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ÉLISEZ LE CHAMPION DU MONDE 2007 DU 14e ART: ROMAN ET NOUVELLE

Elect the world champion of the 14th Art: NOVEL and SHORT STORY
Louison de Saint-Châsles (France) auteur du roman/author of the novel "Et il fit ce que le monde rêvait tout bas... "
Et il fit ce que le monde rêvait tout bas...

Histoire d’un tyran qui devint roi

Conte historique

Prologue

Voici l’aventure merveilleuse qui bouleversa, au début du XXI e siècle, la France et les français. A cette époque, elle n’était encore qu’une petite république sans ambition et son peuple errant dans l’attente d’une Révélation. Il n’y avait, en effet, pour le moment, pour lui comme pour elle, ni avenir radieux, ni joyeux lendemain. Aucune force providentielle ne se dessinait à l’horizon. De ce fait,  le pouvoir était,  un objet de tentation pour les groupements politiques de tous bords. Tous voulaient entrer dans l’Histoire, chacun voulait y graver son nom. Ainsi, depuis des décennies les Français erraient d’élections en déceptions et rien dans l’atmosphère actuelle ne pouvait laisser croire que s’eut pu être différent  pour cette année.

« NOUS ! ON- VEUT- ETRE- PRE-SI-DENTS !! »
« NOUS ! ON- VEUT- ETRE- PRE-SI-DENTS !! »
Criaient pourtant les trente candidats au titre suprême. Ils envahissaient le pays de leurs propositions. On les voyait s’agiter à la télévision, dans les radios, les magazines, les revues et les journaux. C’étaient, jours après jours des luttes de projets, des combats d’idées, des joutes oratoires auxquels la population était conviée. Mais le peuple n’était plus dupe: son père légitime n’était pas encore né et sa mère originelle, depuis longtemps oubliée.
De ce fait, le premier rôle n’étant pas rempli, d’autres personnages, en dehors des partis conventionnels,  aspiraient eux aussi à jouer un rôle important pour la patrie. Darius Pallas était de ceux-là. Et c’est à Paris, dans le minuscule théâtre de L’Astre d’or qu’il possédait,  qu’il préparait le grand évènement qui allait, selon lui,  bientôt bouleverser l’Histoire de la France et celle des français. 

Darius Pallas, quarantenaire, comédien-auteur-metteur en scène et nouveau propriétaire des lieux, tournait en rond devant la petite scène au long rideau rouge. Grand, costaud, mulâtre à la peau dorée, fumeur de cigare à l’œil vif, Darius Pallas, bien que talentueux, se distinguait depuis quelques années par ses crises hystériques et ses provocations scandaleuses. En effet, prétextant jouir pleinement de sa « liberté de parole », il chatouillait l’outrance, flirtait avec l’indécence, offensant les uns et les autres au nom de la liberté d’expression offerte à tous par la démocratie.  Jouant ainsi sans filet à la limite de la folie, il avait ainsi progressivement sabordé une carrière publique qu’il avait autrefois honorée par l’humour et construite avec sagesse. Il avait alors peu à peu, rongé l’estime du public et pire encore, ébréché la tendresse de ses amis. Devenu peu à peu un être indésirable dans les cercles intellectuels et artistiques de la capitale, la famille dont il faisait partie finit par se détourner définitivement de lui.
Il ne pouvait donc, désormais, ne compter que sur lui-même. Aussi, afin d’être libre pour créer selon ses idées, il venait de s’offrir ce petit théâtre avec ses derniers deniers.
Oh, ce n’était pas grand-chose : un  minuscule boui-boui, sans espace pour orchestre, ni poulailler à l’étage. Juste un petit espace de liberté pour vivre ses envies. Il n’en demandait pas plus : il y avait, dans ce lieu quelque chose de terriblement envoûtant. Le provocateur avait trouvé là, l’antre idéal pour réaliser ses délires de grandeur et mettre en scène son désormais singulier talent. Malheureusement vu de l’extérieur, L’Astre d’or manquait d’éclat : gris et sale, il avait l’allure d’un orphelin abandonné. Par ailleurs, situé dans le fond d’une impasse, il était très mal placé. A l’intérieur, il était composé d’une salle, où se bousculaient sur les gradins, des fauteuils pliants, recouverts d’un vieux velours rouge. Ce théâtre avait vécu et vu passer des milliers de spectateurs qui l’avaient aujourd’hui oublié. Il avait eu plusieurs propriétaires et plusieurs destinées. Il avait été : salle de magie, cabaret, théâtre de marionnettes, et même opéra de poche. On y avait joué de tout : des pièces classiques et modernes, des tragédies des comédies et des farces, du mime et même des ombres chinoises...Ce lieu connaissait tout de l’âme des artistes. Qui qu’ils soient. Il avait reçu avec le même respect les pires et les meilleurs.
C’était une petite salle peinte en noir. Et ses peintures, qu’elles soient des murs ou du plafond, trahissaient ses années. Au fond de la salle s’ouvrait une porte sur une pièce minuscule qui servait de régie aux techniciens : ils y lançaient de là, les effets magiques, les trucages merveilleux et les sensuelles émotions qu’apportent naturellement la lumière et le son. Derrière la scène, se trouvaient les coulisses et les loges où les artistes venaient s’entasser pour changer leurs costumes et se maquiller. Certains d’entre eux avaient même signé sur les murs et les plafonds afin que, même s’ils ne faisaient pas de longues carrières, quelque part, même après leur mort, on se souvienne de leur nom. Mais c’était il y a loin.
Car désormais, Darius Pallas, était la dernière chance pour L’Astre d’or, tout comme L’Astre d’or l’était pour lui. Car, après avoir été tenu par une succession de passionnés, le théâtre avait été délaissé à cause des trop nombreuses difficultés financières. Désormais, ces deux laissés-pour-compte avaient des choses à faire ensemble. C’était leur destinée. Et si l’un devait connaître la gloire, c’était sur l’autre qu’il devait compter.

