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ELECT THE BEST NOVEL/SHORT STORY OF THE MONTH
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NOUVELLE/ROMAN 14
 

Harcèlement fatal
Auteur : SAINTOT Thierry (France)

Mathilde quitte son meublé de Montrouge. Elle se rend à son travail, avec le bus de la ligne 68. Elle travaille depuis cinq mois déjà au siège d?une grande banque, boulevard Raspail. Il est 8h et la jeune femme noie ses pensées dans les gouttelettes éparses qui miroitent sur les vitres sales. Mathilde n?a encore quasiment pas dormi de la nuit. Elle ferme ses yeux rougis, elle souffle son malaise, elle en a assez?

Dans vingt minutes je retrouve mon bureau et mes dossiers, les appels incessants des clients qui ne comprennent rien ni à la bourse ni aux placements, les rendez-vous, et puis, à neuf heures précises, l?autre va débarquer dans mon bureau, comme d?hab.
Mathilde a tout juste vingt-huit ans. La jeune femme est brune, ni jolie, ni laide. Son regard gris et franc lui donne cependant un charme étrange. Native de Montélimar, elle doit tenir ce poste pendant un an, afin de pouvoir gravir encore quelques échelons. Ensuite elle postulera pour être conseiller financier dans sa région. Elle a mis de côté sa vie sentimentale depuis sa déception, avec Marc. Cet imbécile s?est fait jeter en prison pour six mois fermes. Attiré par l?argent facile, il a vendu des informations confidentielles à une boite d?informatique concurrente à la sienne. Pourtant la photo du couple enlacé trône toujours sur la table de nuit, dans son cadre aluminium, comme une plaie exsangue. Elle aimerait maintenant le revoir, le retrouver même, et lui raconter enfin ce qu?elle endure au bureau. Le directeur commercial de la banque ne la lâche pas. L?homme n?a pas supporté les refus de Mathilde qui a du repousser des avances incessantes. Le directeur éconduit n?a pas admis son échec et harcèle la jeune femme de plus belle. Antoine Valiere, quarante quatre ans, est directeur commercial au siége de la BIE. Il est de ces hommes, sûr de lui, enveloppé d?un narcissisme gras et suffisant de macho arriviste, ébloui par son semblant de pouvoir. Il tente de se débarrasser de la jeune femme par tous les moyens. Coucher ou partir, en quelque sorte.
8h 30. Mathilde s?installe, un café aux saveurs de quai de gare fume sur son bureau. Elle trie son courrier et consulte ses messages électroniques. Elle baille et s?étire en se demandant ce que lui réserve Valiere aujourd?hui. Le week-end prochain je vais descendre à Montélimar embrasser maman et papa et puis j?irais peut-être voir Marc. Je voudrais savoir où il en est, ce qu?il compte faire à sa sortie, dans un mois, et si nous deux? 9h 01. Valiere entre dans mon bureau, sans frapper, comme à son habitude. Il a l??il inquisiteur. Je n?aime pas ça. Bras de chemise jaune canari, cravate à raquettes de tennis, pantalon en tweed clair. Il s?approche de moi le sourire pincé derrière ses lèvres de débile. Il ne dit rien. Ce mec est taré. Il contourne mon bureau et se place dans mon dos. Il se baisse doucement vers moi, je sens sa respiration dans mes cheveux, il pose sa main sur mon épaule droite, la chaleur de son souffle fait frémir mon oreille, il me chuchote.
 Alors Mat chérie, bien dormie petite pute ?
Je ferme les yeux, je repousse sa main de mon épaule, ma mâchoire se crispe. Je ne réponds pas. Sa main quitte mon épaule et se perd dans mes cheveux. J?essaie de me lever de ma chaise, il m?en empêche fermement. Je tente de me défendre.
 Laissez-moi, ça suffit.
 J?ai vraiment hâte de te voir à poil toi, tu dois être bien roulée.
 Je vous en prie, encore une fois, laissez moi tranquille, je n?en peux plus.
Valiere se place alors face à moi, il prend appui de ses deux mains sur mon bureau. La proéminence qui marque sa braguette de tweed ne peut tromper.
 Ma chérie, tu n?as pas l?air de me comprendre. Dans sept mois tu retournes dans ta banque à nougats, avec une promo ou? Rien ! Tu aurais bien tort de te priver de cette opportunité. Si tu es gentille, tu as tout à gagner, tu le sais. Réfléchis bien poulette.
