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WORLD AND UNIVERSAL ACADEMY FOUNDATION
CONCOURS LITTERAIRES ET CONCOURS ARTISTIQUES
ECOLE DES BEAUX-ARTS, DU CINEMA ET DE LA CULTURE
Organiser des concours, décerner des prix et dispenser des cours dans le domaine des arts et de la culture. Tels sont les objectifs de la Fondation WORLD AND UNIVERSAL ACADEMY.
 
 
  
 
 

 
 

ÉLISEZ LE MEILLEUR SCÉNARIO DU MOIS (JUILLET 2007)

ELECT THE BEST SCRIPT OF THE MONTH
KIES HET BESTE WERK VAN DE MAAND (JULI 2007)
 

MONSIEUR METZ
Auteur: GEORGES VERSAILLES (France/Frankrijk)

 

SEQUENCE 1 : EXT. JOUR PARIS

Beau Temps. Panoramique sur Paris et l’Hôtel Matignon. Une fenêtre ouverte, deux hommes, l’un assis, l’autre debout près de lui.

 

2 : INT. JOUR BUREAU

Les deux hommes sont en costume cravate. Le plus âgé est assis derrière le bureau et signe des documents dans un parapheur

         HOMME  ASSIS :
Mon cher Philippe, si on m’avait dit qu’être Premier Ministre, c’était rester à Paris au mois d’Août  pour faire de la paperasse, je serai resté député

PHILIPPE (la cinquantaine athlétique) :
Allez encore un peu de patience et tu vas pouvoir t’octroyer quelques jours

PREMIER MINISTRE :
Oui mais toi tu te barres dans une heure, je t’envie

PHILIPPE :
Eh mais ça fait trois ans que j’en ai pas pris, depuis ta nomination ; et je bosse 18 heures pas jour

PREMIER MINISTRE referme le parapheur et le regarde :
Ah mon vieux Philippe la politique est une maîtresse exigeante. Bon alors tu les as bien méritées ces vacances ? Et ça aussi tu l’as mérité ?

Il sort une grosse enveloppe d’un tiroir et la lui balance. Philippe l’attrape au vol et contemple la grosse liasse de billets qu’elle contient.

         PHILIPPE :
         Qu’est ce que c’est que tout ce fric ?

         PREMIER MINISTRE souriant :
Chut c’est des fonds secrets ! Si je les dépense pas tous cette année,   l’année prochaine j’en aurais moins, alors rends moi service, éclates toi !

PHILIPPE :
Tu parles ; je vais voir ma mère à Annecy

PREMIER MINISTRE :
Eh bien vas y en taxi, t’auras le temps de réfléchir

PHILIPPE :
A quoi ? Aux privilèges du pouvoir ?

PREMIER MINISTRE :
Non trouves moi une bonne idée d’action populiste. Un truc bien ringard pour préparer les élections. Tu sais bien qu’on me reproche toujours de ne pas faire assez peuple et de ne fréquenter que des énarques comme  toi. Alors magouilles moi un déplacement en province où je prendrais pas de tomates sur la gueule

Le téléphone sonne

         PHILIPPE :
D’accord je vais y penser. Pendant mes vacances je te laisse Loisan mon  adjoint, il saura où me joindre

PREMIER MINISTRE faisant un adieu de la main et décrochant :
Le président ? Jamais il part en vacances celui la ? Faites le patienter en lui disant que je suis en ligne avec le roi d’Espagne, ça va l’énerver…

 

3 : INT. JOUR COULOIR

Philippe referme la porte et s’assurant que personne ne le voit il sort l’enveloppe de sa poche et compte les billets. Il sourit puis prend les trois quarts de la liasse et les met dans une poche intérieure, il laisse le reste dans l’enveloppe qu’il range dans une autre poche. Il reprend sa déambulation à travers les couloirs jusqu’à un bureau dans lequel un jeune homme maigre est entrain d’écrire

         PHILIPPE :
Je soussigné Paul Loisan reconnais tout devoir à mon bien aimé supérieur Monsieur Philipe Metz

LOISAN :
Toujours le mot pour rire. Alors tu lui as fais la bise pour ton départ ?
Il fait pas trop la gueule ?

PHILIPPE :
Tu parles je le connais depuis l’école alors je l’ai déjà vu plus désappointé. Mais comme ça fait trois ans qu’il me voit tous les jours je l’ai senti un peu agacé. Il a fallu que je le rassure sur tes capacités à gérer les affaires courantes

LOISAN grimaçant :
Ah bon il flippait ?

PHILIPPE :
Oh c’est normal mais t’inquiètes pas il part bientôt lui aussi. Il m’a quand même demandé d’emmener certains dossiers qu’il ne confie qu’à moi mais bon… Il a quand même eu un bon geste

Il sort l’enveloppe de sa poche et la pose sur le bureau

         LOISAN :
         Qu’est ce que c’est ? Une prime ?

         PHILIPPE :
Oui il m’a dit de m’éclater avec ça ; on  voit que c’est jamais lui qui paye parce que y’a pas grand chose. Enfin moi j’ai besoin de rien alors on va partager

LOISAN :
Ah non tu me gènes c’est pour toi, garde le tu pourras peut être t’offrir encore un tableau

PHILIPPE :
Avec ça ? Même pas un cadre, alors autant partager

LOISAN :
Alors un tiers seulement, tu sais au mois d’Août y’a rien à faire ici

PHILIPPE lui donnant quelques billets :
Comme tu veux, taches d’aller au cinéma. Bon j’y vais, t’as mon portable et les coordonnés de ma mère hein ?

LOISAN :
Ouais part tranquille, allez bonnes vacances…
 
Philippe quitte le bureau en souriant et tapote sa poche l’air amusé. 

 

4 : INT. JOUR APPARTEMENT LUXUEUX

C’est un grand deux pièces richement décoré dont les murs sont couverts de tableaux non figuratifs. En chantonnant sur une musique pop rock, Philippe choisit des vêtements d’été qu’il range soigneusement dans une belle valise.

 

GENERIQUE

 

5 : EXT. JOUR GARE ANNECY

Vêtu d’un costume en jean et tirant sa valise, Philippe sort de la gare en cherchant quelqu’un du regard. Deux coups de klaxon retentissent et il fait un signe de la main avant de se diriger vers une Golf décapotable garée en double file. Une belle femme d’une soixante dizaine d’années en sort, toute de blanc vêtue. Elle a le cheveux blond décoloré et malgré son visage ridé on la sent dynamique.

         MERE :
Dépêches toi mon grand je me suis déjà engueulé avec ces connards de  flics. Tu viens une fois tous les trois ans mais j’ai pas le droit de t’attendre cinq minutes, quel pays de cons

PHILIPPE  l’embrassant :
Bonjour Maman, t’es en forme à  ce que je vois

MERE démarrant en trombe :
Et toi t’as l’air fatigué . Faut dire qu’avec la vie que tu mènes, toujours bosser comme un dingue, tu finiras comme ton père. Une bonne crise cardiaque et vlan, je serais encore en deuil. J’ai pas envie d’aller à ton enterrement mon fils, s’il te plaît laisse moi crever la première

PHILIPPE :
De la façon dont tu conduis on va être enterrés le même jour

MERE :
J’ai faim, je nous ai réservé une table dans le meilleur restaurant de la ville. Le retour du fils prodigue ça s’arrose

PHILIPPE :
Bon mais après c’est moi qui conduirais

MERE :
Tu sais encore conduire toi ? Tu passes ta vie dans les taxis
         Parisiens.

Elle pile sur l’esplanade d’un restaurant du bord du lac.

 

6 : INT. RESTAURANT

Ils sont attablés dans un restaurant luxueux

         PHILIPPE énervé :
Ecoutes Maman ça tourne à l’obsession ton histoire de petits enfants. Je suis là pour quelques jours et tu veux me faire rencontrer toutes les filles non mariées de tes copines de bridge

MERE :
Vu ton âge et le mien il faut qu’on agisse vite

PHILIPPE :
Mais j’ai pas envie de me remarier ; mon travail me prend trop de temps pour que je m’occupe d’une famille et même d’une femme

MERE :
C’est ton foutu boulot qu’a fait fuir ta première femme

PHILIPPE :
Oui bah je suis bien content d’être divorcé, au moins je suis tranquille

MERE :
Ca m’attriste de voir que t’es entrain de devenir un vieux garçon égoïste

PHILIPPE :
Oh tu m’ennuies ! Je ne vais quand même pas épouser la première venue et la sauter vite fait pour que t’es des héritiers…

MERE :
Je te demandais juste de faire un effort de voir ces jeunes filles, pas me faire perdre la face

PHILIPPE :
J’ai pas envie et j’ai pas la tête à ça en ce moment. On verra après les élections
MERE :
C’est ça et tu vas sans doute devenir ministre ce qui veut dire encore plus de boulot. Je te préviens que je serai sans doute crevée avant que tu sois Président de la République

PHILIPPE :
Ecoutes ne parlons plus de ça, je suis en vacances, emmène moi voir des choses sympas

 

7 : EXT. JOUR IVOIRE

Ils déambulent parmi les touristes dans les rues de la cité médiévale des bords du Lac. Ils vont de boutiques en boutiques

         PHILIPPE :
         Eh bien c’est pas ici que je trouverai un beau tableau

         MERE :
De toutes façons t’as plus de place sur tes murs et c’est l’Etat qu’en héritera

Ils pénètrent dans une galerie qui vend des objets d’art

         PHILIPPE :
         Tu veux pas que je t’offre un vase ?

         MERE :
         Si pour te le casser sur la tête !

Soudain le regard de Philippe est attiré par une rangée de petits tableaux très colorés accrochés au mur du fond. Il s’en approche et les scrute 

         PHILIPPE :
         Maman, viens voir j’aime bien ça

         MERE :
         Oui j’aime bien les couleurs

         VENDEUR efféminé s’approchant :
C’est très chatoyant n’est ce pas ? C’est un tissage spécial de fils de soie ! Des œuvres uniques faites par une artiste de la région

PHILIPPE :
Vous n’en avez pas des plus grands ?

VENDEUR :
Ah ça c’est uniquement sur commande pour les amateurs fortunés, hi hi hi

MERE :
Ah bon ? Ils valent combien ceux là ?

VENDEUR :
3000 Francs pièce emballage cadeau compris

MERE :
Et vous en vendez beaucoup ?

VENDEUR :
Uniquement aux âmes sensibles. Il paraît que ces tableaux sont magiques, ils rendent les gens amoureux…

MERE :
Tu devrais en prendre une caisse !

PHILIPPE :
Je vais vous prendre celui là, c’est mon préféré

VENDEUR le décrochant :
C’est vendu ! J’emballe, j’emballe… C’est pour votre fiancée ?

MERE :
Sa future, celle qu’est pas encore née

VENDEUR :
Oh ne dites pas ça ; votre fils est un bel homme et l’amour frappe toujours à la porte de celui qui s’y attend le moins. D’ailleurs moi je vais faire agrandir la mienne parce qu’on la voit pas assez

PHILIPPE :
Vous avez les coordonnées du … peintre ?

VENDEUR :
De la peintesse vous voulez dire ! L’artiste est une femelle, très belle d’ailleurs, enfin c’est ce qu’on dit, moi j’y connais rien, hi hi hi

MERE :
Elle a quel âge ?

VENDEUR :
Oh la belle trentaine et elle est célibataire. C’est pour une union ?

PHILIPPE :
Non mais je voudrais lui commander quelque chose de plus grand pour mon bureau

VENDEUR :
Allez je suis beau joueur je vous donne sa carte, elle habite dans l’arrière pays, un petit village charmant à quelques dizaines de kilomètres d’ici

 

8 : EXT. JOUR JARDIN DEVANT UNE VILLA

La mère est dans son jardin et parle dans un téléphone sans fil avec des airs de conspirateur.

         MERE :
Faut en profiter pendant qu’il est là. Alors vous faites comme si c’était une visite à l’improviste, je vous attend

Dans une chambre au premier étage, Philippe est assis sur un lit et contemple le tableau avec admiration. Il s’empare de la carte et décroche le téléphone puis compose un numéro

         PHILIPPE :
Bonjour Madame, j’ai fais l’acquisition d’une de vos œuvres hier à Ivoire et je souhaiterais vous passer commande d’un tableau plus grand, est ce possible ?
- Oui naturellement je suis dans la région
- Disons demain si vous m’indiquez le chemin

Il s’empare d’un bloc et prend des notes

         - C’est parfait, alors à demain, au revoir madame

Il raccroche et recommence à fixer le tableau. On entend un carillon, des pas et sa mère s’esclaffer

 

         MERE :
         Ca alors c’est une surprise, Philippe tu peux descendre ?

Philippe repose le tableau, lève les yeux au ciel, se dresse et sort.

 

9 : INT. JOUR MAISON

Les trois femmes sont dans l’entrée quand Philippe descend les marches.

         MERE :
Ah le voilà mon grand garçon. Philippe je te présente Mathilde, ma meilleure amie et sa fille Geneviève qui passaient dans le quartier

         TOUS :
         Bonjour, bonjour

         MERE :
C’est gentil de passer à l’improviste comme ça. Mais entrez donc prendre un verre histoire de faire connaissance

Ils passent au salon et Philippe fait grise mine, sa mère le pousse. Elles s’assoient

         PHILIPPE :
         Qu’est ce que je vous sers ?

