7 : EXT. JOUR IVOIRE
Ils déambulent parmi les touristes dans les rues de la cité médiévale des bords du Lac. Ils vont de boutiques en boutiques
PHILIPPE :
Eh bien c’est pas ici que je trouverai un beau tableau
MERE :
De toutes façons t’as plus de place sur tes murs et c’est l’Etat qu’en héritera
Ils pénètrent dans une galerie qui vend des objets d’art
PHILIPPE :
Tu veux pas que je t’offre un vase ?
MERE :
Si pour te le casser sur la tête !
Soudain le regard de Philippe est attiré par une rangée de petits tableaux très colorés accrochés au mur du fond. Il s’en approche et les scrute
PHILIPPE :
Maman, viens voir j’aime bien ça
MERE :
Oui j’aime bien les couleurs
VENDEUR efféminé s’approchant :
C’est très chatoyant n’est ce pas ? C’est un tissage spécial de fils de soie ! Des œuvres uniques faites par une artiste de la région
PHILIPPE :
Vous n’en avez pas des plus grands ?
VENDEUR :
Ah ça c’est uniquement sur commande pour les amateurs fortunés, hi hi hi
MERE :
Ah bon ? Ils valent combien ceux là ?
VENDEUR :
3000 Francs pièce emballage cadeau compris
MERE :
Et vous en vendez beaucoup ?
VENDEUR :
Uniquement aux âmes sensibles. Il paraît que ces tableaux sont magiques, ils rendent les gens amoureux…
MERE :
Tu devrais en prendre une caisse !
PHILIPPE :
Je vais vous prendre celui là, c’est mon préféré
VENDEUR le décrochant :
C’est vendu ! J’emballe, j’emballe… C’est pour votre fiancée ?
MERE :
Sa future, celle qu’est pas encore née
VENDEUR :
Oh ne dites pas ça ; votre fils est un bel homme et l’amour frappe toujours à la porte de celui qui s’y attend le moins. D’ailleurs moi je vais faire agrandir la mienne parce qu’on la voit pas assez
PHILIPPE :
Vous avez les coordonnées du … peintre ?
VENDEUR :
De la peintesse vous voulez dire ! L’artiste est une femelle, très belle d’ailleurs, enfin c’est ce qu’on dit, moi j’y connais rien, hi hi hi
MERE :
Elle a quel âge ?
VENDEUR :
Oh la belle trentaine et elle est célibataire. C’est pour une union ?
PHILIPPE :
Non mais je voudrais lui commander quelque chose de plus grand pour mon bureau
VENDEUR :
Allez je suis beau joueur je vous donne sa carte, elle habite dans l’arrière pays, un petit village charmant à quelques dizaines de kilomètres d’ici
8 : EXT. JOUR JARDIN DEVANT UNE VILLA
La mère est dans son jardin et parle dans un téléphone sans fil avec des airs de conspirateur.
MERE :
Faut en profiter pendant qu’il est là. Alors vous faites comme si c’était une visite à l’improviste, je vous attend
Dans une chambre au premier étage, Philippe est assis sur un lit et contemple le tableau avec admiration. Il s’empare de la carte et décroche le téléphone puis compose un numéro
PHILIPPE :
Bonjour Madame, j’ai fais l’acquisition d’une de vos œuvres hier à Ivoire et je souhaiterais vous passer commande d’un tableau plus grand, est ce possible ?
- Oui naturellement je suis dans la région
- Disons demain si vous m’indiquez le chemin
Il s’empare d’un bloc et prend des notes
- C’est parfait, alors à demain, au revoir madame
Il raccroche et recommence à fixer le tableau. On entend un carillon, des pas et sa mère s’esclaffer
MERE :
Ca alors c’est une surprise, Philippe tu peux descendre ?
Philippe repose le tableau, lève les yeux au ciel, se dresse et sort.
9 : INT. JOUR MAISON
Les trois femmes sont dans l’entrée quand Philippe descend les marches.
MERE :
Ah le voilà mon grand garçon. Philippe je te présente Mathilde, ma meilleure amie et sa fille Geneviève qui passaient dans le quartier
TOUS :
Bonjour, bonjour
MERE :
C’est gentil de passer à l’improviste comme ça. Mais entrez donc prendre un verre histoire de faire connaissance
Ils passent au salon et Philippe fait grise mine, sa mère le pousse. Elles s’assoient
PHILIPPE :
Qu’est ce que je vous sers ?