 

 

CHAPITRE I : Temps d’errance

 

SOUS-CHAPITRE I

1ère partie

Pallas préparait donc, aujourd’hui, le  gros coup de sa vie…un mythe, une œuvre inoubliable tout à la fois politique, sociologique, philosophique, poétique … 
C’est pourquoi pensant à cette création providentielle, il marchait  nerveusement à grandes enjambées, le long de la scène sombre et silencieuse, cachée par le rideau rouge fermé. De la régie, le régisseur le voyait cogiter ainsi, depuis tôt le matin. Silencieusement. Religieusement même. Mais soudainement, déchirant la profondeur du silence, Darius  annonça comme un fou, à la salle vide :
« Moi ! L’artiste maudit ! Moi ! L’exilé des médias ! »
« Je leur montrerai à tous ces confrères jaloux, ces prétentieux critiques, ces traîtres pairs, de quoi je suis capable !!!
Et juste avant l’élection présidentielle qui aura lieu cette année, mon spectacle deviendra un mythe historique pour la France et toute l’humanité !
Et ceux, qui hier encore me huaient, honoreront demain  mon originalité !
 Ah ! Ah ! Ah !  »
« Oh, J’ai tellement à  dire !!! Tellement à montrer !! »
« Oui ! Ils vont voir de quoi je suis capable !! »
« J’apporterai bientôt au monde une grande et belle Utopie ! »
« Oui !! J’offrirai à la terre une issue audacieuse où tous les peuples seront unis ! »
 « Vive l’utopie ! Vive l’utopie ! » Criait-il, riant à pleines dents et se frottant les mains.
 
En effet, s’il voulait refleurir après ses propos publics disgracieux, il lui fallait une idée révolutionnaire. Et il l’avait ! Il gagnerait ! Un jour ou l’autre, le succès serait là ! Il voyait déjà la foule l’applaudir. Elle se levait, elle criait au triomphe. Les flashs des photographes lui brûlaient les yeux. La critique était unanime : Darius Pallas était un dieu ! Honoré, respecté, il serrait les mains des cerveaux français et étrangers les plus précieux. Ah, quel bonheur, quelle quiétude de vivre ce succès-là ! La vengeance est un plat qui se mange froid. Officiellement reconnu talentueux, les meilleurs des hommes le regardaient enfin avec de l’amour dans les yeux...
Puis retournant soudainement à la réalité de sa vie, Darius Pallas se ressaisit. Car avant d’atteindre l’extase finale il lui fallait recruter des comédiens et créer la troupe avait laquelle il irait si loin. C’était, aujourd’hui, le grand jour de la sélection et il attendait avec impatience l’arrivée des postulants.
Bouleversé par tant d’émotions et agité par ses pensées, il ne vit pas la jolie dame qui, entrée discrètement dans le théâtre, déposa son parfum. C’était son assistante : Anne Lecourtois. L’une des rares personnes qui ne l’ai pas quitté. C’était une belle femme de cinquante ans. Un visage délicat aux lignes régulières, de longs cheveux brillants et souples, des yeux bleus en amande finement sculptés et une silhouette légère aux proportions agréables. C’était une personne délicieuse que Darius utilisait au mieux depuis quelques années. Son rôle n’était pas très clair, elle était sur tous les fronts où il y avait des manques : assurant le secrétariat, épaulant pour le maquillage, tendant la main pour les costumes, se chargeant même des accessoires quelques fois.
Protectrice et maternelle, elle savait, de par sa nature, encourager les acteurs, remercier les techniciens et rassurer chacun avec un calme et une douceur que tous savaient apprécier. Pour qui savait la regarder, on voyait bien qu’elle était autre chose qu’une femme d’assistance. Elle était vive, volontaire et intelligente : indispensable à Darius. Mais pourtant, et bien qu’ils se connaissaient depuis longtemps, ces deux-là ne se fréquentaient pas. Elle était un peu trop effacée à son goût. Son doux parfum et ses cheveux quelque fois blancs, il ne les comprenait pas bien. Il avait toujours tendance à être un peu rustre avec elle, par gaucherie plus que par choix : mais elle ne lui reprochait rien.  Elle acceptait de se faire petite sans jamais étaler ses propres richesses. Elle avait une finesse qu’elle gardait pour elle et qu’il ne soupçonnait même pas.
Il se retourna enfin et la vit de loin. Il lui fit alors un signe rapide de la main.
« Bonjour, Anne, vérifiez bien que tout soit prêt, nous commençons la sélection dans un instant. »
L’équipe technique déjà sur les lieux, avait été choisie la veille. Elle était composée d’un régisseur, de techniciens son et lumière, de machinistes, d’une maquilleuse, d’une costumière et d’un stagiaire à tout faire. C’était une équipe nouvelle, heureuse d’être embauchée pour plusieurs semaines et qui attendait, elle aussi, avec impatience le grand moment des auditions.
Dehors, les candidats à la scène étaient déjà là. Une file innombrable d’individus patientait nerveusement devant le théâtre, souhaitant obtenir un petit rôle qu’il soit primordial ou de second plan. C’étaient des comédiens de tous âges, de toutes couleurs et de tous horizons. Des petites carrières, qui n’avaient jamais participé au moindre spectacle à succès, vivotant ça et là d’espérance et de petits boulots. Ils ressemblaient à monsieur-tout-le-monde : des hommes, des femmes, des filles et des garçons, des grands barbus, des petites boulottes, des laids charmants, des beaux capricieux, des maigrichons bigleux, des jolies mignonnes, des ados introvertis ou des  retraités sûrs d’eux. Rien ne les différenciait du quidam de la rue et ils n’avaient, de ce fait, jusque-là obtenu que de petits rôles ou des  figurations.
Ils étaient la France d’alors, gâtés par l’époque mais quel que peu fragilisés par le chômage, les dernières traces de racisme, de sexisme et autres exclusions. Ils connaissaient comme tant d’autres la précarité mais il voyait dans la pratique du  théâtre une porte pour colorer leur espoir et assouvir leur désir d’évasion. Et si aujourd’hui, ils avaient une chance de se distinguer, l’occasion était à ne  pas manquer.
Les portes du théâtre furent alors soudainement ouvertes. Il y eu quelques bousculades d’impatience, quelques protestations sur l’organisation mais tout s’arrangea et ils purent tous pénétrer dans la zone de l’espoir. Les apprentis acteurs entrèrent alors, haletant, dans cet endroit inconnu, puis invités à s’asseoir, ils s’installèrent les uns après les autres comme des enfants heureux.
Quand la salle fut pleine, Darius, un cigare fumant  à la main, se présenta et prévint :
 «Je suis un penseur atypique et je recherche une troupe qui me ressemble : audacieuse, hors norme, à l’esprit ouvert et de bonne foi ! J’aime la vitalité, l’enthousiasme et l’implication de soi !! »
« Avant de vous sélectionner » dit-il aux candidats, « laissez-moi vous parler de mon projet afin que vous connaissiez l’humeur générale qui règnera sur le plateau. » 
Il s’approcha des gradins pour mieux se faire entendre, et leur parla comme un professeur  qui connaît son affaire :
« Le merveilleux spectacle dont je vais vous parler va vous mener là où aucun d’entre vous ne souhaiterait jamais aller !
Je vous emmène dans un lieu où la vie n’est que  tristesse et douleur ! Où la peur est commune et le chagrin en commun !
Je vous convie sur une planète où l’humanité n’y est jamais fière !
Suivez-moi donc ! Je vous emmène en enfer !!
Les mains agitées, il se rapprocha encore de quelques pas de son auditoire attentif et silencieux :
« Notre histoire tourne autour d’un personnage central : un tyran. Un être terrible et menaçant, qui sera la personnalisation du Mal sur terre !
Toute notre aventure se concentre autour de lui. C’est de lui que naît l’intérêt de notre histoire mais aussi toute sa tragédie ! Car sans ce tyran, point de mystère notre spectacle ne serait qu’ennui.»
Il leur sourit.
« A ses côtés nous découvrirons des personnages secondaires qui formeront son peuple. Bien évidemment, comme dans toute tyrannie, c’est un peuple opprimé ! » Il fit un mouvement de la bouche et des yeux comme un signe d’évidence puis il reprit. « Ce peuple sera donc la l’incarnation de l’humanité en danger ! » Il fit alors un mouvement de la bouche et des yeux comme un signe de malchance. »
Cet oppresseur n’a pas d’époque, il vit en dehors du temps. Il n’a pas non plus de terre ; pour lui tous les pays sont attrayants. Il n’a pas non plus de nom, ni de camp. C’est un  symbole ! Une représentation de tous les dictateurs féroces et puissants !! C’est pourquoi il parlera au nom de tous ses confrères touchés par l’égocentrisme et l’aliénation.
« Bref ! Je vous parle du Démon !! »
L’auditoire le regardait stupéfait d’intérêt. Darius marchait de long en large afin que tous puissent l’entendre quelle que fut leur position. Il tira une bouffée sur son cigare pour montrer son assurance et reprit :
« Notre fou s’est accordé le titre de Prince mais, ce n’est que fioriture ! Il aurait pu en être autrement, car c’est  surtout un  général ! Un capitaine ! Un commandant !
 Un homme de guerre et de sang !! Un homme soutenu par une armée de soldats, toujours dans les rangs !!
Comme tous ses semblables, le Prince jouit sans complexe de ses pillages passés. Il a brisé maintes vies et ne s’en ai jamais caché. Pervers et névrosé, il ne connaît, ni la pitié ni la compassion : il n’a pas d’autres objectifs que de favoriser son expansion ! 
Poursuivons… »
Darius fit éteindre l’éclairage de la salle et ouvrir le rideau. La longue couverture rouge se fendit en deux et se déroba avec quelques crissements vers les deux extrémités de la scène. La lumière s’alluma alors progressivement sur le plateau.
La scène minuscule apparut : le sol était en chêne foncé et des rideaux noirs tendus sur le mur du fond. Les décors étaient installés, se touchant les uns les autres, peints à la va-vite, construits en contreplaqué et en carton.
Darius pointa du doigt le plateau fièrement :
 «Voilà donc, chers participants les lieux de l’action ! Voici l’enfer !! C’est ici que vit le Diable et que meurt la raison !
Voici, à ma gauche, le Palais du Prince et ses jardins. Juste à côté, vous découvrez la caserne militaire. Et voici, enfin, côté cour, le territoire du Peuple, avec ses maisons en ruine et sa prison. C’est tout ! C’est presque un huis clos. Je n’ai pas jugé nécessaire d’alourdir la scène par d’autres éléments. C’est là il me semble l’environnement essentiel qui subsiste quel que soit le titre du tyran et quel que soit son nom.  
« Regardez bien, ces décors, et ces costumes posés au fond, grâce auxquels se joueront des drames terrifiants ! J’espère qu’ils vous interpellent car dans peu de temps ils vous accueilleront. » Ils leur sourit et reprit sa marche incessante de long en large.
« Comprenez bien, chers postulants que ce je vous offre là, c’est une porte de salut !  Finies pour vous désormais les auditions sans lendemain ! Oh, nous le savons tous, la vie d’artiste n’est pas facile. Elle est jonchée d’illusion et de fausse espérance.
Depuis combien de temps n’avez-vous pas  travaillé ? Qui connaît votre nom ? Qu’avez-vous joué cette année ? Rien !! Comme bon nombre d’acteurs sur Paris !! Moi, Je vous propose dès aujourd’hui la renaissance ! Je vous l’assure l’argent va tomber ! Ce sera un triomphe ! Je vous promets la gloire et la fortune, la  reconnaissance, voire même des décorations ! Mais pour cela,  il faudra savoir me plaire et  être sincère dans votre implication ! » 
«D’ailleurs préparez-vous dès maintenant à entrer en action !»
Il frappa des mains comme un chef pour faire défiler les concurrents.
« Allez levez-vous maintenant ! Venez me montrer lesquels parmi vous trouveront grâce à mes yeux et auront la chance de jouer dans ces lieux ! Il me faut :