Il s?en va en m?adressant un baiser virtuel, il est 9h 10, je suis épuisée, j?ai peur. C?est ainsi chaque matin, avec évidemment des variantes, sordides et puantes. Il repasse ensuite à 13h, et m?invite systématiquement à déjeuner. Je refuse chaque jour, il sourit et m?adresse un de ses gestes dégeulasse. Un soir il a suivi mon bus avec sa grosse limousine. Puis il a sonné chez moi. Je suis resté dans le noir toute la soirée et toute la nuit à trembler de trouille. Maintenant, le gardien ferme à clé le porche d?entrée. Et puis il m?envoie des tonnes de dossiers à traiter pour me faire craquer, où des clients compliqués à gérer. Ce Valiere est une ordure. Les autres filles du service sont au courant qu?il me harcèle. Mais elles sont soumises et aphones, coincées entre les crédits, les enfants, et le chantage à l?emploi que leur fait subir le chef. J?ai beau réfléchir et refuser l?inacceptable, je ne trouve pas de solution. Je vais prendre des calmants, il faut que je me pose, que je dorme.
J?ai somnolé durant tout le voyage, enveloppée dans la douceur chimique que m?offrent mes comprimés de Lexomil, et bercée par les ondulations du TGV. Un taxi me dépose à la maison d?arrêt d?Avignon. Les bâtiments sont vétustes et sales, Marc m?attend au parloir. J?éclate en sanglots, je l?aime, il veut vivre avec moi. Je lui dévoile tout. Les avances et la grossièreté de Valiere, ses menaces et ses pelotages, mes anxiolytiques. Il est libéré dans trois semaines il va m?aider, je vais mieux. Mes parents sont adorables, je ne dis rien de mon malaise, un peu de fatigue, c?est tout. Je rentre à Paris, déterminée. Les trois semaines qui suivent sont intenables. Valiere pète les plombs. Il m?a proposé de l?argent pour que je l?accompagne dans sa maison de campagne, dans l?Yonne. Mon refus l?a rendu dingue, il a jeté comme un enragé tous mes dossiers au sol. Il devient violent dans ses menaces. La semaine dernière, lors d?une réunion, le salaud s?est arrangé pour s?asseoir près de moi. Un intervenant présente ses chiffres et ses performances, les rideaux sont tirés pour la projection. L?ignoble glisse sa main sous ma jupe. Je tressaille, je tremble, je repousse sa sale pogne en remuant la cuisse. Rien y fait, ses doigts fouillent dans mes poils, cherchent mon sexe. Je prétexte un malaise soudain pour quitter la salle. Je me réfugie dans mon bureau. Il m?y rejoint et me coince contre une armoire, il soulève ma jupe et me tripote. Je crie, il m?embrasse de force. Le médecin m?a donné un arrêt de travail de huit jours, Marc m?a rejointe dans mon meublé, mon envie de vengeance se dessine, je suis en pleine dépression. Je pleure dans ses bras. Mon amant retrouvé me dorlote, il me rassure, il a un plan, une stratégie diabolique. Il va nous venger. Je dois céder aux avances de Valiere, il va filmer l?abuseur et nous porterons plainte. Le salaud va plonger. Marc est dans mon bureau du boulevard Raspail, il est 9h 05. Un faux rendez vous pour un crédit commercial. Valiere a tourné les talons comme il le fait dès qu?un client est dans mon bureau. Toujours ça de gagné. Marc inplante une caméra sans fil dans un angle du faux plafond, il installe un logiciel sur mon ordinateur.
 Tu cliques là, ton salaud de patron est à nous.
 Marc, je ne peux pas faire ça, c?est impossible.
 Nous en avons assez parlé mon bébé, tu sais bien que c?est la seule solution.
Il s?en va. Je clique. La caméra grand angle filme toute la surface de la pièce. Marc est quand même très fort. Le lendemain matin, il est 8h58, Valiere entre. Je clique. Je porte mon petit tailleur framboise. La jupe est un peu courte, forcément. Son petit jeu commence. Caresse sur la joue, les cheveux. Je ne bronche pas. Il paraît stupéfait. Il tente les seins. Je ne bouge pas. Il ne se sent plus, il me glisse à l?oreille.
 Tu as enfin compris Mat, tu as raison. Je sens que l?on va bien s?entendre.