         MATHILDE (femme brune assez forte) :
Nous on se prendra notre petit Porto et un jus de fruit pour Geneviève, jamais d’alcool pour elle. Elle ne boit pas et ne fume pas c’est une fille saine…

         GENEVIEVE (grande brune quelconque à chignon) :
         Maman s’il te plaît

         PHILIPPE ironique :
         Quand le corps est pur, l’âme est pure

         MATHILDE :
C’est ce que disait mon défunt mari avant de mourir d’un cancer de la gorge ; lui qui n’avait jamais fumé. Alors vous êtes un haut fonctionnaire votre mère m’a dit

         MERE fièrement :
         Il est l’adjoint du Premier ministre

         MATHILDE :
         Eh bien j’espère qu’il est plus gai au bureau qu’à la télévision

         GENEVIEVE :
         Maman, ne parle pas de politique, il est en vacances

         PHILIPPE :
         C’est cela oui

         MATHILDE :
En tous cas ça doit être bien payé sauf que quand le gouvernement saute…

PHILIPPE :
Tout saute ! A la votre !

MERE :
Geneviève fait des études d’architecte, c’est très long

GENEVIEVE :
Oui sept ans mais c’est passionnant

PHILIPPE :
Les vieilles pierres c’est comme les vieux garçons faut du doigté

MERE :
Euh…Mathilde on se fait une petite crapette ? Vous les jeunes faites un tour dans le jardin. Tiens Philippe montre lui ta voiture je suis sûre qu’elle en a jamais vu une comme ça ?

PHILIPPE :
De quoi ? Ah de voiture. Venez Geneviève je vais tout vous montrer

Geneviève le regarde d’un air interloqué, regarde sa mère puis se lève pour le suivre. Ils sortent.

         MATHILDE :
         T’es sure que… ?

 

         MERE :
         Voyons mon fils est un énarque…

 

10 : EXT. JOUR JARDIN

Ils se dirigent lentement vers le garage attenant à la maison

PHILIPPE :
C’est suite à un coup de fil de ma mère que vous vîntes à l’improviste ?

GENEVIEVE :
Je ne suis pas au courant, alors vous avez paraît il une superbe voiture de collection ?

PHILIPPE :
Je vais vous la montrer, dites moi y’a pas de beaux garçons dans la région ?

GENEVIEVE :
Hormis pour mon travail je ne sors pas beaucoup. Et vous la vie parisienne comment c’est ?

PHILIPPE :
Oh la routine, 15 heures de boulot par jour, une partouze par mois et une pute par semaine, rien de bien transcendant

GENEVIEVE interloquée :
Vous, vous fréquentez des prostituées ?

PHILIPPE :
Ca a un coté pratique vous savez, on paye et on fait ce qu’on veut. Ca évite les chichis, les invitations au resto, enfin tout ce tralala qui prend du temps et coûte de l’argent  

GENEVIEVE :
Vous n’avez pas l’air, comment dire, très romantique ?

Il ouvre les portes du garage, découvrant un superbe cabriolet orange et crème

         PHILIPPE :
Moi je fais de la politique, disons que je suis plus sensible au coté esthétique
         GENEVIEVE :
         Elle est superbe effectivement, qu’est ce que c’est ?

         PHILIPPE :
Une Buick Invicta convertible, un modèle 1960 très rare, vous pouvez la toucher

Après une hésitation elle effleure doucement le capot, il lui touche la main

         PHILIPPE :
         Alors Geneviève quand est ce qu’on se marie ?

         GENEVIEVE :
         Mais, vous allez pas un peu vite ?

         PHILIPPE :
On a de quoi vivre, je suppose que vous aimez Mozart et les Beatles et que vous voulez des enfants, moi ça me va

         GENEVIEVE :
Mais on se connaît d’aujourd’hui, je ne sais pas encore si vous me plaisez ou si on pourrait s’entendre moralement et physiquement

         PHILIPPE :
Moi je bosse toute la journée alors moralement vous pouvez penser ce que vous voulez, quand à s’entendre physiquement on va le savoir tout de suite…

Il la renverse sur le capot et passe sa main sous sa jupe, elle a un haut le corps, le repousse violemment et s’enfuit en courant vers la maison. Il la regarde partir avec un petit sourire aux lèvres puis prend un chiffon blanc et commence à effacer les traces sur le capot.

 

11 : INT. JOUR MAISON

Geneviève pénètre comme une folle dans le salon, elle est toute rouge

         GENEVIEVE hystérique :
         Maman partons d’ici tout de suite !

         MATHILDE se levant précipitamment :
         Mais ma petite chérie qu’est ce qui se passe ?

         MERE consternée :
         Qu’est ce qu’il vous a dit mon Philippe ?

         GENEVIEVE hurlant :
         Madame votre fils est, est… un goujat !

Elle sort en courant suivie par sa mère

 

12 : EXT. JOUR GARAGE

Philippe est toujours entrain d’astiquer sa voiture quand il voit sa mère arriver vers lui au pas de charge

         MERE furieuse :
         Qu’est ce que tu lui a fais ?

         PHILIPPE calmement :
         Rien, elle voulait savoir si on s’entendrait physiquement

         MERE incrédule :
         Alors tu…tu l’as violée ?

         PHILIPPE :
         Penses tu, sinon elle serait pas revenue si vite

         MERE :
         Mais qu’est ce que t’as fais exactement ?

         PHILIPPE :
Elle m’a allumé alors j’ai passé ma main sous sa jupe, elle avait pas de culotte cette salope, tu te rends compte ?

MERE abasourdie :
Non… T’en es sûr au moins ?

PHILIPPE :
Oh il m’a bien semblé, j’ai été choqué

MERE :
C’est incroyable, mais maintenant que tu me le dis je trouve qu’elle a pas l’air très franche

PHILIPPE :
Ah toi aussi t’as trouvé, tu vois ce petit côté sainte nitouche, il paraît que c’est les pires

MERE :
Oui oui, va savoir où elle traîne une grande fille désœuvrée comme ça, elle t’aurait peut être refilé une maladie

PHILIPPE :
Oh arrête rien que d’y penser j’en ai des frissons partout

Il referme la porte du garage et prend sa mère par le bras pour l’accompagner en direction de la maison

         MERE :
Eh bien après tout ça je suis pas prête de revoir la Mathilde, de toutes façons elle commençait à me bassiner en parlant de sa fille comme de la sainte vierge. Elle ferait bien de la surveiller

         PHILIPPE :
         Je suis désolé pour votre amitié

         MERE :
         Bof, de toutes façons elle essayait toujours de tricher à la crapette

         PHILIPPE :
Eh bien bon débarras, dis après toutes ces émotions je prendrais bien un petit apéro moi, pas toi ?

MERE :
T’as raison mon fils, quand même quand j’y pense, comme on peut se tromper sur les gens parfois

PHILIPPE :
Tu sais dans la politique je vois ça tous les jours…

 

 

 

 

13 : EXT. JOUR PETITE ROUTE

Philippe est au volant de sa voiture et roule sur une départementale bordée de platanes en écoutant de la musique rock. Son portable sonne, il répond

         PHILIPPE :
         -    Oui maman je suis bientôt arrivé, c’est le prochain village

  1. Je commande le tableau et je reviens ce soir
  2. Oui j’aime la blanquette

 

14 : EXT. JOUR CHAMP BORDURE ROUTE

Un vieux paysan sur son tracteur en marche est entrain de se rouler une cigarette. La route lui est dissimulée par un bosquet mais il ne regarde pas et s’engage sans ralentir.

 

15 : EXT. JOUR ROUTE

Philippe quitte la route des yeux pour reposer son portable dans le sac près de lui. En relevant la tête il aperçoit le tracteur qui s’engage sur la chaussée et donne un brusque coup de volant vers la gauche en freinant. Il évite l’engin mais sa voiture saute le fossé et percute un platane. Il sort péniblement et regarde les dégâts : sa roue est tordue et l’avant enfoncé.
        
         PHILIPPE :
         Merde, merde, ma belle voiture

Il s’adresse au paysan qui s’est arrêté un peu plus loin et le regarde calmement

         PHILIPPE :
         Vous avez vu ce que vous avez fait ?

         PAYSAN mettant la main sur son oreille :
         Vous pouvez pas repartir ?

         PHILIPPE :
         En plus il est sourd ! Vous êtes un danger public !

         PAYSAN :
         Oui y’a un garage au village, montez je vous emmène

Philippe va prendre son sac sur la banquette et monte sur le tracteur en râlant.

         PHILIPPE :
         On est loin du village ?

         PAYSAN :
         Oui je le connais bien, c’est lui qui répare mon tracteur

         PHILIPPE :
         Laisse tomber et regarde devant toi !

 

16 : EXT. JOUR VILLAGE 

Philippe saute du tracteur et s’adresse a un gros type couvert de cambouis

         PHILIPPE :
Bonjour Monsieur, ce charmant personnage est sorti de son champ devant moi sans regarder et m’a obligé à percuter un platane

GARAGISTE faisant un signe amical au paysan qui repart :
Ah le père Antoine c’est notre danger public, il est sourd comme un pot et il voit pas à dix mètres. Bon c’est grave les dégâts ?

PHILIPPE :
La roue est tordue et l’avant enfoncé. Vous pouvez faire quelque chose ?

GARAGISTE :
Faut voir… D’abord je remorque, après j’ausculte. C’est quoi comme modèle ?

PHILIPPE :
Un cabriolet Buick de 1960 !

GARAGISTE :
Ouh la, c’est de la belle américaine ça ! Pour les pièces détachées vous me payez le voyage aux USA ?

PHILIPPE :
Oui je sais bien. Ecoutez allons y et vous verrez, c’est sur la route là à trois kilomètres environ

 

GARAGISTE :
Oui, oui je vais y aller après le déjeuner, de toutes façons elle bougera pas.
Allez donc manger un morceau à l’hôtel de la poste là bas et prévoyez une chambre. Je vous la ramène ici, passez me voir dans l’après midi mais comptez pas repartir ce soir

PHILIPPE :
Bon mais prenez en soin, j’y tiens

GARAGISTE souriant :
Faites confiance, j’ai du doigté pour les belles étrangères…

 

17 : INT. JOUR BAR TABAC

Un café provençal avec des tables en bois. Dans l’arrière salle des vieux boivent silencieusement. A une table près de l’entrée et non loin du comptoir quatre hommes d’une cinquantaine d’années jouent aux cartes sous l’œil attentif du gros patron (Gégé)

         NICO :
         Oh Bruno jamais tu joues ?

         BRUNO :
         Attends je me concentre

         DIDIER :
         Eh bé centre toi, con tu l’es déjà

         PAUL :
         Il rêve

         DIDIER :
         Il pense à ta femme

         NICO :
         Et sa femme elle attend le facteur

 

         PAUL :
Oui bah moi ma femme elle va pas une fois par semaine à la ville soit disant chez son coiffeur
NICO :
Même qu’elle en revient toute décoiffée (rires)

PAUL :
Qu’est ce que vous insinuez ?

BRUNO :
On insinue pas on constate

PAUL :
Le coiffeur c’est mon cousin

DIDIER :
Tant mieux ça sort pas de la famille

BRUNO :
Son coiffeur il lui fait bien la raie (rires)

PAUL :
Toi le cocu tu peux parler

BRUNO :
Dites je voudrais mettre fin à un malentendu. En vingt ans de mariage ma femme ne m’a trompé qu’une fois à la ville avec un jeunot. Malheureusement il a fallu que ce con de Didier les aperçoivent et le chante sur tous les toits

NICO :
Eh alors t’as pardonné ?

BRUNO :
J’allais pas la tuer ! Surtout qu’à l’époque j’avais mes calculs (il se touche les reins) et je pouvais pas assurer

GEGE depuis son comptoir :
En fait de calculs j’ai fais les tiens et j’aimerais bien que t’assures ton ardoise

BRUNO :
Lâches moi, j’te paierai en fin de mois comme d’habitude

GEGE :
Je sais avec tes assédics, mais il est long le mois d’Août !

PAUL :
Les limonadiers le mois qu’ils préfèrent c’est Février

DIDIER :
Et les coiffeurs c’est les mois d’été parce qu’ils font aussi le maillot

PAUL :
Moi au moins ma femme elle s’est pas barrée

GEGE :
Avec un étranger en plus

NICO :
Un Bulgare ! Il en passe un dans le coin tous les dix ans et il a fallu qu’il embarque ta femme

DIDIER :
Oui bah je la regrette pas c’était une salope

GEGE :
Ca faut demander à Bruno

BRUNO :
Toi ton ardoise tu peux te l’accrocher

DIDIER :
Qu’est ce qu’il a voulu dire ?

BRUNO :
Rien c’est un alcoolique qui divague

PAUL :
Moi je voudrais pas m’en mêler mais j’ai entendu dire que le Bruno avant ses calculs…

NICO :
Pendant que t’étais allé voir ta mère à Paris…

DIDIER :
Oh et puis je m’en fous, c’est de l’histoire ancienne. Dans le présent j’ai soif, tiens paye moi un verre

BRUNO :
Gégé au lieu de glander mets nous en quatre !

DIDIER abattant une dame :
Celle la elle te la coupe

BRUNO :
T’as vraiment une veine de cocu toi !

Arrivée de Philippe son sac à la main, il s’adresse au patron

         PHILIPPE :
Bonjour Monsieur, le garagiste m’a dit que vous aviez une chambre à louer

GEGE :
Vous êtes tombé en panne ?

PHILIPPE :
Non je roulais tranquillement et tout d’un coup à tracteur a débouché devant moi, pour l’éviter j’ai été dans le fossé et ça a tordu ma roue

NICO :
Tiens le père Antoine a encore fait une victime !