 « Un Prince tyrannique ! »
« Des ministres soumis ! »
« Des employés dociles ! »
« Des soldats dans les  rangs ! »
« Des geôliers efficaces ! »
« Et bien sûr, pour terminer, un  Peuple sans espoir, composé d’affamés et d’opprimés sans nom. »
En quelques mots, en quelques pas, les candidats, montés sur scène, se dévoilaient. Choisi selon son allure, son assurance, son émoi, chacun  recevait le rôle qui lui correspondait. L’armée engageait les plus athlétiques, les plus vieux travailleraient pour le palais. Les plus chétifs partaient directement  dans le camp des opprimés tandis que quelques chanceux  devenaient leur geôliers.
« Je ne peux pas prendre tout le monde malheureusement », précisa t-il. Le théâtre est trop petit mais quand le succès sera là et que notre aventure deviendra un succès planétaire, j’embaucherai tout le monde sans exception !!! »
Les sélectionnés souriaient de bonheur. « Un don du ciel ! » Disaient certains. Les recalés du moment faisaient la mou et quittaient le théâtre, grognons.
Darius dit aux élus : « Ah ! Croyez-moi, nous allons concevoir ensemble un monument légendaire, une œuvre historique dont on parlera encore dans mille ans !

  • Compte sur nous Darius, nous te suivrons ! disaient les jeunots.
  • Oui, n’ai aucune crainte, nous ne te décevrons pas ! rajoutaient les plus âgés.
  • Oui, oui ! assuraient-ils tous. Nous serons aussi bon que tu le seras ! 