Il pose ses lèvres sur ma bouche, il fourvoie sa langue, j?ai la nausée. Il soulève ma jupe. Je ferme les yeux. Je pense à Marc. M?aime-t-il vraiment ? Le pervers souffle d?impatience, il me demande de me déshabiller. Je n?ai plus envie de me laisser faire. Tout ça me dégoutte. Je lui réponds d?une moue équivoque afin qu?il se déshabille le premier. Il ôte ses vêtements, fébrile. Son membre est tendu, je ne veux pas me donner à lui. Il s?approche de moi et m?enlève mon slip. Le téléphone sonne, enfin. Il me fait signe de ne pas répondre. Je décroche. Je reconnais la voix de Marc qui demande à parler à Valiere. Valiere est nu, ma culotte à la main, et la caméra tourne. Marc lui parle. Valiere perd instantanément son érection, il est blême. Il s?habille rapidement, me jette un regard d?acier et s?en va. Des larmes d?horreur jaillissent de mes entrailles, Marc a trop attendu pour appeler et j?ai eu peur. Je clique, la caméra stoppe, la scène est bien enregistrée, le CD est gravé. Ce soir nous faisons la fête, nous buvons un peu, nous faisons l?amour. Mais quand porterons-nous plainte ? Marc veut attendre un peu, nous avons le film, Valiere est coincé. Je dois attendre, Marc dit que Valiere va venir me faire des excuses et une proposition. Une semaine passe, je ne vois pas l?obsédé de la semaine. Je respire. J?apprends qu?il est en congé pour une quinzaine. Je préfère, je ne suis pas tranquille. Marc passe ses journées à chercher du travail. Il n?en trouve pas. Ce vendredi je rentre à midi du bureau, une RTT. J?ai oubliée de le dire à Marc. A l?angle de la rue Raspail et de mon arrêt de bus, derrière la vitrine d?un café, Marc et Valiere. Je suis figée. Je me retranche à l?opposé de l?abri bus. Je les observe. La conversation semble tendue. Valiere est prostré et Marc fait des grands gestes. Mon agresseur remet une épaisse enveloppe à Marc. Ils se quittent. Je me cache. Samedi, 10h. Je fais semblant de dormir. Il sort faire des courses. Je fouille dans ses affaires. Son sac de sport, l?enveloppe de Valiere. Tout s?écroule. Marc fait chanter Valiere, il y a là quinze mille euros en espèces. Un râle m?envahit, je vais vomir. Je voudrais mourir. Je fais mon sac, la gare de Lyon grouille de voyageurs, je rentre à Montélimar. J?ai perdu ma dignité, mon boulot et mon mec. Je retombe dans ma boite de Lexomil. J?ai mal. Lundi matin, 9h 30, je téléphone à la BIE. J?invente un problème familial, papa est mort. Je serais de retour la semaine prochaine. 9h 37 Marc décroche, même pas affolé ni inquiet. Je suis chez mes parents, je fais le point. Je le rejoins au meublé la semaine prochaine. Une semaine pour réfléchir, une semaine pour?
Je suis reposée, les idées claires. Il me reste deux mois à travailler dans cette banque pour décrocher ma place de conseiller financier. Largement plus qu?il n?en faut pour me débarrasser de ces deux ordures. Les effacer de ma vie. Je me rend directement à mon bureau au sortir de la gare. Je suis en avance ce lundi matin. A 8h le vigile libère les codes d?accès au bâtiment. Les bureaux sont déserts. Je me faufile chez Valiere. Je ne cherche pas longtemps. Une enveloppe glissée dans son agenda, une photo de lui, nu, le sexe en action, et moi en arrière plan, la jupe retroussée et la culotte aux genoux. Au dos est griffonné le téléphone portable de Marc, des dates, des chiffres. Quinze mille le 17, dix mille le 20, reste quinze mille le 30. Je retourne à mon bureau. Je me connecte sur la base de donnée de la banque et épluche tous les mouvements d?argent ordonnés par Valiere. Je passe des heures ainsi, noyée dans les chiffres, les transferts et les numéros de compte. J?oublie le téléphone, le déjeuner, les pauses. Je retrace peu à peu les manipulations bancaires de Valiere. Mes doutes sont avérés. Ce fumier paie le chantage que lui fait subir Marc, qui ne vaut pas mieux, avec l?argent des clients ! Il détourne habilement des fonds issus de placements effectués par des grosses sociétés. Il est malin, il ne prélève que des sommes inférieures à cinq mille euros, sur des sociétés internationales qui brassent des millions par jour. Le détournement peut à court terme passer inaperçu. Ce ne sera pas le cas. J?imprime mes preuves, prend des notes, je vais monter un dossier. Les retrouvailles avec Marc sont tendues. Il se doute que j?ai compris son petit manége. Il n?a toujours pas de boulot. Je lui fais la gueule. Il sort beaucoup. Il dort sur le canapé, évidement. Valiere a refait surface au siége de la banque. Curieusement, il a frappé avant de pénétrer dans mon bureau. Son visage est marqué, il a maigri, ses cheveux sont gras, il a vraiment une sale tête. L?homme me dévisage, le regard acide. Il se campe devant la porte, en se triturant les mains comme un gamin qui va avouer une bêtise à sa mère. Le harceleur, convaincu jadis de son impunité, ressemble désormais à un adolescent maladroit prit en flagrant délit d?attentat à la pudeur. Je me délecte. Il bredouille.