DIDIER :
Tu parles il est myope et sourd comme sa charrue

PAUL :
Une fois par an il en envoie un dans le fossé

BRUNO :
A mon avis il est de mèche avec le garagiste

PHILIPPE :
Ah il a pas regardé du tout, il est sorti comme ça de son champ

NICO :
Vous êtes pas blessé au moins ?

PHILIPPE :
Non juste un peu secoué

PAUL :
Gégé offre lui un Ricard pour moi

PHILIPPE :
Merci Monsieur vous êtes bien généreux

GEGE :
C’est exceptionnel, d’habitude il est plutôt du genre rapiat

PAUL :
Toi sert en silence. Je suppose que votre assurance va dire que vous êtes
totalement en tort
 
PHILIPPE :
Ah ça vous avez raison, la réparation sera pour moi

BRUNO :
Il devrait y avoir une loi contre les chauffards alcooliques

DIDIER :
Ils te retireraient ton permis

GEGE lui donnant une clé :
Bon j’ai une chambre au premier qui sert pas souvent mais c’est propre avec une douche et des vécés

PAUL :
Pour le bar faut descendre

NICO :
Mais les filles faut les faire monter

GEGE :
Dites c’est pas un claque ici

BRUNO :
Dommage ça ferait une distraction dans le pays

GEGE :
Oui mais avec des empêchés comme vous je ferais vite faillite

PHILIPPE :
Bien je monte poser mes affaires et je redescend vous offrir un verre
NICO :
Vous demandez pas le prix de sa suite royale ?

PHILIPPE :
Oh je m’inquiète pas

Il monte par l’arrière du restaurant

PAUL :
Vous êtes pas Bulgare alors ça sera pas cher

DIDIER :
A la vôtre

BRUNO abattant sa dernière carte :
Et dix de der

NICO ramasse les cartes et compte :
90 ; vous la faites celle là, je jouerai pas avec vous tous les jours je croirais que vous trichez

GEGE :
T’inquiètes pas faut être malin pour tricher

PAUL :
C’est comme pour être patron de bistrot

DIDIER :
Faut savoir trafiquer les ardoises

BRUNO :
Et remplir les verres sans renverser

GEGE :
Faut surtout avoir la patience de supporter quatre connards qui déconnent à longueur de journée

NICO :
Il fait le fier parce qu’il a le monopole du village

PAUL :
Ca nous reviendrai moins cher d’acheter notre bouteille et d’aller s’installer chez Bruno
DIDIER :
Ouai  on pourrait jouer au strip poker avec sa femme

BRUNO :
J’ai pas envie de vous voir à poil

PHILIPPE  réapparaissant :
Alors je vous l’offre ce verre

NICO :
Vous tombez à pic mon verre est vide

PAUL à Gégé :
Si monsieur le capitaliste veut bien nous servir cinq jaunes

PHILIPPE à Gégé :
Prenez en un aussi

GEGE :
Je sais pas si je vais accepter de boire avec ces petites gens

DIDIER :
Fais pas ta chochotte ma grosse

NICO :
Asseyez vous le Parisien

PHILIPPE :
Ca se voit tant que ça

BRUNO :
C’est l’accent qui vous trahit

DIDIER :
Une façon d’être

GEGE :
Oui il a l’air bien élevé c’est pas comme vous autres

NICO :
Qu’est ce que vous foutiez sur cette route à part chercher un tracteur ?

 

PHILIPPE :
Je venais ici justement

GEGE :
Oh ça c’est louche parce que y’a rien à faire ici

DIDIER :
Peut être qu’il venait visiter ton estaminet, t’es pas dans le guide bleu ?

PHILIPPE :
Non je venais commander un tableau

PAUL :
Boudu un client à la Françoise !

PHILIPPE :
Vous la connaissez ?

NICO :
On étaient à son baptême, c’est la fille de notre ancien patron

DIDIER :
C’est une belle plante comme on dit

GEGE :
C’est le fils du maire qui l’arrose

PAUL :
Quel petit con celui là !

PHILIPPE :
Vous m’indiquerez où la trouver, pour l’instant j’ai faim, c’est quoi le plat du jour patron ?

GEGE :
De la blanquette

DIDIER :
La même qu’hier

GEGE :
La blanquette c’est meilleur réchauffé

PHILIPPE :
Ca marche, je vous invite à déjeuner

PAUL :
C’est gentil mais Bruno et moi faut qu’on rentre, rapport à nos bourgeoises, on va pas se faire engueuler pour la blanquette à Gégé

BRUNO :

On se revoit après la sieste pour la pétanque.
 

18 : EXT. JOUR RUE & JARDIN

Philippe sonne à un portail en fer et patiente en contemplant une grande bâtisse.
Une belle femme portant une mini robe vient lui ouvrir. Il reste bouche bée.

         FRANCOISE :
         Bonjour, vous désirez ?

         PHILIPPE :
Euh bonjour, vous êtes Françoise De Monsigny ; je suis Philippe Metz, c’est moi qui vous ai appelé hier pour le tableau

FRANCOISE :
Ah oui entrez

Il la suit à travers un beau jardin avec piscine et ils entrent dans une vaste pièce qui sert d’atelier. Il contemple quelques tableaux

         PHILIPPE :
Superbe, j’aime beaucoup ce que vous faites, les couleurs sont d’une fraîcheur et d’une intensité incroyables 

FRANCOISE :
Merci, ce sont des pigments que je fais venir d’Andalousie, il n’y a que là bas qu’on en trouve de si virulents. Je vois que vous avez amené une de mes œuvres

PHILIPPE découvrant son tableau enveloppé dans du papier de soie :
         Oui voilà, pourriez vous m’en faire un plus grand ?

FRANCOISE :
         Plus grand comment ?
PHILIPPE :
         Disons en gros un mètre, un agrandissement de celui ci

         FRANCOISE :
         Vous voulez le même motif ?

         PHILIPPE :
Absolument ; ce tableau me fascine ; comment dire : il me plonge dans un monde de légèreté et de ravissement

         FRANCOISE :
         C’est un effet magique

         PHILIPPE :
Non sans blagues, c’est vrai ce qu’on raconte, que vos tableaux rendent amoureux ?

FRANCOISE riant :
Qu’en pensez vous ?

PHILIPPE :
Bah en vous regardant ça se comprend

FRANCOISE :
Attendez que je vous dise le prix de votre commande, vous allez peut être déchanter

PHILIPPE :
Ca n’enlèvera rien à votre beauté mais dites toujours

FRANCOISE :
15 000 Francs dont un tiers à la commande

PHILIPPE :
12 000 mais je vous paye la moitié en espèces immédiatement (il sort une liasse de billets de sa poche)

FRANCOISE :
J’hésite…

PHILIPPE :
Est ce qu’une invitation à dîner dans le meilleur restaurant de la région emporterait votre décision ?
FRANCOISE :
Vous êtes terriblement convaincant, je me rends…

PHILIPPE :
Si l’on pouvait s’y rendre avec votre voiture ça m’arrangerait, la mienne est en réparation

FRANCOISE :
Pas de problème

PHILIPPE :
Ah et puis si vous pouviez aussi trouver le restaurant, moi je connais pas le quartier

FRANCOISE :
Je vous servirais donc de guide

PHILIPPE :
Avec vous le tourisme est un ravissement, disons vingt heures ici ce soir, ça vous va ?

En guise de réponse elle fait une révérence.
 

19 : EXT. JOUR PLACE VILLAGE

Philippe rejoint le groupe des quatre qui joue à la pétanque sur la place.

         NICO :
Venez on va vous en prêter une belle paire, à la ville vous en avez pas des comme ça
 
         PHILIPPE :
         Merci mais je voudrais pas déséquilibrer vos équipes

BRUNO :
         C’est pas grave on va se la jouer individuelle, ça me permettra de gagner

A ce moment la dépanneuse apparaît sur la place, tirant la voiture de Philippe

PAUL :
         Oh putain t’as vu la caisse ?

         DIDIER :
         C’est une voiture de capitaliste ça

         BRUNO :
         De truand moi je dirais

         NICO :
         Elle est trop belle pour être honnête

La dépanneuse s’approche de leur groupe et le chauffeur s’adresse à Philippe

         GARAGISTE :
Dites j’ai eu du mal à la sortir du fossé tellement elle est lourde, mais elle a pas l’air d’avoir trop morflé 

NICO :
Excusez mais elle est à vous cette bagnole ?

PHILIPPE :
Oui, je suis un truand capitaliste qui aime les voitures de collection

GARAGISTE :
Bon passez me voir quand vous aurez un moment

DIDIER :
Non sans blagues qu’est ce que vous faîtes dans la vie ?

PHILIPPE rigolant :
Ca vous inquiète hein ? Eh bien rassurez vous je suis fonctionnaire

PAUL :
C’est pas une voiture de fonction ça

BRUNO :
S’il est aux finances je vais pouvoir te dénoncer

PAUL :
S’il est aux renseignements généraux je vais lui dire que tu vas plus à la messe

NICO :
Non sans charre, vous faites quoi ? C’est pas qu’on est curieux mais on aime bien savoir avec qui on trinque
DIDIER :
Surtout que vu l’état de votre bagnole on va vous avoir en pension pour la saison

PHILIPPE souriant :
Je travaille à Matignon dans l’entourage du premier ministre

BRUNO :
Ca c’est intéressant  

PAUL :
Pourquoi, tu veux qu’il te fasse sauter ton p.v. pour excès de vitesse ?

NICO :
Penses pas trop tu joueras mieux. Après c’est à vous, vous connaissez le principe du jeu ?

PHILIPPE :
Faut pas sortir de l’ ENA

DIDIER :
Vous avez raison, Saint Cyr serait plus indiqué au point de vue de la stratégie

PAUL :
Lui il était canonnier dans l’armée mais il est pas foutu de tirer correctement, allez applique toi

DIDIER loupe son tir :
C’est le vent qui m’a dévié

NICO :
Alors vous avez vu la Françoise, c’est une belle fille hein ?

PHILIPPE :
Superbe…

BRUNO :
C’était la fille de notre patron, on l’a connu toute petite

PAUL :
Heureusement qu’elle est pas venue sur tes genoux

PHILIPPE :
Vous ne travaillez plus ?

NICO :
Eh non, on est devenus chômeurs longue durée quand l’imprimerie de son père a fermé suite à sa mort, c’est le grand bâtiment à la sortie du village

BRUNO :
Il s’est payé un arbre dans la ligne droite, soit disant qu’il avait bu, mais moi j’y crois pas, il savait trop de choses cet homme là, il allait être élu maire à la place du connard actuel

PHILIPPE :
Et y’a pas eu de repreneur pour votre usine ?

DIDIER :
Paraît il qu’il y avait des dettes, ce qu’on ne croit pas. Puis après le préfet a promit qu’il y aurait une subvention, mais on en a jamais vu la couleur

PAUL :
Nous on pense que c’est le maire et le préfet qu’on magouillé un truc pas catho, parce que la subvention elle a bien existé vu qu’ils avaient commencé des travaux de rénovation. Puis un beau jour le maire y nous convoque tous comme quoi on ferme parce que le ministère de l’équipement qu’était notre principal client est allé se faire imprimer ailleurs. C’est un peu gros non ?

PHILIPPE :
Vous savez tout ça c’est politique, on vous dit pas toujours la vraie raison

BRUNO :
Vous causez, mais pendant ce temps là, y’en a qui marquent des points, heureusement que je suis là. (Il dégomme une boule bien placée)

DIDIER :
Allez à vous maintenant, tachez de perdre j’ai plus de quoi m’offrir un verre

Philippe s’applique mais sa boule heurte un caillou et part sur le coté

         DIDIER :
Vous êtes un frère, y’a qu’un seul caillou sur le terrain et vous l’avez visé pour pouvoir m’arroser ; ça c’est de la délicatesse
           PHILIPPE :
         Ou de la maladresse

         NICO :
Peut être qu’il est plus doué pour la musique, vous devriez venir nous voir demain soir, on répète dans la cave à Gégé

PHILIPPE :
Vous faites partie d’un orchestre ?

PAUL :
Ouais on a monté une petite formation pour faire les bals de la région

PHILIPPE dubitatif :
Vous jouez quoi comme genre de musique

BRUNO :
Rassurez vous c’est pas parce qu’on est bientôt à la retraite qu’on fait dans la musette

DIDIER :
Non nous on est rock mec, génération Animals et Chaussettes Noires

PHILIPPE admiratif :

Comptez sur moi je veux pas louper ça 
 

20 : EXT. JOUR GARAGE

Philippe pénètre dans le garage et se dirige vers sa voiture dont le capot est ouvert. Le garagiste survient

         GARAGISTE :
         Ah vous voilà, dites j’ai examiné la bête elle peut survivre

         PHILIPPE :
         Votre diagnostic me réchauffe le cœur

         GARAGISTE :
         Par contre ça risque d’alléger votre portefeuille

         PHILIPPE :
         Attention, j’ai de l’affection pour cette voiture mais pas de l’amour fou

         GARAGISTE :
Vous avez tort car quand on lui soulève le capot on voit qu’elle a toujours ses 300 chevaux

PHILIPPE :
Bon que dit le vétérinaire ?

GARAGISTE :
La carrosserie ça ira, si je trouve la même peinture elle aura un beau lifting, non ce qui m’emmerde c’est l’essieu qu’a morflé, là va falloir que je joue au maréchal ferrant pour le redresser

PHILIPPE :
Vous pouvez faire ça ?