MATHILDE (femme brune assez forte) :
Nous on se prendra notre petit Porto et un jus de fruit pour Geneviève, jamais d’alcool pour elle. Elle ne boit pas et ne fume pas c’est une fille saine…
GENEVIEVE (grande brune quelconque à chignon) :
Maman s’il te plaît
PHILIPPE ironique :
Quand le corps est pur, l’âme est pure
MATHILDE :
C’est ce que disait mon défunt mari avant de mourir d’un cancer de la gorge ; lui qui n’avait jamais fumé. Alors vous êtes un haut fonctionnaire votre mère m’a dit
MERE fièrement :
Il est l’adjoint du Premier ministre
MATHILDE :
Eh bien j’espère qu’il est plus gai au bureau qu’à la télévision
GENEVIEVE :
Maman, ne parle pas de politique, il est en vacances
PHILIPPE :
C’est cela oui
MATHILDE :
En tous cas ça doit être bien payé sauf que quand le gouvernement saute…
PHILIPPE :
Tout saute ! A la votre !
MERE :
Geneviève fait des études d’architecte, c’est très long
GENEVIEVE :
Oui sept ans mais c’est passionnant
PHILIPPE :
Les vieilles pierres c’est comme les vieux garçons faut du doigté
MERE :
Euh…Mathilde on se fait une petite crapette ? Vous les jeunes faites un tour dans le jardin. Tiens Philippe montre lui ta voiture je suis sûre qu’elle en a jamais vu une comme ça ?
PHILIPPE :
De quoi ? Ah de voiture. Venez Geneviève je vais tout vous montrer
Geneviève le regarde d’un air interloqué, regarde sa mère puis se lève pour le suivre. Ils sortent.
MATHILDE :
T’es sure que… ?
MERE :
Voyons mon fils est un énarque…
10 : EXT. JOUR JARDIN
Ils se dirigent lentement vers le garage attenant à la maison
PHILIPPE :
C’est suite à un coup de fil de ma mère que vous vîntes à l’improviste ?
GENEVIEVE :
Je ne suis pas au courant, alors vous avez paraît il une superbe voiture de collection ?
PHILIPPE :
Je vais vous la montrer, dites moi y’a pas de beaux garçons dans la région ?
GENEVIEVE :
Hormis pour mon travail je ne sors pas beaucoup. Et vous la vie parisienne comment c’est ?
PHILIPPE :
Oh la routine, 15 heures de boulot par jour, une partouze par mois et une pute par semaine, rien de bien transcendant
GENEVIEVE interloquée :
Vous, vous fréquentez des prostituées ?
PHILIPPE :
Ca a un coté pratique vous savez, on paye et on fait ce qu’on veut. Ca évite les chichis, les invitations au resto, enfin tout ce tralala qui prend du temps et coûte de l’argent
GENEVIEVE :
Vous n’avez pas l’air, comment dire, très romantique ?
Il ouvre les portes du garage, découvrant un superbe cabriolet orange et crème
PHILIPPE :
Moi je fais de la politique, disons que je suis plus sensible au coté esthétique
GENEVIEVE :
Elle est superbe effectivement, qu’est ce que c’est ?
PHILIPPE :
Une Buick Invicta convertible, un modèle 1960 très rare, vous pouvez la toucher
Après une hésitation elle effleure doucement le capot, il lui touche la main
PHILIPPE :
Alors Geneviève quand est ce qu’on se marie ?
GENEVIEVE :
Mais, vous allez pas un peu vite ?
PHILIPPE :
On a de quoi vivre, je suppose que vous aimez Mozart et les Beatles et que vous voulez des enfants, moi ça me va
GENEVIEVE :
Mais on se connaît d’aujourd’hui, je ne sais pas encore si vous me plaisez ou si on pourrait s’entendre moralement et physiquement
PHILIPPE :
Moi je bosse toute la journée alors moralement vous pouvez penser ce que vous voulez, quand à s’entendre physiquement on va le savoir tout de suite…
Il la renverse sur le capot et passe sa main sous sa jupe, elle a un haut le corps, le repousse violemment et s’enfuit en courant vers la maison. Il la regarde partir avec un petit sourire aux lèvres puis prend un chiffon blanc et commence à effacer les traces sur le capot.
11 : INT. JOUR MAISON
Geneviève pénètre comme une folle dans le salon, elle est toute rouge
GENEVIEVE hystérique :
Maman partons d’ici tout de suite !
MATHILDE se levant précipitamment :
Mais ma petite chérie qu’est ce qui se passe ?
MERE consternée :
Qu’est ce qu’il vous a dit mon Philippe ?
GENEVIEVE hurlant :
Madame votre fils est, est… un goujat !