 Euh ! Mat ; non, je veux dire, euh? Mademoiselle Mathilde, sachez que vous bénéficiez de tout mon soutien concernant vos futures responsabilités à notre agence de Montélimar. Euh ! Voilà, je? Mademoiselle. Ah ! Si ! Je vous propose d?oublier nos petits différents, et, pour vous remercier, une prime exceptionnelle vous sera versée.
Je toise l?horrible bonhomme, écoeurée. Je pense à sa femme, ses gosses, c?est répugnant. Ce pourri doit être enfermé pour ne plus nuire et agresser d?autres pauvres femmes. Il doit tout perdre, jusqu'à sa propre dignité. Je prend la parole, le ton ferme et déterminé.
 Écoutez-moi, j?ai une proposition à vous faire. Comme vous l?avez deviné, Marc, qui vous fait chanter, je suis au courant, n?est pas prêt à vous restituer le film. Le scénario est trop juteux, vous risquez votre boulot, votre famille et votre réputation. Il vous tient et ne cessera jamais de vous en demander davantage. Mais moi je peux le persuader de vous rendre cette pièce bien compromettante. En échange je veux que vous m?invitiez à dîner, chez vous, en présence de votre femme et de vos enfants. J?ai hâte de faire leur connaissance?
Le patron est blême. Son visage se tord, il est hagard. Désarçonné par mon exigence. Le voilà affolé et balbutiant son incompréhension. J?insiste, impertinente, le dîner en famille ou le chantage qui perdure. Il quitte mon bureau muet et voûté, sonné par mon incroyable audace. Je savoure ma victoire. Ma haine est installée et ils paieront tout les deux. L?un pour m?avoir agressée et l?autre pour mensonge. Marc m?a dupée. Sa manipulation en jouant sur les sentiments est abjecte, injuste. Son comportement pervers génère dans mon c?ur et mes tripes une profonde aversion. Seul l?argent l?intéresse et il m?a vendue comme une cover-girl pour nantis dépravés. Le meublé est désert, ses affaires sont là. Je fouine. Je récupère le CD. Je ne le regarde pas et le dépose dans mon sac. Dans sa boite j?ai glissé un enregistrement des aventures de Tintin. Il est con Marc, avec ses antécédents il va plonger pour un moment. Tant pis pour lui, je ne suis pas sa pute. Je suis de plus en plus sereine. Ce matin j?ai même chantonné sous la douche. Je suis jolie. Je vais me venger. C?est à 11 h que Valiere apparaît enfin dans mon bureau. Je jubile, maintenant c?est moi qu?il l?attend ! La mine défaite, il se gratte la tête puis se lâche, le regard fuyant.
 Mademoiselle Mathilde, je? Je crains que mon épouse ne comprenne pas votre démarche, cela m?ennuie. Je ne voudrais pas que...
 Cela suffit MONSIEUR VA LI E RE ! Vous n?aviez guère d?états d?âme lorsque vous vouliez me sauter ! Alors débrouillez vous avec votre femme sinon c?est à elle que nous donnerons le film !
L?homme a reculé d?un pas, perturbé par mon haussement de ton. Il perd pied.
 C?est d?accord, je vais m?arranger. Venez dîner ce soir vendredi, vers vingt heures. Ne lui dite rien, je vous en prie, s?il vous plaît.
 Entendu, à ce soir. Veuillez me laisser maintenant, j?ai du travail.
Ses lèvres sont emportées par des tremblements incontrôlés, il s?éclipse, groggy, complètement dépassé par ces derniers échanges. Je suis fière de moi. Je pense déjà à ce dîner, la fin de mon tortionnaire est proche?
Marc m?attend à la maison. Je l?ignore. Il me piste de la chambre à la salle de bain, il me supplie de lui parler. Je me maquille, comme une pute. Je choisi ma petite jupe d?été orange, celle qui est si courte que je suis obligée de marcher à tout petit pas. Mon haut en lycra moulant et largement échancré fera apprécier ma poitrine à madame Valiere, sans aucun doute. Marc est aux abois, il me questionne. Je le regarde avec pitié, puis lui demande de m?écouter.