GARAGISTE :
Bah ça sera pas la première fois, z’avez de la chance dans votre malheur, des artisans comme moi y’en a plus beaucoup, surtout qu’on peut les payer en liquide

PHILIPPE :
Je vois, mais vous pourriez pas tout bonnement le remplacer cet essieu ?

GARAGISTE :
J’y ai pensé croyez moi, mais venez voir par ici

Il l’entraîne dans une dépendance qui se termine en terrain vague

         PHILIPPE :
         C’est votre casse personnelle, votre réservoir à pièces détachées ?

         GARAGISTE :
Exact, regardez celle là, l’essieu est presque le même que le votre, le seul problème c’est qu’il a eu le même accident

PHILIPPE admiratif :
Ca alors, une Delahaye, c’est vachement rare

GARAGISTE :
Si c’est pas malheureux hein de la voir comme ça ? C’est la voiture de l’ancien patron de l’imprimerie, il a eu moins de chance que vous, pourtant il s’est payé presque le même arbre et sur la même route

PHILIPPE :
Oui les gars du café m’ont raconté l’histoire, il paraît qu’il avait trop bu

GARAGISTE :
Ouais c’était leur patron, ils l’aimaient bien. Quand à avoir trop bu, tout le monde sait que le sieur De Monsigny, pour le saouler il aurait fallu y aller au tonneau. Enfin c’est ce qu’a conclu le semblant d’enquête qu’il y a eu sur le moment. Moi on m’a appelé pour que j’aille ramasser l’épave et j’attendais que la police vienne l’examiner. Penses tu ! Un jour j’ai demandé aux flics et y m’on dit que le préfet avait classé l’affaire

PHILIPPE :
Et sa fille elle a jamais voulu la récupérer ?

GARAGISTE :
Non elle avait trop de chagrin, un jour elle m’a téléphoné pour me dire que je pouvais en faire ce que je voulais à condition qu’elle la revoie pas, alors depuis elle reste là

PHILIPPE :
Et vous pourriez la réparer ?

GARAGISTE :
Bah comme la vôtre, à part que j’hésite

PHILIPPE : 
Pourquoi, si je vous trouve un acheteur ?

GARAGISTE :
Bah voyez à cause de votre essieu je me suis penché sous celle la pour l’examiner pour la première fois et j’ai vu un truc qui me plaisait pas

PHILIPPE :
C’est à dire ?

GARAGISTE :
Cette voiture c’est moi qui l’entretenait et si elle a été dans un arbre c’est que la direction a cassé

PHILIPPE :
D’après vous c’est possible ?

GARAGISTE :
Oui il suffit de savoir se servir de ça (il lui montre une scie à métaux)

PHILIPPE :
Vous allez prévenir la police ?

GARAGISTE :
J’hésite, je tiens à ma peau moi

PHILIPPE :
Oui je comprend. Bon pour l’instant occupez vous de réparer la mienne et gardez ça pour vous. Faut que je compte combien de temps ?

GARAGISTE :
Oh trois quatre jours, vous restez dans le coin ?

PHILIPPE :

Oui, je serai à l’hôtel, je vais prévenir ma mère…
 

21 : INT. NUIT RESTAURANT CHIC

Philippe et Françoise sont attablés

PHILIPPE :
Si je comprend bien vous êtes seule au monde ?

FRANCOISE :
Oui ma mère est morte du cancer quand j’avais 16 ans et mon père il y a deux ans dans un accident de voiture

PHILIPPE :
Parlez moi un peu de lui

FRANCOISE :
Oh je l’adorais, c’était un homme volontaire mais généreux, tout le monde le respectait, à commencer par ses employés et les gens d’ici. Il serait sans doute maire à l’heure qu’il est s’il n’avait pas eu ce stupide accident

PHILIPPE :
Etes vous sûre que c’en était un ?

FRANCOISE :
Pourquoi dites vous cela ?

PHILIPPE :
Oh comme ça, les gens parlent vous savez, beaucoup ont du mal à croire qu’il avait trop bu ce soir là

FRANCOISE :
Je vois que vous avez des relations au Café de la Place, ces pauvres gars sont pleins d’amertume d’avoir perdu leur boulot alors ils bavassent

PHILIPPE :
Cela n’empêche que je ne m’explique pas pourquoi l’imprimerie a fermé

FRANCOISE :
On m’a dit qu’il y avait un gros trou dans la caisse, mon père était bon vivant et surtout joueur vous savez

PHILIPPE :
On m’a parlé d’une subvention qui devait permettre de redémarrer l’affaire

FRANCOISE :
Décidément vous en savez des choses, effectivement il y a eu une petite aide de la région qui a permit de faire quelques travaux de rénovation mais les commandes du ministère ont disparues subitement alors tout a fermé d’un seul coup

PHILIPPE :
Le maire et le préfet n’ont rien fait ?

FRANCOISE :
Non, mais dites moi c’est un véritable interrogatoire que vous me faites subir, c’est pas des souvenirs agréables vous savez

PHILIPPE :

Oh excusez moi, mais j’aime bien comprendre les choses. Soit parlons peinture maintenant, ça sera plus gai…
 

22 : INT. VOITURE NUIT ROUTE DESERTE

Françoise conduit avec Philippe à ses cotés. Soudain ils voient apparaître le phare d’une moto qui semble foncer vers eux

         PHILIPPE :
         Qu’est ce que c’est que ça ?

         FRANCOISE :
         Je crois le savoir

La moto les évite au dernier moment, les dépasse puis fait demi tour pour les suivre à distance

         PHILIPPE :
         Ah je devine, c’est votre chaperon, le fils du maire

         FRANCOISE :
Décidément vous savez tout. Je devais le voir ce soir mais il n’a pas apprécié d’être décommandé

PHILIPPE :
Vous êtes sa chasse gardée apparemment

FRANCOISE :
Je n’aime pas que vous parliez comme ça. Je suis une femme libre et ceci est ma vie privée

PHILIPPE :
Vous avez raison. C’est vrai ça, qu’est ce que c’est que ce parisien qui vous connaît à peine et qui se permet de s’immiscer dans une dans une relation durable basée sur l’affection, le respect et les bonnes manières !

FRANCOISE :
Foutez vous de moi en plus, vous trouvez que j’ai pas assez de problèmes comme ça ?

PHILIPPE :
Quels problèmes ? Si vous voulez vous arrêter pour lui faire un bisou sur son bon casque rutilant, ne vous gênez pas pour moi, je peux rentrer à pieds

 

FRANCOISE :
Je vais vous déposer à votre hôtel

PHILIPPE :
Ah bon ; j’ai pas le droit au dernier verre avec feu de cheminée et chandelles vacillantes ?  N’oubliez pas que je suis votre plus gros client

FRANCOISE :
Justement cher Monsieur, nos rapports doivent rester strictement commerciaux

PHILIPPE :
Mais c’est bien ainsi que je l’entendais chère Madame, ce fut un plaisir de dîner en votre délicieuse compagnie, vous qui êtes si belle et si spirituelle

FRANCOISE :
N’en jetez plus vous pourriez m’émouvoir. Heureusement voilà votre hôtel

PHILIPPE se retournant :
Votre garde chiourme est toujours là. Qu’est ce qui se passerait si je vous sautais dessus ?

FRANCOISE :
Il vous sauterait dessus

PHILIPPE ouvrant la portière :
C’est bien ce que je pensais, mais je suis non violent, (tout bas) bisous ma chérie je vais rêver de vous. (tout haut) : allez tchao Françoise à un de ces quatre. (Se tournant vers le motard arrêté à 20 mètres) : voilà je vous la rend toute propre, bonne soirée les amoureux.

La voiture redémarre toujours suivie par la moto. Philippe fait quelques pas vers la porte de l’hôtel puis voyant que les véhicules ont disparus il se hâte de suivre leur direction…

 

23 : EXT. NUIT JARDIN VILLA

Philippe arrive en marchant rapidement aux abords de la villa de Françoise. La voiture et la moto sont garées devant. Il entre discrètement dans le jardin et se dirige vers une fenêtre éclairée et ouverte. A l’intérieur Françoise fait les cents pas en s’adressant au motard (la trentaine, figure carrée, cheveux ras)
FRANCOISE :
Franchement Jérome t’es ridicule de faire un cirque pareil, je passe pour quoi moi ?

JEROME :
Il me plaît pas ce mec

FRANCOISE :
Mais enfin c’est juste un client qui m’a commandé un grand tableau

JEROME :
Justement c’est bizarre, il t’a posé beaucoup de questions ?

FRANCOISE :
Oui plein, il voulait surtout savoir si t’étais un bon coup

JEROME :
Te fous pas de ma gueule. Est ce qu’il t’a parlé de l’usine ?

FRANCOISE :
Un peu comme tout le monde ici, qu’est ce qu’il y a de mal à ça ?

JEROME :
T’es sûre que c’est pas un flic ?

FRANCOISE :
Non il est trop bien élevé pour ça ; et quand bien même on a rien à cacher ?

JEROME :
En tous cas je t’interdis de ressortir avec lui

FRANCOISE :
Dis donc Jérome, c’est pas parce que tu m’as baisée quelques fois qu’il faut croire que tu peux diriger ma vie. Réponds à ma question : est ce qu’il y a quelque chose que je ne sais pas à propos de la mort de mon père ?

JEROME :
Qu’est ce que tu vas chercher c’était un accident non ?

 

FRANCOISE s’énervant :
Oui c’est ce qu’ont dit ton père, le préfet et les gendarmes qu’ont même pas fait d’enquête, mais lui…

JEROME l’agrippant :
Qu’est ce qu’il t’a dit ce connard ?

FRANCOISE :
Rien, il a juste posé la question

JEROME la giflant :
Quelle question ?

FRANCOISE au bord des larmes :
Est ce que c’était un accident

JEROME la regiflant :
Et toi qu’est ce que t’as répondu salope (il la pousse par terre, elle éclate en sanglots puis se redresse en hurlant)

FRANCOISE :
Sors de ma maison salaud ou j’appelle les flics

JEROME :
Les flics ils me diront rien à moi. Mais je me casse car t’es même plus baisable. En tous cas ton parigot il a intérêt à faire gaffe à sa peau

Il sort en claquant la porte et passe à quelques mètres de Philippe qui se cache
dans l’ombre. On entend sa moto démarrer rageusement. Françoise pleure.

Philippe hésite, va pour s’en aller, puis il fait demi-tour et enjambe la fenêtre.

 

24 : INT. NUIT VILLA

Françoise le regarde surgir d’un air ahuri.

PHILIPPE :
Bah alors vous en avez des malheurs ? Je vous laisse cinq minutes et je vous retrouve en pleurs

         FRANCOISE :
         Qu’est ce que vous faites là ?

         PHILIPPE :
Voyez vous je ne pouvais pas dormir tellement vous m’avez envoûté, alors je suis sortis faire un tour et mon oreille a été attirée par un bruit de dispute

FRANCOISE :
Vous avez tout entendu n’est ce pas ?

PHILIPPE souriant :
C’est possible. J’ai bien aimé quand vous lui avez dis : c’est pas parce que tu m’as baisé quelquefois que tu peux diriger ma vie. Ca c’est du grand art : la petite touche de vulgarité juste là où il faut

FRANCOISE :
Vous me feriez presque rire si j’avais pas si mal (elle touche sa joue)
         La vache deux fois au même endroit

         PHILIPPE :
Oui la prochaine fois on lui demandera d’équilibrer. Attendez je vais vous chercher de la glace

Il fonce vers la cuisine, sort des glaçons qu’il étale dans un torchon qu’il roule ; puis il se ravise et saisissant deux verres y met deux glaçons et roule à nouveau le torchon. Il regagne le salon avec le tout et lui tend le torchon qu’elle applique

 

         FRANCOISE :
         Merci, bonne idée servez nous un verre, whisky pour moi, le bar est là

         PHILIPPE :
         Je bois à votre prompt rétablissement

         FRANCOISE :
         Oh je dois être affreuse

         PHILIPPE :
         Pas du tout, pour moi vous êtes merveilleuse, brillante de mille couleurs

         FRANCOISE :
Oui rouge pour l’instant, bleu ensuite. N’empêche je ne comprend pas sa réaction, on dirait qu’il avait peur, vous êtes pas flic c’est sûr ?

 

PHILIPPE :
Mais non vous savez bien. Il a eu une réaction épidermique de jeune jaloux, il cherchait un prétexte pour se venger d’avoir été délaissé

FRANCOISE :
Avec vous tout paraît simple, c’est rassurant

PHILIPPE :
Mais oui n’y pensez plus, il fera jour demain

FRANCOISE :
Formidable et à quoi devrais je penser ?

PHILIPPE la prenant par la taille :
A moi tout simplement

FRANCOISE :
Vous êtes le héros qui arrive au bon moment pour consoler la jeune fille traumatisée

PHILIPPE :
Le rôle me plaît assez

FRANCOISE le dévisageant :
Entre nous ça durera le temps d’un film. Quand votre voiture sera réparée vous quitterez la région et vous m’oublierez

PHILIPPE :
Pas du tout, vous dramatisez

FRANCOISE :
Enfin ce qui me console c’est que vous aurez mon tableau pour vous rappeler de moi

PHILIPPE se penchant pour l’embrasser :
J’aurais beaucoup plus que ça

FRANCOISE :

De toutes façons j’ai envie de vous. (C’est elle qui l’embrasse…) 

25 : JOUR PLAN ALTERNE BUREAU / EXTERIEUR

Loisan somnole derrière son bureau. Il sursaute quand le téléphone sonne et décroche
        
         LOISAN :
         Oui j’écoute

         PHILIPPE qui appelle d’un portable en marchant dans la campagne :
         Salut Paul, alors ça se passe bien ?