Ces propos agréables rassurèrent Darius sur ses choix. Il leur sourit en se frottant les mains et les laissa découvrir le lieu qui devait changer leur destin.
Tous les rôles étaient désormais pourvus sauf un. Darius n’avait en effet, à midi, toujours pas de comédien pour incarner Satan. Le maître de l’enfer n’était toujours pas nommé. Il n’y avait eu ce matin personne qui soit à la hauteur de ses espérances. Il lui fallait un homme de caractère avec un physique impressionnant, charismatique et fascinant.
« Il y a forcément à Paris, un grand homme, un maître, un génie, digne de porter mes grandes ambitions... » Se disait-il.

« Je rêve d’un être majestueux !
Qu’il est de l’allure, du magnétisme, de la force et de l’aplomb !
 Attirant l’attention, suscitant l’admiration, inspirant la Passion !
Il existe forcément quelque part un tribun de talent qui n’attend plus que moi pour lui tendre la main !! ». Et il baisait ses deux mains jointes comme s’il priait on ne sait quel saint. L’espoir était son meilleur allié. Il suffisait d’attendre sans doute. Par chance, il lui restait encore l’après-midi pour trouver la perle immonde qu’il rêvait de glorifier.

 

 

2ème Partie

A ces mots un homme entra dans le théâtre ;  le corps joliment enveloppé, soixantenaire au teint blanc, l’œil vert, le cheveu, autrefois châtain mais toujours ondulant et des épaules d’athlètes : un gabarit de géant. Il s’approcha avec nonchalance de la scène éclairée.
Comédien secret qui n’avait croisé ni la gloire ni les scandales en près de quarante ans de métier, l’homme, pourtant imposant , était passé de théâtres en théâtres dans l’indifférence total du public et des médias. Sans s’en offenser : le métier de comédien l’avait fait vivre correctement durant de longues années. Mais depuis quelques années cependant, les rôles se raréfiaient. Les difficultés du métier, les crises économiques l’avaient touché lui aussi et la misère commençait de plus en plus à l’engouffrer. Mais avec la rage des vainqueurs, il se battait, bec et ongles, pour ne pas sombrer.
Bien que fatigué et mal rasé, il avait gardé la beauté de sa jeunesse et y avait rajouté comme un bonheur les rides de l’expérience. Les marques de la vie s’étaient joliment installées : il avait dû autrefois être heureux et gâté. Malgré son âge et les circonstances, on  ne sentait pas d’amertume dans le coin de son œil  et il savait être jovial en toute sincérité.

Darius et Anne regardèrent ensemble l’homme entrer dans la salle, l’observèrent attentivement, le scrutèrent longuement et chuchotèrent tour à tour :
 

  • Ah, la belle bête ! 
  • Une allure de fauve !
  • Une carrure de lion !
  • Un regard qui plombe !
  • Un merveilleux Démon ! 

Ils se regardèrent avec des yeux troublés. Tout deux ressentirent une émotion intense de bonheur en voyant cet homme sans nom. Mais leurs troubles n’étaient pas identiques. Et Darius n’était pas homme à cacher plus longtemps ses émotions.
« Le voilà, le voilà. Je suis sûr que c’est lui !! »Cria Darius tout chancelant.
« Je le crois tout autant ! » dit Anne avec douceur, l’œil émerveillé par un homme si séduisant.
Puis Darius  parla directement à l’inconnu :
« Ah, vous voilà enfin ! Je commençais à m’inquiéter ! Depuis ce matin je vous attends !! Qui êtes-vous donc ? »

  • Je suis Théo Ludes. Je suis comédien et je cherche un rôle. J’ai appris que vous recrutiez, auriez-vous quelque chose à me proposer ?
  • La chance est avec vous ! Vous êtes celui qu’il me faut !

Oui ! Théo Ludes, vous êtes mon sauveur !
Je ferais donc de vous avec plaisir le plus grand des héros !!!

Le grand homme sourit timidement de cet accueil si chaleureux. Il connaissait vaguement la mauvaise réputation de Pallas mais il était dans une situation de détresse financière telle qu’il était tenté par toute offre. « Et puis, après tout les hommes peuvent faire des erreurs, se racheter et être pardonnés » pensait sa nature profonde.

Darius, tout heureux, de cette rencontre providentielle lui assura :

  •  Oh, Théo Ludes, vous êtes le Mal idéal !  Le Maître que je ne cesse de  chercher !
  • Votre Maître  ?! Vous cherchez quelqu’un pour vous dominer ? dit Théo quelque peu amusé.
  • Oui ! Oui ! Vous m’inspirez ! Dit Darius qui riant le mena sur la scène découvrir le décor.

Venez, je vais vous expliquer. Entrez sur vos terres ! Visitez les ! Ce sont les vôtres désormais. Vous y ferez ce que bon vous semble. Je vous donne le pouvoir illégitime que le Peuple veut vous reprendre ! Il ne rêve que de révoltes et  de revanche !
Mais, vous Prince, tenez bon ! Croyez en votre rôle ! Exagérez-le ! Mettez tout votre coeur à organiser le malheur !  
Montrez-leur votre puissance et à  moi votre éloquence ! 
Ah, ah, ah ! Joli Démon, je vous veux !
Ah, Ah, Ah ! Théo Ludes, Je vous sens bien !  Le rôle vous revient !  
La porte de mon théâtre vous est grande ouverte !                                               
Votre destin sera désormais lié au mien !! Vous êtes  engagé !
Et, il lui tapa sur le dos comme si c’était un vieux camarade.
Mais, Théo s’étonna de tel propos et fronça les sourcils :

  • Vous me proposez le rôle d’un dictateur ?! Je ne suis pas vraiment sûr d’être à la hauteur.
  • Si, si ! Vous êtes ce qu’il me faut ! Insista Darius.
  • Ai-je donc à ce point une tête d’anti-héros ?! Dit Théo  malgré tout amusé.
  • Oh ! Non ! Vous êtes tellement beau ! Dit le metteur en scène les yeux illuminés.

Le comédien ne savait pas dans quel sens allait cette remarque, il s’arrêta un temps dessus puis il précisa :

  • Soyons clair, je n’ai rien d’un tortionnaire ! Je n’ai aucun désir de pouvoir et n’ai jamais causé le moindre tourment ! Je n’ai aucune haine envers aucun humain ! Je ne peux donc de la sorte  accepter un rôle si éloigné de moi et qui  m’indispose en tous points !!

Darius s’approcha alors de Théo et lui mit la main sur l’épaule pour le rassurer :

  • N’ayez aucune honte ni aucune crainte, cher monsieur Ludes… Un comédien de talent doit savoir jouer n’importe quel personnage, qu’il soit bon, qu’il soit méchant !!
  • Mais enfin ! Dit le comédien. Monter sur scène est un engagement !
  • Ouvrez donc votre esprit !! Moi, je vous propose une vision nouvelle et originale  que personne n’a jamais osé  proposer !