Elle sort en courant suivie par sa mère
12 : EXT. JOUR GARAGE
Philippe est toujours entrain d’astiquer sa voiture quand il voit sa mère arriver vers lui au pas de charge
MERE furieuse :
Qu’est ce que tu lui a fais ?
PHILIPPE calmement :
Rien, elle voulait savoir si on s’entendrait physiquement
MERE incrédule :
Alors tu…tu l’as violée ?
PHILIPPE :
Penses tu, sinon elle serait pas revenue si vite
MERE :
Mais qu’est ce que t’as fais exactement ?
PHILIPPE :
Elle m’a allumé alors j’ai passé ma main sous sa jupe, elle avait pas de culotte cette salope, tu te rends compte ?
MERE abasourdie :
Non… T’en es sûr au moins ?
PHILIPPE :
Oh il m’a bien semblé, j’ai été choqué
MERE :
C’est incroyable, mais maintenant que tu me le dis je trouve qu’elle a pas l’air très franche
PHILIPPE :
Ah toi aussi t’as trouvé, tu vois ce petit côté sainte nitouche, il paraît que c’est les pires
MERE :
Oui oui, va savoir où elle traîne une grande fille désœuvrée comme ça, elle t’aurait peut être refilé une maladie
PHILIPPE :
Oh arrête rien que d’y penser j’en ai des frissons partout
Il referme la porte du garage et prend sa mère par le bras pour l’accompagner en direction de la maison
MERE :
Eh bien après tout ça je suis pas prête de revoir la Mathilde, de toutes façons elle commençait à me bassiner en parlant de sa fille comme de la sainte vierge. Elle ferait bien de la surveiller
PHILIPPE :
Je suis désolé pour votre amitié
MERE :
Bof, de toutes façons elle essayait toujours de tricher à la crapette
PHILIPPE :
Eh bien bon débarras, dis après toutes ces émotions je prendrais bien un petit apéro moi, pas toi ?
MERE :
T’as raison mon fils, quand même quand j’y pense, comme on peut se tromper sur les gens parfois
PHILIPPE :
Tu sais dans la politique je vois ça tous les jours…
13 : EXT. JOUR PETITE ROUTE
Philippe est au volant de sa voiture et roule sur une départementale bordée de platanes en écoutant de la musique rock. Son portable sonne, il répond
PHILIPPE :
- Oui maman je suis bientôt arrivé, c’est le prochain village
- Je commande le tableau et je reviens ce soir
- Oui j’aime la blanquette
14 : EXT. JOUR CHAMP BORDURE ROUTE
Un vieux paysan sur son tracteur en marche est entrain de se rouler une cigarette. La route lui est dissimulée par un bosquet mais il ne regarde pas et s’engage sans ralentir.
15 : EXT. JOUR ROUTE
Philippe quitte la route des yeux pour reposer son portable dans le sac près de lui. En relevant la tête il aperçoit le tracteur qui s’engage sur la chaussée et donne un brusque coup de volant vers la gauche en freinant. Il évite l’engin mais sa voiture saute le fossé et percute un platane. Il sort péniblement et regarde les dégâts : sa roue est tordue et l’avant enfoncé.
PHILIPPE :
Merde, merde, ma belle voiture
Il s’adresse au paysan qui s’est arrêté un peu plus loin et le regarde calmement
PHILIPPE :
Vous avez vu ce que vous avez fait ?
PAYSAN mettant la main sur son oreille :
Vous pouvez pas repartir ?
PHILIPPE :
En plus il est sourd ! Vous êtes un danger public !
PAYSAN :
Oui y’a un garage au village, montez je vous emmène
Philippe va prendre son sac sur la banquette et monte sur le tracteur en râlant.
PHILIPPE :
On est loin du village ?
PAYSAN :
Oui je le connais bien, c’est lui qui répare mon tracteur
PHILIPPE :
Laisse tomber et regarde devant toi !
16 : EXT. JOUR VILLAGE
Philippe saute du tracteur et s’adresse a un gros type couvert de cambouis
PHILIPPE :
Bonjour Monsieur, ce charmant personnage est sorti de son champ devant moi sans regarder et m’a obligé à percuter un platane
GARAGISTE faisant un signe amical au paysan qui repart :
Ah le père Antoine c’est notre danger public, il est sourd comme un pot et il voit pas à dix mètres. Bon c’est grave les dégâts ?
PHILIPPE :
La roue est tordue et l’avant enfoncé. Vous pouvez faire quelque chose ?