         LOISAN :
Ah j’arrête pas, il m’a laissé plein de boulot, heureusement il est parti hier ; et toi ces vacances ?

PHILIPPE :
Je me balade en cherchant des idées pour notre cher premier ministre. A ce propos j’aurais besoin que tu te renseignes sur une subvention qui aurait été accordée y’a deux ans aux imprimeries Monsigny dans l’Ardèche. Regarde le montant et ce que ça a donné

LOISAN :
Sans blagues t’es dans l’Ardèche, avec ta mère ?

PHILIPPE :
Arrêtes je me suis sauvé au bout de deux jours, elle voulait me faire rencontrer toutes les jeunes filles à marier du département

LOISAN :
Ah, ah , alors tu visites la France profonde ?

PHILIPPE :
Ouais et d’ailleurs j’ai pensé à toi. Imagine qu’on m’a parlé d’un vieux bonhomme qu’aurait une Delahaye, bon il veut pas la vendre mais si je lui forçais un peu la main, qui sait…

LOISAN :
Putain c’est mon rêve, vas y fonce

PHILIPPE :
Tu peux mettre jusqu’à combien ?

LOISAN :
Bon disons 80 000 Francs si elle est en bon état

PHILIPPE :
Ok , je m’en occupe, allez on se rappelle ; tchao…

 

26 : EXT. JOUR ABORDS VILLAGE

Philippe rentre son portable dans sa poche, il est sur une esplanade poussiéreuse aux limites du village. Un grondement de moteur le fait se retourner. Il voit foncer sur lui deux motos conduites par des individus casqués. Il est d’abord indécis croyant qu’elles vont s’arrêter, mais au dernier moment il fait un saut de coté pour les éviter. Il essaye de fuir mais il est pourchassé. Il court en zizaguant et est obligé à plusieurs reprises de plonger dans la poussière. Il avise un bâton et s’en empare pour désarçonner un premier motard. Celui ci à terre il saute sur sa moto et se lance à la poursuite de l’autre en criant :

         PHILIPPE :
         Je t’ai reconnu Jérome, espèce de lâche !

Jérome s’enfuit et Philippe le poursuit dans les rues, mais il se fait semer.
Philippe revient sur l’esplanade mais l’autre motard a disparu, il repart.

 

27 : EXT. JOUR BAR TABAC

Philippe arrive devant la terrasse où sont attablés ses quatre copains. Il descend de moto et se dirige vers eux en s’époussetant.

         NICO :
         Tiens voilà l’aventurier, vous êtes tombé ?

         PHILIPPE :
J’ai été agressé par deux motards qui voulaient m’écraser. J’ai réussi à en faire tomber un et j’ai poursuivi l’autre mais il s’est tiré. Vous savez à qui est cet engin

DIDIER :
Je veux qu’on la connaît cette saloperie de moto. C’est celle d’Emile, le demeuré qui traîne toujours avec Jérome

PHILIPPE :
Le fils du maire c’est ça. Alors ça devait être lui sur l’autre moto

BRUNO :
Drame de la jalousie. Il vous en veut à cause de cette nuit

PAUL :
Gégé amène-lui un Ricard, la poussière ça dessèche

PHILIPPE :
Qu’est ce que vous me parlez de cette nuit ?

NICO rigolant :
Gégé nous disait tout à l’heure que vous êtes le client idéal : on vous loue une chambre et vous couchez pas dedans, ça limite les frais de lingerie

DIDIER :
Vu qu’hier soir vous êtes sorti avec la Françoise, on a déduit

PHILIPPE :
Comment vous savez tout ça ?

BRUNO :
Eh ici c’est la France profonde, on sait ce qu’il y a dans le slip des gens

PAUL :
Bah le tien il est pas propre

NICO :
Dites, vous voulez pas nous raconter un peu pour la Françoise ?

DIDIER :
Ouais juste quelques détails

BRUNO :
Ou quelques positions

PHILIPPE :
Voyons messieurs je suis un gentleman

NICO :
Et nous on est des curieux
PHILIPPE :
Je ne vous demande pas ce que vous faites avec la crémière

DIDIER :
Avec elle c’est pas compliqué, c’est toujours pareil

PAUL :
Un coup devant, un coup derrière (ils rient)

NICO :
Qu’est ce que vous allez faire avec cette moto ?

PHILIPPE :
J’attend que son propriétaire vienne la rechercher

BRUNO :
Vous prévenez pas la police ? Remarquez ça servirait à rien

DIDIER :
Tiens quand on parle du loup

Une voiture de gendarmerie apparaît gyrophare tournant et stoppe devant eux

GEGE :
Ah voilà la maréchaussée qui vient se désaltérer

Quatre gendarmes descendent de voiture et se dirigent vers eux

         GENDARME 1 :
         Monsieur au nom de la loi je vous arrête

         PHILIPPE :
         Pourquoi ça ?

         GENDARME 2 :
         Pour le vol de cette moto (il la désigne)

         NICO :
         C’est incroyable ça, c’est lui qu’on agresse et on veut l’arrêter

         GENDARME 1:
Restez en dehors de tout ça vous autres, vous pourrez être cités comme témoin. Qu’on passe les menottes au suspect

DIDIER :
Y’a intérêt qu’on veut témoigner, ah elle est belle la justice Française

GENDARME 1 :
Attention ou je vous fais inculper d’outrage à agent

GEGE :
Allez les gars buvez un verre on va discuter

GENDARME 2 :
Je note que le suspect et sa bande sont épris de boisson

PAUL :
Arrêtes Lucien je t’ai jamais vu boire de l’eau minérale

PHILIPPE :
Vous inquiétez pas les gars j’ai des relations

Les gendarmes l’embarquent sous les sifflets

         GENDARME 1 :
Ne touchez pas à cette moto c’est une pièce à conviction, son propriétaire viendra la récupérer

NICO :
Oh vous inquiétez pas on va la garder

PAUL :
Philippe vous laissez pas faire !

La voiture de gendarmerie redémarre

         BRUNO :
         Quel enfoiré ce maire, c’est lui qu’a organisé tout ça

         NICO :
         Gégé t’as un pic à glace ?

         GEGE :
         Tu veux te faire les ongles ? Tiens (il lui en tend un)

Nico se dirige tranquillement vers la moto dont il crève le réservoir à la base, l’essence s’écoule sur la chaussée

         NICO :
         Eh elle a été accidentée cette moto, peut être que le réservoir était percé

         DIDIER :
         C’est sûr on est témoins

         PAUL :
         Tiens file moi un cigare Gégé
        
         GEGE :
         Eh déconnez pas trop les mecs

Une moto apparaît avec Jérome et Emile. Celui ci descend et s’approche de son engin

         BRUNO :
         Tiens voilà les victimes

         PAUL :
         Gégé ils sont dégueulasses tes cigares

Il le jette dans la flaque d’essence qui embrase la moto. Emile recule vivement

         NICO :
         Quel dommage une si belle moto, ça doit être la chaleur

         DIDIER :
         Gégé t’as pas un extincteur ?

         GEGE qui ne bouge pas :
         Je le cherche

Emile remonte derrière Jérome qui redémarre

         EMILE montrant le point :
         Bande d’enfoirés vous me le paierez

         PAUL :
         C’est ça envoie la note ici
Quand la moto a disparu Gégé sort un siphon et va éteindre l’incendie.

 

28 : INT. JOUR GENDARMERIE

Philippe est assis devant un gendarme qui pianote sur un ordinateur

         GENDARME :
         Bon on va faire les choses dans les règles, je vais prendre votre déposition

         PHILIPPE :
         Si vous pouviez m’enlever vos bracelets, les bijoux c’est pas mon genre

         GENDARME se levant et le délivrant :
Pas de problème, par contre si vous tentiez de vous évader ça nous ferait un peu d’exercice, on a pas trop l’occasion de s’entraîner au tir par ici

PHILIPPE :
Comptez pas sur moi je suis pas sportif pour deux sous

GENDARME :
Ouais, vous préférez les balades en moto

PHILIPPE :
Cette histoire est ridicule

GENDARME :
Pas de commentaires ! Je vais d’abord noter votre état civil et après vos aveux. Je vous signale que si vous avez quelques hésitations on a ici un brigadier qu’est un ancien de l’Algérie et qui n’a pas son pareil pour obtenir les aveux qu’on veut

PHILIPPE :
Mais c’est des menaces que vous me proférez là !

GENDARME :
Pas de grands mots, c’est un conseil d’ami, à moins que vous soyez maso

PHILIPPE :
La torture fait partie de vos méthodes ?

GENDARME :
Je préfère le mot persuasion. Surtout que dans votre cas on est couvert en haut lieu, alors je vous conseille de vous allonger sans chichi. Bon assez palabré, nom, prénom, profession

PHILIPPE :
Metz Philippe, divisionnaire hors cadre détaché auprès du Premier Ministre

GENDARME :
Pas si vite, vous écrivez comment hors cadre, a u r…

PHILIPPE :
H o r s

GENDARME :
J’ai pas compris votre profession

PHILIPPE :
Il vaut mieux que je vous montre ma carte tricolore

Il sort une carte tricolore de sa poche et la balance sous le nez du gendarme qui l’examine d’un air soupçonneux puis se lève précipitamment pour ouvrir une porte et parler à l’extérieur

GENDARME :
Chef on a un problème !

CHEF (gros lourdaud qui arrive en relevant ses manches et rigolant)
Ah, ah, le suspect refuse d’avouer ?

GENDARME :
Euh non, c’est rapport à sa profession (il lui tend la carte)

CHEF l’examinant :
Euh, bon, elle à l’air fausse. Téléphonez à l’hôtel maquignon et demandez s’ils connaissent un individu louche qui porterait son nom
 
PHILIPPE :
Je vais vous donner le numéro

CHEF :
C’est ça et puis on va tomber sur un complice, on me la fait pas à moi, cherche dans le bottin

GENDARME :
Je regarde à hôtel ?
PHILIPPE :
Non à administrations

GENDARME :
Ah mais c’est à Paris ça, on a pas le bottin de Paris

CHEF :
Beh appelle les renseignements, il faut que je pense à tout ici

PHILIPPE rigolant :
C’est le douze, un et deux

CHEF :
Vous faites pas le mariole parce que si on a le moindre doute je m’occupe de vous

GENDARME téléphonant :
Bonjour madame, ici la gendarmerie de Privas

CHEF :
Elle s’en fout de qui tu es

GENDARME :
Pouvez vous me passer l’hôtel Matignon à Paris. Oui branchez moi.
Bonjour l’hôtel Matignon, ici la gendarmerie de Privas, est ce que vous avez chez vous un suspect du nom de Philippe Metz ? Ah il est en vacances  

CHEF :
Tiens, tiens, comme par hasard

PHILIPPE :
Evidement puisque je suis là

GENDARME :
Vous pouvez me passer son supérieur hiérarchique. Ah le Premier Ministre est en vacances aussi

CHEF :
C’est un complot

GENDARME :
Vous me passez celui qui assure l’intérim

CHEF :
Tu parles, un intérimaire on va être bien renseigné

GENDARME :
Oui bonjour monsieur Moisan, est ce que vous connaissez un certain Philippe Metz ? Ah c’est votre chef. C’est un grand blond, oui une rolex au poignet, il est là je vous le passe

PHILIPPE s’emparant du téléphone :
Salut Loisan, imagine que je suis à la gendarmerie de Privas et qu’on m’accuse d’un vol de moto. Non une seule, c’est pas une Harley Davidson, rigole pas c’est pas une blague. Par contre ici ils ont de drôles de méthodes, je pense qu’une petite inspection leur ferait du bien. Je te les repasse…

GENDARME reprenant l’appareil :
Oui Monsieur, oui il est là, je vous le passe immédiatement

Il passe le combiné à son chef avec un grand sourire

         CHEF prenant le téléphone avec méfiance :
Oui monsieur, oui le Premier Ministre, oui je comprend, un malentendu      certainement, oui nous le relâchons tout de suite, regrettable effectivement, mes respects monsieur. (il raccroche) Bon vous êtes libre

PHILIPPE :
C’est moi qui ai des questions à vous poser maintenant

CHEF :
A propos de quoi

PHILIPPE :

A propos d’un certain Maire et d’un certain accident de voiture… 

 

29 : EXT. JOUR GARAGE VILLAGE

La voiture des gendarmes s’arrête devant le garage, ils sont trois à en descendre plus Philippe

         GARAGISTE :
         Ah ils vous ont relâché, y aurait il une justice dans ce pays ?

         PHILIPPE :
         Ces messieurs sont venus examiner la Delahaye

         GARAGISTE :
         Eh bien les ennuis vont commencer, qui m’aime me suive

Il les entraîne au fond de son établissement

         GENDARME :
Nous faisons cette enquête à titre discrétionnaire puisque aucune plainte n’a été déposée. Donc vous n’êtes pas obligé de nous assister

GARAGISTE :
Puisque vous êtes là… Lequel d’entre vous plonge sous la suspecte avec l’appareil photo ?

GENDARME :
Vas y toi t’es le plus maigre

GARAGISTE :
Attention à pas salir votre bel uniforme, regardez l’essieu sur la gauche

Le gendarme s’allonge sur une planche à roulettes et s’enfonce sous la voiture

         PHILIPPE :
         C’est pas tout ça mais ma voiture elle sera prête quand ?