Mais, écoutez plutôt ce que je voudrais démontrer :

« Les tyrans  ont une raison d’être  !!!
Ils ont un rôle fondamental à jouer sur terre ! Bien plus que vous et moi, j’en suis persuadé ! C’est ce qui me pousse malgré moi à les admirer !
Reconnaissez-le vous-mêmes, chaque pays a dans ses archives un  tyran local, un fils errant : l’enfant terrible de la nation ! Et pourtant, malgré leurs méfaits, ces pirates du pouvoir incarnent tous une étape historique de leur région.
Comme si la tyrannie était un moment crucial pour toutes les sociétés !
Avec des  constances et des variations, des originalités et des inventions…
Comme si les Peuples avaient tous besoin d’avoir de tels ascendants !
Comme si la sauvagerie était pour l’histoire de l’homme un passage obligé !
Oui ! Comme si les barbares avaient un rôle à jouer dans l’humanité :
celui de permettre aux peuples d’évoluer. 
Théo regarda Anne, l’assistante et prit un air dubitatif, mais Darius poursuivit :
« Oui, oui, je vous l’assure sans le savoir, sans le vouloir, les barbares participent à l’évolution des hommes.
« L’humanité n’évolue que quand elle y est contrainte !
Sans eux, beaucoup de sociétés n’auraient pas la même grandeur, ni le niveau de bonheur qu’elles ont  atteint aujourd’hui. Car plus ils agissent dans leurs actions, plus ils nourrissent la colère de leur peuple, plus les despotes permettent à ceux-ci de s’unir et de se souder.
C’est par l’union des colères que s’est construite, siècles après siècles, toute l’humanité !! C’est pourquoi, il faut savoir reconnaître aux tyrans leur part de responsabilité ! C’est pourquoi j’affirme que les tyrans méritent une certaine reconnaissance !!
Il leur sourit et s’alluma un nouveau cigare.
De plus, ne le niez pas, ils ont un je ne sais quoi qui les rend mémorables !!
Une force ! Une énergie ! Un charme que le commun des mortels n’a pas.
Voyez donc comme ils savent marquer l’histoire mondiale par leur talent terrifiant ! Quelle virilité !!
C’est pour cette raison qu’ils savent subjuguer même ceux qui ne partagent pas leurs idées ! Oui ! Parce qu’ils osent franchir les zones de l’inhumanité, les tyrans envoûtent l’espèce humaine ! ! N’est-ce pas  épatant ?! Hi ! Hi ! Hi !
Théo choqué par de tels ricanements, lui dit presque criant :

  • C’est  une honte de l’approuver et un scandale de l’applaudir ! 

Ce à quoi Darius rétorqua effrontément :

  • Mais, je suis libre  de le croire et libre de le dire ! Hé, hé !

Puis, sans se démonter, il lui tapota l’épaule pour l’encourager.
Croyez en moi, Théo Ludes et votre carrière en sera relancée.
 Je le sens ! Je le ressens ! Je le pressens ! Ha ! Ha ! Ha !!
 Je vous le prédis ! Je vous le garantis ! Grâce à ma vision votre nom deviendra célèbre dans le monde entier.
Vous, Théo Ludes, serez le Mal  incarné ! Ha ! Ha ! Ha !! Nous ferons ensemble de grandes choses !
J’en suis sur. C’est là notre destinée. Vous en doutez ?! N’en doutez pas !!
Le Diable attire les foules. Un jour vous m’en remercierez !

Mais Théo refusa cette accolade familière et repoussant ses épaules de cet artiste maudit, il ne cacha plus sa colère montante :

  • Ainsi donc vous persistez dans vos provocations stériles ?! La scène n’est donc pour vous qu’un lieu pour la polémique !!

N’est-il pas temps pour vous de montrer autre chose que votre mauvais esprit ?! N’y a-t-il donc dans votre tête qu’indifférence, aveuglement ou mépris ?! Mais quelle vision avez-vous donc des êtres meurtris, des individus sans droit, des esclaves asservis, de tous ces humains qui à travers le monde ne sont pas  respectés et dont les dirigeants en oublient même la vie ? Ne pensez-vous pas qu’il faille en parler ? Ou croyez vous que tous ces peuples vaillent bien moins qu’un dirigeant insensé ?
Et Darius, insensé lui-même répondit sans honte ni remord face à celui qu’il voulait pour ami :

  • Bien sûr, nous en parlerons ! Par la même occasion ! La souffrance est partout dans une tyrannie car aucun individu n’est né pour être soumis !

Mais attention ! Nous ne pouvons pas tout présenter ! Cher monsieur Ludes, vous êtes un homme de spectacle ! Vous connaissez comme moi ce qu’est l’art de montrer !  La mise en scène a des exigences que même la douleur des peuples ne saurait abroger !! Toutes les épreuves, toutes les douleurs ne se valent pas ! Il faut savoir les sélectionner car, vous le savez comme moi, elles n’ont pas toutes le même effet sur l’auditoire.
La mort effraie, la solitude ennuie et la détresse dérange. Le public n’est pas très demandeur de toutes ces choses-là ! Elles n’ont rien d’esthétique. Elles ne font naître chez les spectateurs que de la gêne, de l’embarras et  de la confusion. Il faut offrir au  public du lyrisme et de la poésie !! »
Oui, vraiment, il faut faire attention ! 
Et il tira une grande bouffée sur son cigare pour accompagner son absence d’émotion. Puis il sourit.
 « Fort heureusement, le despotisme pullule d’évènements mémorables où il est possible de faire l’éloge de moments vraiment grisants, d’instants véritablement exaltants ! Ces grands moments intenses  qui vous donnent des frissons pleins d’éclats, vous ne les trouverez que dans les luttes et les combats !
Là, on y voit de belles scènes d’héroïsme, de bravoure et de sacrifice ! Et malgré le sang et les chairs en lambeaux, c’est dans ces instants que les hommes se dévoilent vraiment et offrent les élans de vie  les plus beaux!
Vous découvrez lors de ces luttes naîtrent les sentiments les plus nobles qui soient : le courage, la résistance, l’audace, la ténacité, la ruse et tant d’autres qualités que j’oublie de citer !! Tant de magie où s’affirme  l’humanisme et se transcende l’humanité !!
Il lui sourit à pleines dents.
« Reconnaissez-le, ces moments de batailles donnent du rythme et du suspens à un spectacle bien construit !! Oh, vous le savez comme moi : pour enivrer un théâtre tout entier rien ne vaut l’allégresse de l’adversité !!
Et il tendait  les bras comme pour fêter une grande victoire.
Oh, oui ! Pourquoi le taire ? Les luttes contre la dictature sont d’une grande beauté ! Avec leurs chants entraînants, leurs hymnes à la vie et à la liberté ! Qu’elles aboutissent ou non. Là n’est pas la question ! Quelles que soient leurs issues, le public en a toujours plein la vue ! Quelque soit la fin, le public a satisfait sa faim !! Ha ! Ha ! Ha »

 

Théo ferma les yeux de honte. Sa bouche se tordit, et marmonna « Mais qui est donc ce bouffon ?! » « Qui est donc ce bouffon ?! »  Mais Darius, frappant dans ses mains pour s’applaudir lui-même, jeta d’un coup sec la fumée de son cigare pour montrer sa satisfaction.
Oh, Oui ! Quelle idée de génie ! Tyrannie et souffrance en un seul spectacle réunies pour peindre la soif de liberté et la passion des hommes pour la démocratie !
Théo médusé lui dit alors sur un ton agressif :

  • Vous n’avez pas la moindre qualité !

