirs l’après-midi.
Souvent lorsque Balla rentrait le soir, les enfants
dormaient déjà et tout était propre et rangé par
la fainéante qui l’attendait patiemment pleine de
bonne volonté, afin qu’il prenne tranquillement
son bain, qu’il dîne à l’aise et qu’il passe une
agréable soirée.
Elle était tellement abasourdie par cet accès
de colère qu’elle en resta sans voix. C’était au
mois de juin et Balla reçut la confirmation du
stage de six mois qu’il devait suivre en Europe.
Il devait partir en août et elle se disait que cette
séparation serait peut être salvatrice pour leur
couple. Comme à l’accoutumée, elle s’occupa
de tout, fit ses valises avec amour. Tout avait
été lavé, repassé avec soin. Balla semblait plus
détendu, six mois c’était long, mais non
seulement Balla en avait besoin mais elle aussi
voulait faire le point et elle pensait qu’au retour
de son époux, les choses iraient bien mieux.
Au début, elle reçut une lettre, l’unique, dans
laquelle il lui disait qu’il était bien arrivé et bien
installé. Comme promis, il lui enverrait l’argent
du mois par l’intermédiaire de son frère aîné.
Deux mois, trois mois passèrent, l’argent
arrivait mais point de nouvelles. Elle
commençait à s’inquiéter de ce silence. Il lui
avait laissé une adresse mais aucun numéro de
téléphone. Elle posa des questions à son beaufrère
qui ne semblait pas en savoir davantage, il
recevait le mandat mensuel mais n’avait pas de
nouvelles. Elle finit par avoir l’adresse exacte de
son lieu de stage. Il a fallu faire plusieurs
tentatives avant de l’avoir au bout du fil. Elle
était à son huitième mois de grossesse. Il
paraissait contrarié et distant. Il lui dit de ne
plus l’appeler à ce numéro et qu’il prendrait luimême
de leurs nouvelles.
Nafissa accoucha d’un garçon et lorsqu’on
voulut avertir Balla, il n’était pas à son lieu de
stage. La famille apprit avec stupéfaction qu’il
avait démissionnée du ministère. Sa lettre de
démission était arrivée avant la fin su stage et
un de ses anciens collaborateurs avait appris
qu’il avait trouvé un emploi intéressant en
Europe.
Une année s’écoula ainsi, puis deux, l’argent
arrivait toujours à la même date, mais pas de
nouvelles. Des rumeurs qu’elle ne voulait pas
croire lui parvenaient. Balla se serait marié à une
occidentale, ils avaient même un enfant. Balla et
elle, avaient célébré leur mariage religieux à la
mosquée, ils se s’étaient pas mariés à la mairie.
Oserait-il épouser une autre à la mairie ?
D’autres rumeurs lui parvinrent, la femme que
Balla avait épousé, avait déjà fait un séjour dans
le pays et Balla savait en partant que la raison
principale de son départ était les retrouvailles
avec cette femme.
Nafissa eut un choc terrible, brusquement
tous les doutes qu’elle avait enfouis en elle,
jaillirent, elle crut devenir folle. Sans travail,
sans diplôme, sans mari, avec trois enfants ; elle
se voyait subir les quolibets des voisins et
connaissances. Jusque là, elle avait pu donner le
change, elle attendait le retour de son mari
comme tant d’autres femmes, cela n’avait rien
de dégradant, bien au contraire, le fait de
recevoir un mandat tous les mois, leur donnait
une certaine aura. Mais maintenant tout était
différent, elle était une femme seule, une femme
abandonnée.
Sa famille fut très présente et l’entoura de
beaucoup d’affection, sa belle-famille incapable
de résoudre le problème se montrait désolée.
L’argent arrivait toujours, mais point de
nouvelles. Au bout de trois ans elle eut
fortuitement son numéro de téléphone par un
promotionnaire de Balla qui avait pu le
rencontrer lors d’un séjour en Europe. Elle prit
son courage à deux mains et appela, une femme
répondit, elle se présenta comme l’épouse de
Balla, l’autre après un moment de silence lui fit
savoir que Balla était bien là mais qu’il ne
voulait pas lui parler mais qu’au cas où elle
aurait un message, elle pourrait passer par elle,
madame Valérie NGOM, pour bien lui faire
comprendre qu’elle était légalement mariée. Elle
lui demanda si elle avait reçu l’argent du mois,
dans un état lamentable Nafissa répondit
affirmativement. L’autre au bout du fil dit avec
prétention, j’envoie moi-même le mandat tous
les mois. Nafissa en avait assez entendu, elle
raccrocha.
Nafissa se mit à détester cette maison où ils
avaient vécu ensemble, où ses enfants étaient
nés. Ce quartier où tout le monde était au
courant de ses déboires. Elle déménagea dans
un autre quartier, sympathisa avec d’autres
femmes et créa ce groupement qui lui
permettait de subvenir à ses besoins. Balla
n’était pas revenu, l’argent arrivait chaque mois.
Les enfants grandissaient et ne connaissaient
pas leur père. Balla n’avait jamais vu le dernier.
Huit ans de séparation, c’était vraiment trop.
Était-elle encore mariée à Balla ? Personne ne
voulait la traiter en divorcée. Balla n’avait dit à
personne qu’il l’avait répudiée et chaque mois il
envoyait de l’argent. Lorsqu’elle se révoltait par
moment et parlait de divorce à sa belle-famille
ou à sa famille, on s’accordait à lui demander
d’attendre. Elle avait trente- quatre ans, elle était
mariée à un homme qui l’avait quittée depuis
huit ans. Elle ne savait pas quel était son statut
matrimonial, on lui demandait d’attendre
sagement un homme qui ne l’aimait plus mais
qui lui envoyait tout de même de l’argent
chaque mois, comme si c’était cela le plus
important, comme si c’était pour cela qu’elle
l’avait épousé. L’argent était devenu le lien de leur union virtuelle.

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"Special prize (June 2007)" . This short story will be published in an anthology.

 

 

 
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