         GARAGISTE rigolant :
Maintenant que vous êtes sorti de prison je vais la continuer, laissez moi jusqu’à la fin de la semaine

PHILIPPE dont le portable sonne :
Ok, ah excusez moi

Il sort du garage pour répondre

  1. Oui Loisan, grâce à toi ils m’ont relâché, ok tu peux me parler
  2. Une subvention de 10 millions de francs t’es sûr ?
  3. Donc après la préfecture, elle a disparu dans la nature
  4. Ouais je m’en occupe et je te rappelle

 

On aperçoit au loin Jérome, assis sur sa moto arrêtée, qui observe la scène.
30 : INT. NUIT CAVE VOUTEE

Philippe descend les marches, on entend l’instrumental d’un vieux standard du rock. On découvre la bande des quatre avec Paul à la batterie, Didier au saxo, Nico et Bruno à la guitare électrique.
En le voyant débarquer ils s’arrêtent de jouer un par un.

         NICO :
         Ca alors vous êtes déjà dehors

         DIDIER :
         On voulait aller vous voir demain

         BRUNO :
         Comment ça se fait ?

         PHILIPPE :
         J’ai pu donner un coup de fil à la bonne personne
        
PAUL :
         Putain ça sert d’avoir des relations

         NICO :
         Evidemment toi tu connais que l’amant de ta femme

         PHILIPPE :
         Dites j’ai vu la carcasse de la moto, c’est vous qu’avez fait ça ?

         DIDIER :
         On a bien rigolé

         BRUNO :
D’ailleurs on devrait vous remercier car depuis que vous êtes là qu’est ce qu’on se marre

PAUL :
C’est mieux que le Club Med

NICO :
Vous sauriez pas chanter par hasard ?

PHILIPPE :
Dans ma jeunesse je chantais dans un groupe de rock comme vous
BRUNO :
Celle la vous la connaissez ?

Il joue un riff à la guitare, Philippe acquiesce et s’empare du micro, la groupe se met à jouer…

 

31 : INT. NUIT MAISON FRANCOISE

Elle ouvre la porte à Philippe et se jette dans ses bras, ils s’embrassent.

         FRANCOISE :
         Je t’attendais

         PHILIPPE :
         J’ai été un peu retardé, on a fait de la musique, c’était super

FRANCOISE :
         Tu veux boire un verre ?

         PHILIPPE :
         Après, d’abord j’ai eu un peu chaud, je voudrais prendre une douche

         FRANCOISE :
         Viens on se fait un bain de minuit dans la piscine

Ils se déshabillent et plongent nus dans la piscine. Petit à petit ils se rapprochent, s’enlacent et commencent à faire l’amour.
Plus tard ils sont en peignoir de bain et boivent un verre assis dans un fauteuil.

         FRANCOISE :
         Tout de même ça devient délirant cette histoire…

Soudain la lumière s’éteint

         PHILIPPE :
         Qu’est ce qui se passe ?

On voit apparaître une ombre casquée pointant un revolver. Philippe se jette en arrière mais Francoise se lève. Deux coups de feu partent, elle s’écroule. Puis on tire en direction de Philippe qui se redressant à demi jette un vase sur l’agresseur. Celui ci explose sur le casque, le tireur chancelle. Philippe en profite pour sortir en courant de la maison, les balles fusent autour de lui. Il traverse le jardin en zigzaguant, saute la haie et se retrouve dans la rue.

 

32 : EXT NUIT RUES VILLAGE

Une voiture arrive vers lui et la porte s’ouvre.

         NICO :
         Montez !
        
         PHILIPPE s’exécutant :
         Foncez. Qu’est ce que vous foutez là ?

         NICO :
         Je rentrais chez moi et j’ai croisé la moto, j’ai eu l’idée de le suivre

         PHILIPPE se retournant :
         Merde il nous poursuit à moto, essayez de le semer

         NICO :
         C’est une Clio que j’ai, pas une Porsche

La poursuite s’engage à travers les rues désertes, la voiture vire et revire,
mais rien n’y fait, la moto se rapproche et les tirs reprennent.
Soudain un pneu éclate et la voiture fait une embardée…

         NICO :
         Merde il m’a dégommé un boudin ce con !

         PHILIPPE :
         Faites lui face

La voiture pivote sur elle même. A quelques dizaines de mètres la moto s’arrête et le motard ajuste son tir.

         NICO :
         Putain il va nous flinguer !

         PHILIPPE :
         Foncez dessus !

 

Les pneus crissent, des balles font éclater le pare-brise. Nico sursaute et s’écroule sur son volant. La voiture part sur la gauche mais Philippe agrippe le volant et projette la voiture sur la moto. Le choc est terrible, le motard est projeté en l’air et retombe sur la tête, on entend un craquement sinistre. La moto et la voiture s’écrasent contre un mur. Philippe sort péniblement de la voiture, en fait le tour et ouvre la porte de Nico qui a reçu une balle juste au dessus du cœur, mais il bouge en rouvrant les yeux. Puis il se dirige vers le motard qui lui reste inerte, on reconnaît Jérome, du sang lui sort de la bouche. Philippe secoue la tête et reste là en peignoir les bras ballants, on entend dans le lointain une sirène de police.

 

33 : INT. JOUR HOPITAL
        
Françoise est sous perfusion, son visage est pâle mais il s’illumine quand Philippe entre dans sa chambre portant un énorme bouquet de fleurs.

FRANCOISE :
Oh mon amour, j’ai eu de la chance tu sais

PHILIPPE :
Oui le médecin m’a dit que la balle avait glissé sur une côte

FRANCOISE :
Dans quelques jours je serais sortie

PHILIPPE :
J’espère bien car j’ai des projets pour toi

FRANCOISE :
Quel genre de projets ?

PHILIPPE :
Du genre à long terme

Il sort de sa poche un écrin qu’il lui tend. Elle l’ouvre, contemple la bague, la passe à son doigt, la regarde puis son visage se crispe et elle éclate en sanglots. Il la serre contre lui.

 

34 : INT. JOUR AUTRE CHAMBRE HOPITAL

On entend des rires quand Philippe pousse la porte. Ils sont là tous les quatre.

         DIDIER :
         Arrêtez vous allez le fatiguer

         PAUL :
         Justement on parlait de vous

         PHILIPPE :
         Salut les gars qu’est ce que vous disiez ?

         NICO :
         Ils se demandaient si vous aviez un slip sous votre peignoir
        
BRUNO :
         Moi j’ai parié que non

         PHILIPPE :
         Vous avez gagné. Comment va le blessé ?

         NICO :
Oh c’était un petit calibre, la balle m’a traversé la poitrine sans faire trop de dégâts

PHILIPPE :
En tous cas vous m’avez sauvé la vie. Tenez…

Il lui tend un petit paquet plat. Nico le regarde et l’ouvre, découvrant une clé et un porte cartes.

         PAUL se penchant :
         Qu’est ce que c’est ?

         PHILIPPE :
         Une Clio toute neuve, je lui devais bien ça

         DIDIER :
         T’aurais du te planter avec une Jaguar…

         NICO :
         J’aurais pas eu de quoi payer l’essence
BRUNO :
         C’est vrai que nos assédics baissent tous les mois

         PAUL :
         On va finir claudos
        
         PHILIPPE :
         Pourquoi vous recherchez pas du boulot ?

         DIDIER :
On a bien essayé mais on est trop spécialisés, ou alors faudrait qu’on change de région et on a pas envie d’aller dans le Nord

PHILIPPE :
Pourquoi vous reprenez pas votre ancienne entreprise
NICO :
Faudrait une mise de fond et des commandes

PHILIPPE :
Une mise de fonds de combien ?

BRUNO :
On n’a jamais pu le savoir, parce que nous en tant qu’ouvriers on nous prend pas au sérieux et on veut pas nous donner les réponses

PHILIPPE :
C’est à la chambre de commerce que vous vous êtes renseignés ?

DIDIER :
Ouais, c’est un certain Monsieur Malérand qui nous a envoyé bouler

PHILIPPE :
Elle est dans le coin la chambre de commerce ?

PAUL :
Ouais sur la grand place, puisque vous êtes en ville ça nous intéresserait de savoir ce qu’il vont vous dire

BRUNO :
Vous voulez qu’on vous accompagne ?

PHILIPPE :
Non vaut mieux que j’y aille seul

NICO :
Au fait vous avez une voiture ?

PHILIPPE :
Gégé m’a prêté la sienne pour que je vienne vous voir

PAUL :
Eh béh vous avez la cote avec lui, parce que sa bagnole il y tient encore plus qu’à sa femme

DIDIER :
Faut dire que la Germaine elle est plus cotée à l’argus (rires)

 

35 : INT. JOUR BUREAU CHAMBRE COMMERCE

Philippe est introduit dans un bureau derrière lequel trône un individu en costume, il a l’air malsain, de grosses lunettes et le cheveu gominé.
Ils se serrent la main.

MALERAN :
Gilles Maléran ; délégué aux affaires industrielles

PHILIPPE :
Philippe Metz, je suis dans les affaires

MALERAN :
Je n’ai pas bien compris l’objet de votre visite

PHILIPPE :
Je souhaiterais me renseigner sur l’imprimerie De Monsigny

MALERAN :
Dans quel but ?

PHILIPPE :
Eventuellement la racheter

MALERAN :
Je crains de ne pas vous être d’un grand secours car nous n’avons pas connaissance de ce dossier

PHILIPPE :
Enfin une imprimerie dans la région ça se remarque, je peux même vous dire qu’il y a eu une subvention

MALERAN se levant :
Je regrette, on vous aura mal renseigné sans doute, maintenant veuillez m’excuser

PHILIPPE :
Après tout j’ai pas besoin de vous 

Il sort en claquant la porte. Maléran décroche son téléphone

        
MALERAN :

  1. Monsieur vous m’aviez demandé de vous prévenir si on s’intéressait à l’affaire De Monsigny
  2. Oui un certain Philippe Metz
  3. Je l’ai éconduit mais il m’a parlé d’une subvention
  4. Oui un dossier sensible, je comprend, mes respects monsieur Le Préfet

Il raccroche et se gratte la tête d’un air dubitatif…

 

36 : EXT. JOUR ROUTE DE CAMPAGNE

Philippe est au volant d’une Citrôen BX  et roule tranquillement. Soudain il est heurté à l’arrière par une grosse Mercédès conduite par un homme à lunettes noires. Les coups se répètent et Philippe tente d’accélérer, la poursuite s’engage mais la Mercédès est plus puissante. Dans un virage elle heurte de travers la BX qui quitte la route et effectue un tonneau avant de s’arrêter contre un arbre. La Mercédès s’éloigne.

 

37 : INT. JOUR HOPITAL CHAMBRE NICO

Philippe est dans un lit voisin de celui de Nico. Il a la tête bandée

         NICO :
         Décidément vous pouvez plus vous passer de moi, ça va faire jaser

         PHILIPPE :
         C’est involontaire
NICO :
         Qu’est ce qui vous est arrivé ce coup ci ?

         PHILIPPE :
Quand j’ai quitté la Chambre de Commerce une grosse Mercédès m’a suivi, percuté plusieurs fois et finalement envoyé dans le décor ; j’ai fais deux tonneaux

NICO :
Et le diagnostic c’est quoi ?

PHILIPPE :
Traumatisme crânien, 24 heures d’observation

NICO :
Ouais, si vous êtes pas mort demain, on sortira ensemble

PHILIPPE :
Cette fois ci je devrais encore m’en tirer

NICO :
Et la voiture de Gégé, son état il est comment, stationnaire ?

PHILIPPE :
Stationnaire et irréversible, bonne pour la casse

NICO :
Je voudrais pas dire mais ça fait trois bagnoles que vous bousillez en moins d’une semaine, vous avez eu où votre permis ?

PHILIPPE :
En tous cas c’est des vacances qui me reviennent cher

NICO :
Comptez plus sur personne pour vous prêter même un vélo. Vous croyez qu’on a voulu vous tuer ou vous faire peur ?

PHILIPPE :
En tous les cas me mettre hors circuit

NICO :
Vous devez savoir des choses que j’ignore

PHILIPPE :
Non je crois que vous savez tout, mais vous n’avez pas compris le mécanisme de l’arnaque

NICO :
Alors on se serait fait enfler à propos de notre usine ?

PHILIPPE :
Ouais enfler à en éclater…

Deux gendarmes pénètrent dans la chambre

         NICO :
         Tiens des copains à vous. Vous venez pour le protéger ?

 

38 : INT. JOUR  PETIT  BUREAU

Nico et Philippe entrent en repoussant une secrétaire et se trouvent face à un petit gros mal fagoté

         NICO :
         Bonjour Monsieur

LIQUIDATEUR :
Qu’est ce qui vous prend  d’entrer comme ça sans rendez-vous ?

PHILIPPE :
On est pressés. C’est bien vous qui avez été le liquidateur des imprimeries De Monsigny ?

LIQUIDATEUR :
Qu’est ce que ça peut vous faire ?

PHILIPPE :
On veut les racheter

LIQUIDATEUR :
Je ne vous y autorise pas, c’est une affaire classée

PHILIPPE le giflant :
Tu sais qu’il m’énerve. Classée par qui ?

LIQUIDATEUR :
Mais vous êtes fous ! Je ne vous le dirais pas

NICO le giflant à son tour :
Dis ordure c’est toi qu’a trafiqué les comptes hein ? T’as grossi le déficit pour qu’il y ait une plus grosse subvention

PHILIPPE :
Et une fois qu’elle est arrivée vous l’avez empoché. Qui a eu la plus grosse part du gâteau ?