Vous ne dénoncez rien !! Vous ne vous révoltez contre rien !! Qu’apportez-vous donc au monde ? Quel est l’objectif d’un tel projet ? Dire à ces sauvages que leurs actions sont bénéfiques ?!  Que sans eux  l’humanité n’a pas d’horizon ?!

Mais Darius ne le releva pas, enivré de s’écouter lui-même, il annonça à la troupe :

  • Venez vite, le Prince  est là ! 

La troupe sortit alors des loges, vêtue de son costume de scène, en uniformes ou en haillons et se rassembla alors autour de Théo. Les comédiens le regardèrent avec soulagement :

  • Ah ! Voici donc notre chef, notre persécuteur ! Quel bonheur ! Les répétitions vont enfin pouvoir  commencer !

Darius dit en souriant à la troupe :

  • Oui ! Théo Ludes sera désormais votre tyran. Méfiez-vous car il aime le sang ! Ah, Ah, ah !

Mais Théo ne riait pas autant. Il ne disait rien mais pensait « Quel bouffon ! Quel bouffon ! ». Anne n’en pensait pas moins. Mais Darius, sans en tenir compte, lui dit :

« Voici votre Peuple ! Voici l’objet  de votre despotisme ! Ils seront bientôt tous contraints de vous subir ou de s’aguerrir, condamnés à vous respecter ou à lutter.
Ils devront être forts car il n’y aura personne  pour les aider ! Hé, hé, hé !

Allez –y criez, hurlez sans pitié !  Le Peuple est à votre merci !
Allez ! Jouez le jeu et nous vivrons ensemble la plus belle des tragédies !! Ha, ha, ha !

Et il tourna sur lui-même heureux. Puis il rapprocha toute la troupe au milieu de la scène et leur parlant droit dans les yeux, il affirma :

« Oh, toi ! « La troupe de l’Espoir »,
Je te l’assure les spectateurs n’en reviendront pas :
Nous allons tous  les émouvoir,  tous les impressionner !
Je peux tous les secouer ! Tous les provoquer !!
Je vous ferais vivre des épreuves qu’ils n’ont jamais imaginées !
 Vous leur parlerez de frayeurs qu’ils ont oubliées !
 Je leur montrerai des angoisses qu’ils voudront éviter !
Votre résistance saura t-elle les séduire ?
Vos rébellions leur apporteront-elles du plaisir ?
Ah ! Je réussirais à leur sortir des larmes et à les faire réagir sur plus de mille ans d’animosité !!
Il nous suffit juste de quelques mois de représentations, et vous verrez, que le public viendra de partout. Alors, las de voir le Diable s’amuser face à eux, ils se lèveront peut-être ! Peut-être même monteront-ils sur la scène et agissant tous ensemble, tous unis vers le même rêve, ils détruiront avec la même passion les Ténèbres ainsi que son Dieu ! Hi ! Hi ! Hi ! » Oui, je le sens déjà,  ils se tiendront main dans la main pour faire brûler l’Enfer et voir Lucifer mourir à petit feu ! » Hé ! Hé ! Hé ! 
Soir après soir, les Français seront côte à côte, éveillés pour le même désir de révolution !! Progressivement vous verrez, notre spectacle réveillera chez le peuple de France le fougueux désir de sauver l’Humanité !
« Ah, ah, ah, » riait- il comme un fou : « Je suis le meilleur pour parler d’elle !
Je la connais sous toutes les coutures. Les hommes ne peuvent rien me cacher.  Je suis né pour les aider !! 
Patientons encore quelques temps et tous ces pauvres candidats à l’élection présidentielle ne seront plus rien face à moi. Ah, ah, ah ! »
Bah ! Acceptons d’entrer dans l’Histoire puisque c’est notre destinée !! Dit un jeune comédien.
« Quelle jolie utopie que voilà ! Ah, ah, ah !  Riait Darius comme un fou. Il disait ces mots en écarquillant les paupières, et montrant ses yeux terrifiquement rieurs et globuleux. Il levait les mains en l’air entraîné par la passion.
« Ah, moussaillons ! Nous voici désormais dans le même bateau ! Je serais pour vous un digne capitaine. Ah, je vous hisserai au-dessus des flots ! »
Les comédiens regardaient Darius l’air impressionné. Mais Anne ne l’était pas autant. Et Théo pas davantage.
« Darius, serais-tu l’un des plus grand génie de notre temps ?! Marqueras-tu ton époque comme le font les tyrans ?! Dit Théo d’un air exténué.
Mais Darius n’eut pas à répondre car un comédien prit soudainement la parole.

  • Bienvenue parmi nous, Théo Ludes,  toi qui es choisi pour être notre bourreau ! Ne t’offusque pas de son talent provocateur : il est sans danger. Mais il nous sera salutaire à tous car  grâce à lui notre vie va changer.
  • C’est un homme fabuleux ! rajouta un autre.
  • Un artiste bourré d’idées ! continua le suivant.
  • Un homme si courageux !
  • Un philosophe !
  • Un missionnaire !
  • Ne t’oppose pas à lui ! Ne sois pas choqué par ses concepts. Et fais de cette occasion, une chance pour nous tous de sortir de la  galère et de vivre de ce métier. » Termina celui qui avait commencé.
  • Il y a peu de chance, Dit Théo Ludes. Je n’ai pas la carrure qu’il vous faut ! Je me retire ! Je ne vous apporterais rien. Je préfère même partir dès maintenant.
  • Vous partez ?! Dit Darius. Mais vous avez le rôle ! Vous devez rester !
  • Non, vraiment ! Je vous assure que je ne désire pour rien au monde collaborer avec un homme de si peu de qualité ! répondit Théo.
  • Si ce n’est pour vous, faîtes-le pour nous ! » dit un jeune acteur.
  •  Non !! Cet homme n’est qu’un bouffon, il n’y a pas d’autre nom !! »
  • Oh, Théo, si vous partez, emportez avec vous les clefs de la Principauté, elles vous donneront peut-être le goût de gouverner ! Dit Anne, en cachette, apeurée de ne pas pouvoir revoir cet homme qui lui inspirait tant de bonté. Ils se sourirent. Elle lui tendit alors les énormes clefs dorées qui ouvraient les portes de l’Enfer. Théo par faiblesse les saisit. Puis il se tourna vers la troupe.
  • Au revoir ! dit-il l’air désabusé, clefs en main, laissez-moi donc réfléchir. Je vous donnerai ma réponse demain ! Il faut vraiment être sans le sou pour travailler pour ce vaurien ! 

