ÉLISEZ LE MEILLEUR POÈME DU MONDE (JUIN 2007)

Ce cul de N…
Auteur: ANGO-OBIANG Nadège (Gabon)


J’ai poli ma peau, repoussé mes cheveux
Et tanguant d’un rire à l’autre, j’ai tenu
Ce soleil, cette lumière n’a pas de feux
Que faire ? Femme Noire je sue
Par tous les trous sans aveux
A mon cœur trahit depuis le temps

J’ai songé en rêve, à redresser ce corps
Ce cortège qui est moi et me nargue
Quand je m’oublie à être ce que je suis
La neige me parle d’une langue retors
Qui heurte chaque jour ma barque
Quand je m’oublie à m’ébrouer dans ce lit

Cul, cul , cul  de …
Cul…Cul…Cul…de Nègre !!
Est-ce ma faute d’être amère ?
La trêve des mœurs est l’échafaud
Des espèces originales dont je dépend
Frères des astres, vous mes conscients…

J’ai dormi dans la neige, cette poudre d’eau
J’ai vomi dans la seine, cette fierté étrangère
J’ai fêlé l’hypocrite, cet insigne de traître
Parcourant les assemblés, je n’ai rien entendu

Et toi, frère, as-tu la bonne oreille ?
Je sais, frère, envers moi tu es sourd

A-t-on pu démasquer le gène de la semblance parfaite ?

Ma mère, si belle, si blonde
Reviendras- tu aussi tard me bercer ?
Ma mère, bel astre, si blonde
Les larmes de la méprise me trucident
Ma lune, si morte
Les fards de la réussite m’ont berné
Je suis un nègre

Ecoute

Hier encore, et pourtant
En partant sous la grêle j’ai failli
Sur un sentier fait de coupants
Qui m’ont laminé la chair par mépris
Levant les yeux, la tempête de neige
Me semblait si sombre, presque moi
Et sur le sol, c’est rouge sur blanc
Que je me réalise, pauvre de moi

Des mains de fourbes m’ont saisit
Des idées de lâches m’ont fait vivre
Le comble de la nudité parfaite
Et, de ma peau de cuivre
Ils ont vu mon ébène
Cernant ma fleur de fraise
Ils ont su ce qu’est moi
Et moi je ne veux plus que me montrer

Si la nuit s’éloigne, pour se taire
Si la nuit maintenant amie, me trahit
Un autre chemin à arpenter
De ma nouvelle demeure est interdit

Assise sur ce banc
Où disgrâce et habitude se résignent
Je compte les années
Retranchées et bannies derrière moi
Comme c’est facile d’arrêter d’exister
Mais que ferais-je sans spectateurs ?

Nue sur mon siège
La liberté m’a conquise
Le vice serait un amant
Mais que faire sans spectateur ?
Mon cul de Nègre
Cet ébène cachant le sang
Que faire de ma jouissance
Si portes closes et obscènes me sourit

Impudique face aux murs
Chair de nègre à vue et nue
Plaisirs bâtards mais délices
Quand mes peaux s’ouvrent à l’écran
Cul, cul, cul de nègre
Cul..cul..cul..Con de Nègre
L’injure est le coulis de ma revanche
Paisible, et sans armes
Ce cul, ce cul de Nègre
Frémis et se distend à chaque diffusion

Vos gueules, de lâches
Vos cris par impuissance
Vos rires par lassitude
Donnez-les moi, nappez-en
Ce cul, mon con de nègre
Qu’avec vous, et vos bassesses
Mes orgasmes, nouveaux, renaissent.

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