LIQUIDATEUR :
Me dénoncez pas, moi j’ai presque rien eu, c’est le Préfet qu’a tout pris avec le Maire

PHILIPPE :
On le savait mon vieux, alors ton préfet tu vas l’appeler et lui dire qu’on rouvre l’imprimerie avec sa subvention

LIQUIDATEUR :
Mais ça servira à rien

NICO :
Si, ça nous redonnera du boulot

LIQUIDATEUR :
Mais vous n’aurez pas les commandes du Ministère

PHILIPPE :
Ca je m’en charge figures-toi et si le Préfet veut me voir je suis chez Gégé

 

39 : INT. JOUR GARAGE

Le garagiste et Philippe sont près de la Buick réparée, il lui tend une liasse de billets.

         PHILIPPE :
         Chose promise, chose due

         GARAGISTE :
Merci, dites si vous restez dans la région prévenez moi que je m’agrandisse avec toutes les épaves que vous me ramenez

PHILIPPE :
J’ai fais de mon mieux, à propos d’épave vous pouvez réparer la Delahaye ?

GARAGISTE :
Vous savez bien que je suis l’homme des miracles

PHILIPPE :
J’ai un ami qui serait intéressé

GARAGISTE :
Maintenant que les constatations ont été faites je peux la revendre

PHILIPPE :
Combien ?

GARAGISTE :
Ah ça c’est de la voiture de collection, j’ai pas l’argus en tête moi

PHILIPPE :
N’oubliez pas que je suis un gros client, faites moi un prix d’ami

GARAGISTE :
C’est qu’il y a beaucoup de travail dessus, disons 70 000 mille

PHILIPPE :
Hein ? Pour ce prix là j’ai une voiture neuve

GARAGISTE :
Oui une Clio avec l’intérieur en plastique, allez 60 000

PHILIPPE :
50 000 parce que c’est vous

GARAGISTE :
55 et l’honneur est sauf

Ils se topent la main. Philippe sort du garage et prend son portable

         PHILIPPE :
         Allô Loisan, ta Delahaye je te l’ai eue à 70 000, t’es content ?

 

40 :  EXT. JOUR DEVANT HOPITAL

Philippe aide Françoise à descendre les marches de l’hôpital car elle est encore un peu faible. Il la fait asseoir dans la Buick et y monte à son tour.

         FRANCOISE :
         Philippe vous en faites trop

         PHILIPPE :
         Comment cela ?

         FRANCOISE :
         Fallait pas louer un tel carrosse pour venir me chercher

         PHILIPPE :
         Vous êtes ma petite Cendrillon chérie. Cela dit cette voiture est à moi
        
FRANCOISE :
Ca alors, vous êtes un collectionneur et qu’est ce que vous collectionnez d’autre ?

A ce moment là deux motards de la gendarmerie entrent dans la cour de l’hôpital et se mettent devant la Buick

         PHILIPPE :
         En ce moment je collectionne surtout les emmerdes

         MOTARD :
         Vous êtes bien Monsieur Philippe Metz ?

         PHILIPPE :
         Ca se pourrait, c’est à quel sujet ? Meurtre, viol, fausse monnaie ?

         MOTARD :
         Monsieur veuillez nous suivre

         PHILIPPE :
Avec plaisir, je trouve que le bleu de vos uniformes va très bien avec le rouge de ma voiture, c’est très esthétique

Les motards repartent et ouvrent la route avec leurs sirènes

        
FRANCOISE :
         Mon Dieu qu’est ce qu’il va nous arriver ?

         PHILIPPE :
Relax, profites de la ballade, tu sens ce goût du pouvoir dans ta bouche ? T’as pas l’impression d’être une personnalité ? Salue la foule

Philippe hilare fait des gestes de la main aux badauds.
Ils arrivent devant la Préfecture, Philippe descend de voiture

         PHILIPPE :
         Je me doutais bien qu’on venait là, attend moi

         FRANCOISE :
         Mais qu’est ce qu’ils te veulent ?

         PHILIPPE souriant :
Le préfet a des confidences à me faire, si je ne suis pas là dans une demi heure prévient les gendarmes

Il s’engouffre dans le bâtiment précédé d’un huissier…

 

41 : INT. JOUR BUREAU PREFET

Philippe est introduit dans le bureau du préfet (grand type sec en costume)

         PHILIPPE :
         Ah Monsieur le Préfet c’est gentil de me recevoir

         PREFET :
         Monsieur je n’apprécie pas votre humour et encore moins vos menaces

         PHILIPPE :
Quelles menaces ? Je demande juste à récupérer une petite subvention qui a du s’égarer

         PREFET :
         Ce sont des choses qui arrivent

         PHILIPPE :
         Bah oui, dix millions ça va, ça vient

         PREFET :
Si nous parlons de la même affaire, moi je n’ai connaissance que d’une somme d’un million de Francs qui du reste a bien été affectée à la rénovation de l’imprimerie De Monsigny

PHILIPPE :
Ca alors, où sont passés les neuf autres ?

PREFET :
Mais d’où tenez vous cette information ?

PHILIPPE souriant :
D’un ami au ministère de l’Industrie, le virement est bien arrivé jusqu’ici, vous voulez que je lui demande la date ?

PREFET :
Non, non, je vais faire ma propre enquête

PHILIPPE :
Je vous souhaite de les retrouver car sinon c’est d’autres qui s’en chargeront et vous savez comme moi que si l’on mettait à jour un disfonctionnement de vos services vous en porteriez la responsabilité

PREFET :
Oui je connais la chanson, mais j’ai peut être une explication. Il est possible que cette somme ait juste transité par la préfecture et soit allée directement au Maire de la commune concernée

PHILIPPE :
Ben voyons, un pauvre homme qui vient juste de perdre son fils dans un accident de la circulation

PREFET :
C’est vrai qu’il y a plein de chauffards par ici en cette saison

PHILIPPE :
Comme vous dites, moi même j’en ai fais l’expérience. Bien c’est pas tout ça mais j’ai une imprimerie à rouvrir moi

PREFET :
Vous croyez que c’est raisonnable ?

PHILIPPE :
Oh y’a pas le feu, on a quelques jours devant nous, jusqu'à ce que vous ayez fini votre petite enquête

PREFET :
Et pour les commandes ?

PHILIPPE :
J’ai quelques amis dans différents ministères qui ont des problèmes d’imprimerie

PREFET :
Je vois que vous avez beaucoup d’amis

PHILIPPE :
Eh c’est que tout le monde m’aime moi, au revoir Monsieur. (il sort)

 

42 : EXT. JOUR

En sortant de la préfecture Philippe se dirige vers sa voiture et voit que Françoise dort. Il avise alors les deux motards qui discutent dans un coin de la cour, il va vers eux en brandissant sa carte tricolore

         PHILIPPE :
Messieurs veuillez prendre connaissance de ce qu’il y a d’écrit au dos de cette carte ;  article 3 : le titulaire est en droit de requérir l’assistance des forces de l’ordre qui devront lui obéir et l’assister 
 
         MOTARD lit et se met au garde à vous :
         A votre service Monsieur

         PHILIPPE :
Voyez vous ma compagne sort de l’hôpital et vous nous avez détourné, ce qui l’a énormément fatigué. Je souhaiterais donc être rapidement raccompagné jusqu’au village qui était notre première destination

         MOTARD :
         Bien Monsieur nous allons vous ouvrir la route

         PHILIPPE :
         Parfait, vous pouvez utiliser vos sirènes

Ils quittent la cour avec grand bruit, ce qui attire le préfet à sa fenêtre, il a un geste de rage.
Quand le cortège arrive dans le village tous les habitants sortent et Philippe se fait acclamer, il fait des grands saluts 

         PHILIPPE jubilant :
         Génial, je crois que je vais me présenter aux élections

         FRANCOISE se rapprochant de lui :
         Dans ce cas il va falloir que tu restes ici

         PHILIPPE la regardant :
         Qui est ce qui pourrait me retenir ?

 

43 : INT. JOUR IMPRIMERIE

Ils entrent tous les cinq dans la vaste imprimerie, leurs pas résonnent

         NICO :
         Putain ça fait drôle de revenir là

         DIDIER :
         Ouais vingt ans de notre vie qu’on a passé là

         PAUL :
         Y’a encore la machine à café

         BRUNO :
         En cherchant bien on retrouverait notre jeu de cartes

         PHILIPPE :
         Sans blague les gars, vous vous sentez de rebosser ?

         PAUL :
         Va falloir se relever de bonne heure

         BRUNO :
         Ouais, fini le petit câlin du matin

         NICO :
         C’est moi qui te le ferai (ils rient)

         PHILIPPE :
         Bon et qui va diriger la boîte

         DIDIER :
         Oh on le fera ensemble, mais je pense que Nico ferait un bon patron

         PHILIPPE :
         Vous êtes d’accord la dessus ?

         PAUL :
Ouais, t’auras qu’a reprendre la Marinette comme secrétaire, elle connaît tout le boulot

NICO rigolant :
Dans ce cas là j’accepte

BRUNO :
Va falloir rembaucher les autres

On entend une porte claquer, tous se retournent et voient entrer trois hommes dont un géant (le maire)

         PAUL :
         Tiens Monsieur le Maire et ses acolytes !

         MAIRE :
         Qu’est ce que vous foutez là ?

         PHILIPPE :
         On prépare la réouverture

         MAIRE :
         C’est vous le parigot, l’assassin de mon fils ?

         PHILIPPE :
         C’était lui ou moi, j’ai sauvé ma peau

         MAIRE :
         C’était un petit con mais j’aurais préféré qu’il vous descende

         NICO :
         Il a la fibre paternelle très développée

         MAIRE :
         Vous les mariolles vous allez me foutre le camp

         PAUL :
         Pas question c’est notre imprimerie et on va le rouvrir

         DIDIER :
         Ouais elle aurait jamais dû fermer si vous aviez pas magouillé pour foutre
         De Monsigny en l’air

         MAIRE :
         Qui vous a dit que sa bagnole était trafiquée ?

         BRUNO :
         Tu vois il avoue !

         PHILIPPE :
         Que sont devenus les dix millions de subvention ?

         MAIRE :
         Qui vous a parlé de ça ?

         PHILIPPE :
         C’est le préfet ce matin qui m’a dit que vous les aviez

         MAIRE fulminant :
Oh l’enfoiré qui veut me faire porter le chapeau, mais vous allez me le payer tous

Il balance une formidable claque à Philippe qui s’écroule

         BRUNO :
         T’es givré il a un traumatisme crânien

MAIRE :
Je voudrais qu’il crève cette ordure

NICO se penchant sur Philippe et l’aidant à se relever  :
         Ca va mon vieux ?

         PHILIPPE :
         Ouh ma tête, appelle la police je porte plainte

         MAIRE :
         Je vais tous vous casser la gueule moi !

Le Maire s’avance mais ses acolytes le retiennent et l’entraînent au dehors

         NICO :
         J’appelle tout de suite les flics (il s’éloigne)

         PAUL :
         T’as raison on est tous témoins

         DIDIER :
         Insultes, coups et blessures il est mal barré

         PHILIPPE :
         J’étais pas en état de me défendre
        
BRUNO :
         Tant mieux ça va lui coûter les élections

         PHILIPPE :
         Qui se présente contre lui ?

         PAUL :
         Merde on y avait pas pensé à celle là

Tous se regardent l’air songeur

         NICO :
         On va pas se séparer maintenant qu’on rebosse ensemble

         DIDIER :
         Vous avez pas une idée vous, ça vous tenterait pas ?

         PHILIPPE souriant :

           

Non merci mais j’ai une idée, pourquoi pas une femme ?

           

 

44 : INT. JOUR VILLA FRANCOISE

Ils sont assis dans le salon
  
         FRANCOISE :
         Mais je suis une artiste moi, pas une gestionnaire

         PHILIPPE :
         Puisque je te dis que les autres t’aideront

         FRANCOISE :
         Et toi qu’est ce que tu vas faire, me laisser toute seule ?

         PHILIPPE :
         Mais non tu sais bien que je tiens à toi

         FRANCOISE :
Décidément t’es incroyable, tu débarques dans ce village et tu fous la révolution ; tu rentres dans ma vie, tu me rends amoureuse, tu butes mon ex, tout cela en moins d’une semaine et après tu vas disparaître comme t’es venu

Le portable de Philippe sonne.

         PHILIPPE :
         Excuses moi.

  1. Ok j’arrive

FRANCOISE :
Qu’est ce qui se passe ?

PHILIPPE :
C’est le maire qui fait du grabuge, attends moi

 

45 : EXT. JOUR PLACE DE LA MAIRIE

Une petite Mairie sur une place avec des arbres. Tous le volets sont fermés sauf un au premier étage. Une petite foule est là tenue à l’écart par les gendarmes.
Philippe saute de sa voiture et se dirige vers leur chef.

         PHILIPPE :
         Qu’est ce qui se passe ?

         GENDARME :
Le Maire a viré tout le monde et s’est barricadé avec des armes. Quand on a voulu venir l’arrêter suite à votre plainte il nous a tiré dessus et a blessé un de mes hommes
        
         NICO :
         S’il avait voulu le tuer il l’aurait pas loupé, c’est un excellent chasseur

         PHILIPPE :
         Vous voulez que j’essaye de lui parler ?