La nuit porte conseil dit-on, alors elle m’aidera ! J’en ai besoin !!!

  • Grrrr !!Fit darius. Partez ! Partez ! Mais ne revenez jamais puisque le courage vous manque pour illuminer notre destin ! Puisque vous êtes incapable de vous sacrifier pour le bien commun ! Dit Darius vexé.

 

 

3ème Partie

Théo sortit du théâtre, l’air déçu. Il avait misé tant d’espoir sur cette audition qu’il sortait amer qu’elle lui apporte tant d’afflictions.
« Encenser la tyrannie comme remède à la souffrance !
Quelle oeuvre inutile ! Ce minable est fou ! Je ne peux pas y retourner ! »
Et, c’est le cœur en pleurs, les épaules basses et la gorge nouée qu’il quitta l’impasse et traversa la nuit sombre à peine éclairée par les réverbères pour prendre le métro dans un silence de condamné.
Quel choix fallait-il donc faire ? Certes, il rêvait d’un retour sur  scène mais cela valait-il ce prix là ? Vendre son âme à l’avocat du diable pour devenir Satan lui-même ! Lui, Théo Ludes, choisi pour être mécréant ! Etait-ce donc là son destin ?
« Seule la misère me  pousse à ce déclin…car c’est  malheureusement la seule proposition qui me soit faîte depuis longtemps. Que choisir entre jouer un rôle infamant qui calera ma faim et garder un esprit propre mais sans lendemain ? »
« Ah ! Quelle vie terrible que la vie de comédien ! »

Le métro s’arrêta pour le déposer sur le quai. Il monta avec hâte les marches, se retrouva à nouveau dans la nuit noire et en quelques pas énergiques grimpa la colline qu’il le menait jusque chez lui. Il habitait à Montmartre dans un grand loft qu’il s’était acheté lorsque sa vie était plus fastueuse. Il mesurait, quand il était vide, plus de cent cinquante mètres carré désormais réduits par l’entassement de vieilleries et l’absence totale d’organisation. Il avait été agencé à l’époque avec originalité, mais aujourd’hui, il se délabrait lentement. La misère ne s’y cachait pas. On y sentait quelques odeurs surannées, on y voyait des traces d’humidité, et quelques toiles que les araignées sans complexe se tissaient la nuit. Tandis que dans quelques endroits des vitres brisées étaient restées en l’état, ailleurs les fuites de pluies traversaient le plafond. Le toit avait lutté contre tant de tempêtes qu’à certains endroits, il avait cédé pour de bon. Théo entendait ainsi chanter la pluie aux gouttes voluptueuses quand les orages d’automne  rugissaient. Les chats de gouttière du quartier rentraient parfois, eux aussi, sans la moindre gêne, par quelque entrée que Théo n’avait toujours pas découverte. Sur certains murs, les pierres, tremblantes, étaient prêtes à  se renverser et percer les lattes du plancher qui avait, lui aussi, perdu de sa superbe. La poussière s’exposait sans honte, un peu partout sur le mobilier quelque peu chancelant sous le poids des années. Il avait à peine vingt ans quand il était venu s’y installer en tant que locataire puis, qu’il réussi à acquérir quelques années plus tard.
S’agglutinaient donc dans cet intérieur vétuste, quarante ans d’existence et de passions : il y avaient des bibliothèques pleines adossées aux murs encore solides, des œuvres de maître poussiéreuses qui trônaient dans les coins et des souvenirs personnels jaunis qui s’affichaient partout. Des photos d’amis, d’amours, d’enfants. Après vingt-cinq ans d’un mariage heureux, et trois enfants devenus grands, il vivait son veuvage silencieusement. C’est pourquoi, il avait parsemé les murs de son territoire de gens qui l’avaient accompagné dans sa vie. Et même s’il était seul à présent, comme en retraite, ils baignaient tous dans son esprit. La demeure bien que dégradé n’était pas  devenu amnésique : elle l’avait vu devenir un homme et connaissait tout de lui.

Il aimait les fleurs et les plantes pour lesquelles il avait réservé un espace aéré. Il avait la main verte, et par chance celle-ci n’avait pas terni. Aussi dans certain endroit, ça sentait bon la vie. L’air y était léger, attendri par la saveur des pétales et parfumé par les fruits.
Dans d’autres endroits, la musique y avait laissé des traces. Musicien depuis l’enfance, Théo avait gardé le piano de sa jeunesse et le saxophone de ses beaux jours. C’est pourquoi les notes, depuis longtemps, volaient librement dans la maison, s’accrochant parfois aux portes ou se balançant aux ampoules du plafond. Ailleurs, s’exaltait une autre de ses occupations : il s’était aménager, au fond de l’appartement un atelier pour créer sans bruit et en toute sécurité : sculpteur sur bois, il avait une prédilection pour les bois échauffés qui donnaient à ses œuvres, une fois vernies, de merveilleux éclats. 
C’était un homme sympathique qui savait vivre tout en restant droit. D’une culture immense et d’une intelligence supérieure, cet homme-là s’intéressait à tout ce que le monde offrait et finalement, malgré son indigence réelle, il ne lui manquait de presque rien. Il n’était pas au meilleur de sa forme, mais pour lui ce n’était pas encore la fin. 

Mais aujourd’hui, cependant, la foudre, s’était abattu sur lui et il fallait bien la supporter. Darius Pallas voulait l’embaucher !! Alors, il but quelques verres de vin pour se motiver. Demain viendrait vite, il fallait se préparer. Il fallait se convaincre, au moins essayer.