 Marc, ce que tu as fait est ignoble. Donne lui ce foutu CD et après, peu être nous pourrons parler. Pour le moment, je sors, salut.
Le taxi commandé par Valiere m?attend au pied de l?immeuble. La course est déjà payée. La villa bourgeoise est superbe, luxueuse. Je sonne. Valiere ouvre en sourire de circonstance. Sa gaîté de parade se transforme en une seconde en une crispation contenue lorsqu?il découvre mon accoutrement. Sa femme apparaît alors dans l?embrasure de la porte. Je saute au cou de Valiere et lui donne de gros bisous sur les joues.
 Antoine, tu es si gentil de m?avoir invité chez toi, je suis tellement contente !
Je ris comme une gourdasse, je me trémousse comme une nymphomane. Je donne du madame Valiere à la femme restée bouche bée. Nous voilà au salon. Les fauteuils sont profond, ma haine aussi. Valiere a vieilli de dix ans en quelques minutes. Il tousse, regarde le plafond ou s?évapore dans les rosaces de la tapisserie. La femme offre à boire et alimente la conversation comme elle peut. Lui, évite de diriger son regard dans ma direction. Je me tiens mal, la femme observe en coin mes cuisses largement dévoilées, et bombarde son mari de regards assassins. La tension se ressent. Je continue à me pâmer comme une dinde grotesque. Les enfants arrivent, la fille, dix sept ans, lèvres et ongles peints en noir, filet à grosses mailles, rangers et jupe en stretch tailladée de bas en haut. Sa période gothique, susurre la mère faisant les présentations.
 Chacun sa période ! N?est-ce pas Antoine ! Dis-je, en riant.
Le fils, quatorze ans, est scotché sur mon décolleté. Les gamins apaisent l?atmosphère. Nous passons à table, je tiens le bras de Valiere. Les banalités ponctuent les plats, Valiere se détend un peu. Il commence à expliquer à son épouse que je suis une jeune femme sérieuse et que mon avenir professionnel est prometteur, et ceci, et cela. Il m?énerve l?obsédé. Le dessert est proche et j?en ai assez de faire du théâtre. Le môme m?agace à force de me déshabiller du regard, la madame Valiere me fait pitié, et l?autre me débecte. Seule, la goth écervelée à l?air de s?amuser comme une folle, et me semble plutôt sympathique. Valiere remet ça avec les difficultés rencontrées sur certains dossiers financiers, et les fluctuations imprévisibles du CAC 40. J?abandonne.
 Oui mais heureusement que nous avons des bons moments de détente, n?est-ce pas Antoine ? Et puis nous sommes si proches. Vous savez madame Valiere, votre mari est vraiment un amour, vous avez de la chance.
La pauvre femme fond en larmes et se réfugie dans la cuisine. Valiere me traite de petite garce et l?adolescente scande des : « trop de la balle », en gesticulant sur sa chaise. Je m?éclipse en remerciant de loin l?épouse trompée, effondrée devant son évier. Je salue enfin Valiere d?un « au revoir gros nounours !» Grivois et appuyé. J?imagine une fin de soirée torride chez les Valiere. Cette pensée me fait sourire mais peu à peu me révulse. Face à moi-même une amertume corrosive m?envahit. La jouissance de ma petite vengeance passée je me sens méprisable. Je pleure, je ne sais plus. La nuit est accablante, mes calmants même sont affligeants. Je sens une profonde déprime s?installer en moi, inéluctable et perverse.

Aujourd?hui nous sommes le trente, Valiere remet les derniers quinze mille euros à Marc, qui en échange, lui cède le disque de Tintin. Je dépose anonymement à la brigade financière le dossier qui prouve que Valiere a détourné des fonds. Une copie est adressée au comité de direction de la BIE avec l?argent que j?ai retrouvé dans les affaires de Marc. Valiere hurle au téléphone. Marc ne le croit pas. Cette histoire de Tintin est aberrante. Pendant ce temps madame Valiere visionne le CD que j?ai envoyé à son attention. J?avale deux boites de Lexomil. Le lendemain, à 6 h, Valiere est arrêté dans sa maison de l?Yonne pour détournements de fonds. Deux jours plus tard, le cadavre de Marc est découvert sous un tas de bois, au fond du jardin de la maison de campagne.

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