         BRUNO :
         T’es fou, toi il te louperait pas

         GENDARME :
         Restez en dehors de tout ça, le Préfet arrive avec les forces spéciales

Une voiture avec girophare arrive précédée par des motards et suivie par un camion d’où sortent des policiers en tenue de combat qui se déploient.

         PREFET :
Vous voyez votre œuvre, il vous suffisait pas de tuer son fils maintenant vous l’avez rendu fou

PHILIPPE :
Ne cherchez pas à me culpabiliser, moi je faisais que passer

PREFET :
Bon je le connais bien, je vais lui parler, passez moi le porte voix

Le Préfet s’avance à découvert

         PREFET :
         Ernest c’est moi, allez sors de là, je te promet que je te défendrais

         MAIRE criant :
         Menteur, traître, vendu, tu vas tout me mettre sur le dos, tiens !

Un coup de feu éclate et le Préfet s’écroule en hurlant et se tenant la jambe. Immédiatement les policiers l’entourent en se protégeant de leurs boucliers et le tirent à l’abri d’un arbre.

         PREFET gueulant :
         Il est devenu fou, c’est un forcené, donnez l’assaut et pas de quartier !

Sur un ordre de leur chef les policiers foncent vers la mairie, les coups de feu reprennent, l’un d’eux s’écroule. Ils fracassent la porte, d’autres tirs retentissent puis c’est le silence. Enfin un policier ressort en écartant les bras dans un geste de dépit. Tous se précipitent, l’homme déclare : « il s’est suicidé … »  

 

46 : INT. JOUR VILLA FRANCOISE

FRANCOISE :
Qu’est ce qu’il se passe ?

PHILIPPE entrant :
On a un maire sortant

FRANCOISE :
Il est sortit comment ?

PHILIPPE :
Les pieds devant !

FRANCOISE :
Tu l’as tué ?

PHILIPPE :
Non ce coup ci c’est pas moi, il a préféré faire ça lui même. On pourra lire dans les journaux qu’un maire d’une petite commune de l’Ardèche a accompli un acte désespéré car il ne pouvait supporter l’opprobre attachée à son nom suite à une sordide affaire de corruption. Le tout venant après la mort tragique de son fils, nani nanère, suivi d’un  éploré mot du préfet, etc…

FRANCOISE :
T’es pas un politicien pour rien toi !

PHILIPPE :
Cela dit la vie continue, j’ai deux nouvelles pour toi, une bonne et une mauvaise

 

FRANCOISE :
C’est quoi la bonne ?
        
         PHILIPPE :
         Tu vas être élue maire sans problème

         FRANCOISE :
         Je suppose que la mauvaise est encore pire

         PHILIPPE :
         Question de point de vue. Je dois repartir pour quelques jours à Paris

         FRANCOISE :
Je m’y attendais à celle là. Mais tu vas me jurer tes grands dieux que tu reviens très vite car tu ne peux plus vivre sans moi ?

PHILIPPE :
T’as tout compris ma chérie

FRANCOISE :
Alors embrasse-moi pour que je te croie

Ils s’enlacent…

 

47 : EXT. JOUR ROUTE CAMPAGNE

Philippe et sa mère roulent dans la Buick.

Sous titre : UNE SEMAINE PLUS TARD

         PHILIPPE souriant :
         C’est gentil de m’accompagner maman

         MERE :
Te fous pas de moi veux-tu, si j’avais pas insisté comme une malade tu m’aurais bel et bien laissée à la maison

PHILIPPE :
T’as eu raison, je suis sûr qu’elle te plaira

MERE :
Oh je vais pas faire la difficile, pour une fois qu’une femme te plaît !
PHILIPPE :
Juste une chose, ne l’attaque pas bille en tête en lui demandant quand est ce qu’elle compte faire un enfant

MERE :
D’accord, j’attendrais que vous soyez mariés

Comme ils arrivent près de l’endroit ou il a eu son accident Philippe ralenti sec

         MERE :
         Qu’est ce qui t’arrive

         PHILIPPE :
C’est de ce bosquet qu’est sortit le tracteur qui m’a envoyé dans le décor, alors je fais gaffe
 
         MERE :
Y’a personne mais t’as raison, un homme averti en vaut deux, c’est comme pour le mariage ; j’espère que tu vas pas recommencer la même connerie de bosser comme un dingue en délaissant ta femme

PHILIPPE :
J’y ai pensé figures-toi et j’ai un petit plan pour me la couler douce

MERE :
Dieu t’entende ! Je suis toujours ébahie de ce qu’une femme peut faire faire à un homme quand il est amoureux

PHILIPPE :
Ca ne dure qu’un temps rassures-toi

MERE :
Je retrouve bien là ton cynisme d’énarque vieux garçon

PHILIPPE :
Mais on peut être amoureux longtemps, regarde toi et papa

MERE :
Ah ton père, on a vécu sans un nuage nos fiançailles et notre première année de mariage, puis un jour il m’a engueulée parce que l’omelette était trop cuite, à ce moment là j’ai compris qu’on était un vrai couple et notre relation s’est transformée en une liaison durable car je n’ai pas pris la fuite

PHILIPPE :
Tu me fais rire, me dis pas qu’il s’en ai fallu d’une omelette que je vois pas le jour

MERE :
Méfie toi, ce sont les petits détails qui révèlent le caractère des gens, on arrive ?

PHILIPPE :
Oui c’est là

Il se gare devant la villa de Françoise, sa mère se recoiffe et met du rouge à lèvre

 

48 : INT. JOUR VILLA

Ils entrent et Françoise les accueille, Philippe l’embrasse

         PHILIPPE :
         Je te présente ma chère mère

         MERE :
         Enchantée de vous connaître

         FRANCOISE :
         Moi de même, vous avez fait bonne route ?

         PHILIPPE :
         Oui excellente, nous avons évité tous les tracteurs

         MERE :
         Vous avez un bien belle maison

         FRANCOISE :
         Venez je vais vous faire visiter, commençons par l’extérieur

Ils sortent face à la piscine

         MERE :
Ah vous avez une piscine, c’est joli, il paraît qu’il faut mettre un grillage autour quand on a des enfants

 

FRANCOISE :
On y pensera

PHILIPPE faisant les gros yeux à sa mère :
Ma mère est très prévoyante

FRANCOISE :
Et toi tu es plutôt du genre imprévisible, c’est ce qui fait ton charme d’ailleurs

 

49 : EXT. JOUR TERRASSE HOTEL

Philippe s’avance vers la table de ses copains

         NICO :
         Té le parisien est de retour

         DIDIER :
         Vous avez pâli, y’a donc pas de soleil dans la capitale

         PHILIPPE :
         Salut les gars, j’étais sûr de vous retrouver là

         BRUNO :
         On a pas l’air mais on s’est activé en votre absence

         PAUL :
         Même qu’on est épuisés

         GEGE :
Je vous remercie pour votre intervention auprès de l’assurance, ils vont me rembourser ma voiture au prix de l’argus

PHILIPPE :
C’est normal je me sentais responsable

NICO :
Par contre sa prochaine bagnole il vous la prêtera pas

 

PHILIPPE posant une liasse de papiers sur la table :
Messieurs vous allez pouvoir rembaucher tout le monde, si j’ai pas bronzé pendant ma semaine parisienne c’est que je vous trouvais des clients

DIDIER :
Vous êtes notre sauveur

BRUNO :
On devrait faire un cadeau au père Antoine car s’il vous avait pas foutu dans un arbre on vous aurait pas connu

PAUL :
Offre lui des lunettes et un sonotone

NICO examinant les contrats :
Putain on a du boulot pour un an la dedans

GEGE :
Quand est ce vous rouvrez la boutique ?

PHILIPPE :
Le 3 Septembre, j’ai tout organisé

DIDIER :
Racontez nous ça

PHILIPPE :
Vous allez être surpris

 

50 : INT. JOUR BUREAU PREFET

Philippe entre dans le bureau suivit d’un petit homme à lunettes

         PHILIPPE :
         Oh vous avez pas l’air en forme

         PREFET marchant avec une canne :
         Qu’est ce que vous me voulez encore ?

         PHILIPPE :
         Je vous présente Emile Langlois de la brigade financière 

         LANGLOIS :
Monsieur j’ai enquêté sur le chemin qu’avait prise la subvention après être passée par ici…

PREFET :
Moi aussi j’ai fais ma petite enquête et je peux vous dire qu’on est marrons sur toute la ligne

PHILIPPE :
Ah oui pourquoi ?

PREFET :
Apparemment le défunt Maire, paix à son âme, à qui j’avais remis l’intégralité de la somme, l’a faite disparaître après avoir soustrait juste un petit million pour la rénovation de l’imprimerie
 
         LANGLOIS :
         Effectivement vous avez raison

         PREFET :
         Ah, vous êtes pas plus fort que moi

         LANGLOIS :
Cet argent à été transféré sur le compte d’une société Suisse à la Banque de Genève

         PREFET :
C’est le coup classique mais imparable, comme la Suisse ne communique rien et qu’il n’a plus d’héritier on est marrons je vous disais

PHILIPPE :
Malheureusement pour vous, le gouvernement Français a quelques accords discrétionnaires avec le gouvernement Helvétique

PREFET :
Et alors en quoi ça me regarde ?

LANGLOIS :
La société qui a recueillit l’argent a deux fondateurs, le maire et vous

PREFET :
Qu’est ce que vous me chantez là ?

PHILIPPE :
Nos allons vous chanter un petit chantage : comme vous avez la signature vous nous faites un chèque de 9 millions et vous démissionnez officiellement pour raison de santé, ou (il hausse le ton) ou vous sortez de cette pièce les menottes au poignet

PREFET agité :
Ecoutez, restons calmes, nous sommes de la même famille politique n’est ce pas ?

PHILIPPE :
Justement, lavons notre linge sale en famille, personne n’en saura rien

PREFET :
Admettons, mais bon c’est que cet argent j’y comptais pour ma retraite

PHILIPPE :
Les prisons sont pleines de retraités dans votre genre. Mais enfin soyons magnanimes, je vais vous faire attribuer quelques points de retraite supplémentaires, vous aurez le maximum

PREFET :
Bon, bon et alors je démissionne officiellement ?

PHILIPPE sortant un papier de sa poche et le lisant :
Oui je vous ai préparé un communiqué de Presse qui dit : grand serviteur de l’Etat, etc, maître d’œuvre du développement de cette région, etc, durement éprouvé dans son cœur et sa chair, enfin bref la routine…

PREFET :
D’accord, d’accord, et qui va me remplacer ?

PHILIPPE :
Vous inquiétez pas pour ça, c’est déjà décidé en haut lieu. A l’ordre de l’imprimerie Monsigny le chèque

PREFET :
Une dernière question : qu’est ce qui se serait passé si vous aviez été tué dans votre accident de voiture ?

PHILIPPE :
La même chose pour vous, j’avais laissé des instructions

PREFET désabusé et sortant un chéquier :

Alors je pars sans regrets

 

51 : EXT. JOUR PRAIRIE

Grande foule, nombreux journalistes, fanfare, tout le village est là. Un hélicoptère atterrit et le Premier Ministre en descend avec Loisan qui reste en retrait, il est accueillit par Philippe et Françoise

         PHILIPPE :
Monsieur le Premier Ministre je vous présente Françoise de Monsigny, future Maire de cette commune et ma future épouse

PREMIER MINISTRE :
Bravo, je dois donc vous féliciter deux fois

FRANCOISE :
Merci Monsieur le Premier Ministre

PREMIER MINISTRE :
Quant à vous mon cher, vous méritez la légion d’honneur

PHILIPPE :
C’est trop, c’est trop

PREMIER MINISTRE :
Si, si j’y tiens. Vous m’avez préparé là un excellent coup médiatique pour la rentrée, j’ai en poche un discours sur le soutien de l’état aux petites entreprises qui devrait me faire gagner quelques points dans les sondages

PHILIPPE :
Venez, l’inauguration c’est par là

Applaudissements, la fanfare se met en marche

         PREMIER MINISTRE :
         C’est quoi comme entreprise vous m’avez dit ?

         PHILIPPE :
         Une imprimerie, deux cents emplois créés

         PREMIER MINISTRE pressant le pas pour les isoler:
Ah bien, une imprimerie, j’avais encore jamais fais. Attends je vais serrer quelques mains. Y’a un dîner ce soir ?

PHILIPPE :
Oui et un bal populaire après, vous pourrez danser avec le maire et ma mère

PREMIER MINISTRE rigolant :
Ah ah, avec le Maire et la mère, quel humour, décidément Philippe je vais te regretter, quelle idée de vouloir devenir Préfet dans un coin si paumé

PHILIPPE :
C’est un choix de vie, je veux fonder une famille

PREMIER MINISTRE :
C’est à la portée de tout le monde, ne gâches pas ton talent, écoutes fais vite un gosse et reviens me voir j’aurais toujours un ministère pour toi, c’est le pouvoir ta vraie vie…

PHILIPPE décontenancé :
L’avenir nous le dira…

 

52 : EXT. NUIT PLACE DU VILLAGE   

Foule. Un peu à l’écart Loisan astique sa Delahaye d’un air béat. Sur une estrade Philippe chante avec son orchestre de copains tandis que sa mère danse langoureusement avec le Premier Ministre

 

FIN

 
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"Special prize (June 2007)". This screenplay will be published in an anthology
 
La remise des prix aura lieu aux Pays-Bas le 28 septembre lors du Festival mondial d'été de Groningen. La présence des lauréats à la remise des prix est vivement souhaitée.

 

 

 
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