« Ah, Darius Pallas, vais-je finir par me plier à vos vœux ? Est-ce donc avec vous que finira ma carrière ? Puisque pour l’instant il n’y a pas d’autre espoir pour moi je suis contraint de me forcer un temps à jouer le jeu. Excès, aberrations et mauvaise foi me permettront, peut-être, d’être à la hauteur de ce personnage là ! »
Il se plaça debout face à la glace de sa salle de bain et bomba le torse exagérément, leva la tête et vociférera comme un dément. « Grrrr ! Grrrr ! » Fit-il comme un animal en montrant sauvagement ses dents.  Il se regarda inquiet. Ses vilaines grimaces détruisaient sa douceur et ses yeux habituellement porteurs du vert de l’espoir devenaient kaki avec des reflets noirs.
 « Voilà donc à quoi je ressemblerais si j’étais vraiment Satan !! » Dit-il apeuré.

Il s’arma alors d’un sourire machiavélique, puis,  il se lança :
« Bonsoir mon bon  Miroir, j’espère que mon portrait te plaît ce soir ! »

« Miroir, mon doux miroir !
Dis-moi, s’il y a sur cette terre,
 Un tyran plus beau que moi ! »

« Non, vieux fou !
 De tous les hommes, tu es le plus laid qui soit ! »

« Ha, ha, ha ! »
Ricana Théo avec une voix de miroir magique.
Puis il se regarda dans la glace de plein pieds en s’admirant :

« Le Prince a tous les droits car il aime ça !
Ha, ha, ha !!!

Ah, Quel plaisir d’être tyran !
Que j’aime la mort ! La haine et l’acharnement !

Oui ! C’est dans le crime que je trouve mon utilité !
Il n’y a pas de plus grand plaisir
Que de dominer, broyer, anéantir !

Oui ! J’aime être diabolique,
Criminel, dangereux et obsédé,
C’est pour cela que je suis né !

Conflits,  attaques et rivalités,
A chaque fois le plaisir augmente,
Et j’en redemande encore et encore !
Comme un enfant gâté !

On n’échappe pas à son destin,
Et celui-là me convient !
Il est à ma hauteur,
A la mesure de ma grandeur !

Oh ! Je m’aime tant !
Puisse mon Peuple en faire autant !
Et que les Ténèbres bouillonnantes
Me Restent douces  pour l’éternité ! »

Théo prenait des poses grotesques qu’il ne maîtrisait pas, déclamant son texte avec outrance et sans conviction.
« Alors, Darius, êtes-vous satisfait ? Demandait-il. « Suis-je assez laid dans mes méfaits ? »
« A quoi suis-je réduit pour de pitoyables raisons ! » pensa t-il avec pitié. 

Il soupira, fit un brin de toilette, retrouva ses douceurs naturelles puis quitta la salle de bain pour chercher quelque chose dans le frigo désespérément vide. Il  se contenta alors d’une soupe chaude et d’une pomme pour tout dîner. C’est donc le corps presque affamé qu’il rejoignit sa chambre à coucher.
Mais soudainement, il se souvint qu’il avait les clefs des portes de l’Enfer dans l’une de ses poches de manteau. Anne, la jolie assistante ne les lui avait-elle pas confiées :  
« Peut-être vous donneront-elles le goût de gouverner… »  ? Elle les lui avait tendu avec tant espérance.
Ces paroles encore résonnantes lui parurent si douces qu’il agrippa le trousseau doré et le regarda avec une certaine tendresse. « Le goût de gouverner… »  Répétait t-il séduit. Il mit alors les clefs délicatement dans la paume d’une de ses mains et de l’autre les caressa. Il était tout troublé par leur attrait, presque fasciné… Il souriait intrigué. « Je n’ai, pourtant, habituellement, aucun goût pour le pouvoir… A moins que ces clefs là aient le pouvoir magique de me dévoiler des forces cachées que je ne me connais pas ? »
« C’est vrai qu’elles sont belles avec leurs boucles dorées ! Elles brillent ! Elles scintillent ! Elles aguichent mon œil sensible, tandis que mon âme palpite de savoir qu’elle puisse être dévoilée ! Elles semblent même chanter quand on les agite ensemble. Ho ! Comme leur chant est beau ! Ooooh ! En les frottant les unes contre les autres, je les entends même parler ! Elles semblent raconter des histoires incroyables ! Elles connaissent sans doute des contrées inaccessibles, des pays mystérieux…où la vie y est facile, où j’y serais traité comme un roi ou un dieu ! Ha ! Ha ! Ha ! » C’était comme s’il rêvait. Il semblait voguer sur une mer d’étoiles. Il avait les yeux éblouis, le sourire aux lèvres et les paupières papillonnantes.
« Quel dommage, de ne pas  les comprendre ! De quoi parlent-elles ? Quel est leur dessein ? Quelles voies ouvrent-elles ?! Peut-être me guideront-elles vers des lieux où j’y serais heureux ?
Il leur parlait comme un enfant heureux qui passe ses commandes pour Noël. Son esprit laissait voguer les ailes de ses désirs, et faisait planer son coeur plein d’émotion.
« Ah, Grosses Demoiselles, si vous pouviez me trouver une nouvelle destinée autre que la misère et la solitude, j’accepterais d’être votre propriétaire pour ne plus vous quitter !!? »

Mais soudainement, Son visage se figea. Il sortit de ses rêveries.
« Oh, mais que dis-je ?!! » S’écria t-il alors avec un regard redevenu lucide. « Que m’arrive t-il donc ? J’admire la dorure de clefs nauséabondes !
Je jubile, je leurs souris, je les acclame !!
Auraient-elles donc le pouvoir de me faire faire ce que je blâme et condamne !
Oh ! Quel malheur que d’avoir caressé ces maudites choses ! Dit-il se sentant soudainement sale. Heureusement qu’elles ne sont pas réelles ! J’aurais trop de honte à les posséder !! »

Il frissonna en pensant au plaisir terrible qu’il venait d’éprouver et repoussa les diablesses scintillantes sur la table basse avec une sorte de terreur. Puis une fois en tenue de nuit, il prit son livre de chevet comme à l’accoutumée  mais anormalement épuisé, il se mit soudainement à bailler et préféra, par sagesse, ne pas lutter. Le sommeil l’attirait ailleurs, autant s’y laisser porter.
« Aaaah,  Juste quelques heures de repos pour reprendre des forces ! » se dit-il tandis que son ventre gargouillait de faim. « Nuit profonde sois généreuse et je serais nourri pour demain !»

 
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51 - Louison de Saint-Châsles (France) auteur du roman/author of the novel "Et il fit ce que le monde rêvait tout bas... "

 

 

Le champion du monde du 14e Art (roman et nouvelle) est le représentant de l'art romanesque. Il sera opposé aux représentants des autres Arts pour la désignation du lauréat du GRAND PRIX LEONARDO DA VINCI 2008.

 
 

 

 

 
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