GARAGISTE :
Faut voir… D’abord je remorque, après j’ausculte. C’est quoi comme modèle ?
PHILIPPE :
Un cabriolet Buick de 1960 !
GARAGISTE :
Ouh la, c’est de la belle américaine ça ! Pour les pièces détachées vous me payez le voyage aux USA ?
PHILIPPE :
Oui je sais bien. Ecoutez allons y et vous verrez, c’est sur la route là à trois kilomètres environ
GARAGISTE :
Oui, oui je vais y aller après le déjeuner, de toutes façons elle bougera pas.
Allez donc manger un morceau à l’hôtel de la poste là bas et prévoyez une chambre. Je vous la ramène ici, passez me voir dans l’après midi mais comptez pas repartir ce soir
PHILIPPE :
Bon mais prenez en soin, j’y tiens
GARAGISTE souriant :
Faites confiance, j’ai du doigté pour les belles étrangères…
17 : INT. JOUR BAR TABAC
Un café provençal avec des tables en bois. Dans l’arrière salle des vieux boivent silencieusement. A une table près de l’entrée et non loin du comptoir quatre hommes d’une cinquantaine d’années jouent aux cartes sous l’œil attentif du gros patron (Gégé)
NICO :
Oh Bruno jamais tu joues ?
BRUNO :
Attends je me concentre
DIDIER :
Eh bé centre toi, con tu l’es déjà
PAUL :
Il rêve
DIDIER :
Il pense à ta femme
NICO :
Et sa femme elle attend le facteur
PAUL :
Oui bah moi ma femme elle va pas une fois par semaine à la ville soit disant chez son coiffeur
NICO :
Même qu’elle en revient toute décoiffée (rires)
PAUL :
Qu’est ce que vous insinuez ?
BRUNO :
On insinue pas on constate
PAUL :
Le coiffeur c’est mon cousin
DIDIER :
Tant mieux ça sort pas de la famille
BRUNO :
Son coiffeur il lui fait bien la raie (rires)
PAUL :
Toi le cocu tu peux parler
BRUNO :
Dites je voudrais mettre fin à un malentendu. En vingt ans de mariage ma femme ne m’a trompé qu’une fois à la ville avec un jeunot. Malheureusement il a fallu que ce con de Didier les aperçoivent et le chante sur tous les toits
NICO :
Eh alors t’as pardonné ?
BRUNO :
J’allais pas la tuer ! Surtout qu’à l’époque j’avais mes calculs (il se touche les reins) et je pouvais pas assurer
GEGE depuis son comptoir :
En fait de calculs j’ai fais les tiens et j’aimerais bien que t’assures ton ardoise
BRUNO :
Lâches moi, j’te paierai en fin de mois comme d’habitude
GEGE :
Je sais avec tes assédics, mais il est long le mois d’Août !
PAUL :
Les limonadiers le mois qu’ils préfèrent c’est Février
DIDIER :
Et les coiffeurs c’est les mois d’été parce qu’ils font aussi le maillot
PAUL :
Moi au moins ma femme elle s’est pas barrée
GEGE :
Avec un étranger en plus
NICO :
Un Bulgare ! Il en passe un dans le coin tous les dix ans et il a fallu qu’il embarque ta femme
DIDIER :
Oui bah je la regrette pas c’était une salope
GEGE :
Ca faut demander à Bruno
BRUNO :
Toi ton ardoise tu peux te l’accrocher
DIDIER :
Qu’est ce qu’il a voulu dire ?
BRUNO :
Rien c’est un alcoolique qui divague
PAUL :
Moi je voudrais pas m’en mêler mais j’ai entendu dire que le Bruno avant ses calculs…
NICO :
Pendant que t’étais allé voir ta mère à Paris…
DIDIER :
Oh et puis je m’en fous, c’est de l’histoire ancienne. Dans le présent j’ai soif, tiens paye moi un verre
BRUNO :
Gégé au lieu de glander mets nous en quatre !
DIDIER abattant une dame :
Celle la elle te la coupe
BRUNO :
T’as vraiment une veine de cocu toi !
Arrivée de Philippe son sac à la main, il s’adresse au patron
PHILIPPE :
Bonjour Monsieur, le garagiste m’a dit que vous aviez une chambre à louer
GEGE :
Vous êtes tombé en panne ?
PHILIPPE :
Non je roulais tranquillement et tout d’un coup à tracteur a débouché devant moi, pour l’éviter j’ai été dans le fossé et ça a tordu ma roue
NICO :
Tiens le père Antoine a encore fait une victime !
DIDIER :
Tu parles il est myope et sourd comme sa charrue
PAUL :
Une fois par an il en envoie un dans le fossé
BRUNO :
A mon avis il est de mèche avec le garagiste
PHILIPPE :
Ah il a pas regardé du tout, il est sorti comme ça de son champ
NICO :
Vous êtes pas blessé au moins ?
PHILIPPE :
Non juste un peu secoué
PAUL :
Gégé offre lui un Ricard pour moi
PHILIPPE :
Merci Monsieur vous êtes bien généreux
GEGE :
C’est exceptionnel, d’habitude il est plutôt du genre rapiat
PAUL :
Toi sert en silence. Je suppose que votre assurance va dire que vous êtes
totalement en tort
PHILIPPE :
Ah ça vous avez raison, la réparation sera pour moi
BRUNO :
Il devrait y avoir une loi contre les chauffards alcooliques
DIDIER :
Ils te retireraient ton permis
GEGE lui donnant une clé :
Bon j’ai une chambre au premier qui sert pas souvent mais c’est propre avec une douche et des vécés
PAUL :
Pour le bar faut descendre
NICO :
Mais les filles faut les faire monter
GEGE :
Dites c’est pas un claque ici
BRUNO :
Dommage ça ferait une distraction dans le pays
GEGE :
Oui mais avec des empêchés comme vous je ferais vite faillite
PHILIPPE :
Bien je monte poser mes affaires et je redescend vous offrir un verre
NICO :
Vous demandez pas le prix de sa suite royale ?
PHILIPPE :
Oh je m’inquiète pas
Il monte par l’arrière du restaurant
PAUL :
Vous êtes pas Bulgare alors ça sera pas cher
DIDIER :
A la vôtre
BRUNO abattant sa dernière carte :
Et dix de der
NICO ramasse les cartes et compte :
90 ; vous la faites celle là, je jouerai pas avec vous tous les jours je croirais que vous trichez
GEGE :
T’inquiètes pas faut être malin pour tricher
PAUL :
C’est comme pour être patron de bistrot
DIDIER :
Faut savoir trafiquer les ardoises
BRUNO :
Et remplir les verres sans renverser
GEGE :
Faut surtout avoir la patience de supporter quatre connards qui déconnent à longueur de journée
NICO :
Il fait le fier parce qu’il a le monopole du village
PAUL :
Ca nous reviendrai moins cher d’acheter notre bouteille et d’aller s’installer chez Bruno
DIDIER :
Ouai on pourrait jouer au strip poker avec sa femme
BRUNO :
J’ai pas envie de vous voir à poil
PHILIPPE réapparaissant :
Alors je vous l’offre ce verre
NICO :
Vous tombez à pic mon verre est vide
PAUL à Gégé :
Si monsieur le capitaliste veut bien nous servir cinq jaunes
PHILIPPE à Gégé :
Prenez en un aussi
GEGE :
Je sais pas si je vais accepter de boire avec ces petites gens
DIDIER :
Fais pas ta chochotte ma grosse
NICO :
Asseyez vous le Parisien
PHILIPPE :
Ca se voit tant que ça
BRUNO :
C’est l’accent qui vous trahit
DIDIER :
Une façon d’être
GEGE :
Oui il a l’air bien élevé c’est pas comme vous autres
NICO :
Qu’est ce que vous foutiez sur cette route à part chercher un tracteur ?
PHILIPPE :
Je venais ici justement
GEGE :
Oh ça c’est louche parce que y’a rien à faire ici
DIDIER :
Peut être qu’il venait visiter ton estaminet, t’es pas dans le guide bleu ?
PHILIPPE :
Non je venais commander un tableau
PAUL :
Boudu un client à la Françoise !
PHILIPPE :
Vous la connaissez ?
NICO :
On étaient à son baptême, c’est la fille de notre ancien patron
DIDIER :
C’est une belle plante comme on dit
GEGE :
C’est le fils du maire qui l’arrose
PAUL :
Quel petit con celui là !
PHILIPPE :
Vous m’indiquerez où la trouver, pour l’instant j’ai faim, c’est quoi le plat du jour patron ?
GEGE :
De la blanquette
DIDIER :
La même qu’hier
GEGE :
La blanquette c’est meilleur réchauffé
PHILIPPE :
Ca marche, je vous invite à déjeuner
PAUL :
C’est gentil mais Bruno et moi faut qu’on rentre, rapport à nos bourgeoises, on va pas se faire engueuler pour la blanquette à Gégé
BRUNO :
On se revoit après la sieste pour la pétanque. |